Le concours international Les Etoiles du piano à Roubaix monte en puissance. La 5e édition, présidée par Michel Béroff, a révélé notamment Andrei Leshkin et Nicolas Bourdoncle (1er et 2e prix), deux talents à suivre.

Les concours internationaux sont les passages obligés de tous les jeunes artistes qui veulent faire carrière. A côté des prestigieux concours Van Cliburn, Chopin ou Tchaïkovski, où furent révélés des stars comme Vladimir Ashkenazy, Daniil Trifonov ou Alexandre Kantorow, il existe une multitude d'autres manifestations, sans doute de moindre envergure, mais de grand intérêt. Créé en 2017, le concours les Etoiles du piano à Roubaix, s'est ainsi imposé comme un rendez-vous incontournable en France, attirant toute une nouvelle génération de pianistes internationaux en quête de reconnaissance en leur début de carrière. Comme le canadien Carter Johnson (1er prix Etoiles du piano 2023), finaliste cette année du prestigieux concours Van Cliburn, ou le français Rodolphe Menguy (également lauréat 2023) dont le dernier disque chez Mirare (« A travers le miroir ») a été salué par la critique

La 5e édition des Etoiles du piano, qui s'est tenue du 16 au 22 novembre à Roubaix, a rassemblé une trentaine de jeunes solistes (sur plus de 100 candidats), venus des plus grands écoles du monde : Julliard School de New York, Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Guildhall School de Londres ou encore CNSMD de Paris. Sous la présidence de Michel Béroff, un jury international composé de Jean-Philippe Collard, Claire Désert, Zlata Chochieva, Marie Kodama, Vladimir Soultanov, Konstantin Soukhovetski, Xiaohan Wang, a du départager ces multiples talents. A noter qu'une œuvre imposée, Etude Jazz, a été spécialement commandée au compositeur et organiste Thierry Escaich, signe de la montée en puissance de cette compétition.

Le niveau de cette année était en effet très haut, comme l'a montré la soirée de gala finale. A l'image de la délicate Sonate pour piano n°22 en fa majeur opus 54 de Ludwig Van Beethoven jouée en ouverture de concert par le Coréen GyuTae Ha. Celui-ci n'a obtenu « que » le 5e prix, mais possède déjà une impressionnante palette de nuances. Le Franco-ukrainien Adrian Herpe (4e prix) s'attaque ensuite à une virtuose transcription pour piano de L'oiseau de feu d'Igor Stravinski, toute en puissance. La Toccata opus 7 de Robert Schumann, interprétée par le coréen Taewoong Yoo (3e prix) est une belle mécanique, un peu froide.

Mais, la révélation vient surtout de Nicolas Bourdoncle (2e prix) avec l'impeccable Almeria d'Isaac Albeniz, extraite du deuxième Livre d'Iberia. Cet élève de Nelson Goerner et de Roger Muraro au CNSMD de Paris, possède un toucher d'exception qui fait merveille dans cette pièce aux multiples nuances.

Le premier prix des Etoiles du piano revient cette année au russe Andrei Leshkin qui a clôturé ce concert avec le Concerto pour piano n°2 opus 22 de Camille Saint-Saëns, accompagné par l'Orchestre de Picardie, sous la direction de David Niemann. Formé à l'Académie Gnessin à Moscou, Andréi Leshkin (26 ans) poursuit actuellement son master à la HEM de Genève-Neuchâtel avec Paul Coker et François Dumont. Son jeu est assuré, brillant et sait aussi bien se faire ironique que léger dans le spectaculaire concerto de Saint-Saëns. De l'introduction grave et majestueuse en forme d'hommage à Bach, jusqu'à l'ébouriffante tarentelle finale, l'oeuvre est un véritable tapis rouge déroulé pour tous les pianistes. Andrei Leshkin le dévale avec l'aplomb de sa jeunesse et de son incontestable talent dévoilé lors des tours préliminaires du concours. Ses interprétations nuancées de Scriabine, Ligeti, Stravinsky, Beethoven et Debussy ont convaincu le jury de lui remettre le premier prix.

Au-delà du palmarès, la force du concours Les Etoiles du piano réside dans son accompagnement qui se prolonge bien au-delà de la compétition. Dès l'année prochaine, les lauréats seront invités à se produire sur de nombreuses scènes telles que la Cité de la musique de Soissons, la Scala Paris, les Pianos Folies du Touquet, le Lille Piano(s) Festival ainsi que la Saline Royale. Un précieux coup de pouce qui garantit le succès et la crédibilité d'un concours qui a désormais toute sa place parmi les grands.