La Scène, Opéra, Opéras

Don Giovanni au Capitole, un mozartien en fosse

Plus de détails

Toulouse. Opéra national du Capitole. 23-XI-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Mise en scène : Agnès Jaoui. Décors : Eric Ruf. Costumes : Pierre-Jean Larroque. Lumières : Bertrand Coudere. Vidéo : Pierre Martin Oriol. Avec : Mikhail Timoshenko, Don Giovanni ; Kamil Ben Hsaïn Lachiri, Leporello ; Alix Le Saux, Donna Elvira ; Marianne Croux, Donna Anna ; Valentin Thill, Don Ottavio ; Francesca Pusceddu, Zerlina ; Timothée Varon, Masetto ; Adrien Mathonat, Il Commendatore. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Orchestre national du Capitole, direction : Riccardo Bisatti

Partager

Pas moins de cinq maisons d'opéra françaises se sont réunies pour proposer cette nouvelle production de Don Giovanni mise en scène par et dont la ville rose a la primeur.

A moins d'un mois avant la première, souffrant, le chef d'orchestre et directeur musical Tarmo Peltokoski déclarait forfait pour laisser place à un musicien de la même génération. Même si on ne doute pas des prédispositions du premier pour défendre cette célèbre partition de Mozart, reconnaissons que le plaisir est grand à la fin de la représentation, à la découverte de la vision musicale de . Avec un vrai sens théâtral pour modeler une progression dramatique des plus heureuses, le jeune chef de vingt-cinq ans ne manque certainement pas de caractère. Cela se dévoile dès les premières notes d'une Ouverture exemplaire, la tension dramatique jaillissant aux premiers instants, la direction affirmant ensuite au fil des actes un tempo vivace, vigoureux mais fluide, mené sans temps mort tout au long des périples amoureux du héros séducteur. La hauteur du chef sur l'estrade permet d'apprécier une gestuelle solide, précise et énergique, en faveur d'une musicalité fine et pleine de saveurs, même si parfois, l'équilibre avec le plateau n'est pas au rendez-vous. On regrettera toutefois un continuo assez commun et plat pour les récitatifs.

Le Théâtre du Capitole s'offre deux distributions aussi intéressantes l'une que l'autre. Pour cette représentation, campe un Don Giovanni attrayant, autant par un legato voluptueux pour amadouer ses multiples conquêtes que par des accents incisifs soulignant la détermination du personnage. Le costume signé Pierre-Jean Larroque soutient à merveille cette interprétation, la séduction de l'homme brillant de mille dorures. Son compère affirme un aspect comique de bon aloi, avec le Leporello au chant maîtrisé de , dont le jeu scénique est de surcroît des plus heureux. (Don Ottavio) donne aisément le change à ce duo complice, par une forte détermination (vocalises virevoltantes et ligne de chant impeccable), alors que (Masetto) se distingue par une vigueur sans pareille. Sous les traits du Commandeur, est des plus charismatiques, sa basse révélant une dureté et une froideur semblant venir tout droit des entrailles de la terre.

Du côté des voix féminines, (Donna Elvira) dépeint sans difficulté les différents émois de son héroïne, alors que (Donna Anna) est tout aussi intense avec son timbre puissant. joue une Zerlina exquise, mêlant avec entrain charme et naïveté.

Pour sa mise en scène, respecte avec facilité les contraintes imposées par la voix, l'actrice césarisée s'étant elle-même formée au chant lyrique. Cette quatrième mise en scène d'opéra manque pourtant de panache. Dans une Espagne du XVIIe siècle, les bâtisses d'Eric Ruf, dans une pénombre constante, éclairées par une simple pleine lune, auraient pu séduire par l'évolution des espaces grâce à des glissements de décors qui en imposent. Mais de ceux-ci, aucune utilisation n'est proposée dans la mise en scène, choisissant de maintenir avec constance les interprètes sur l'avant-scène du plateau. Les lumières multiplient les silhouettes des chanteurs à des moments choisis, mais aucune suprise ne jaillit, sinon l'apparition de Don Giovanni au banquet final, en chair et en os, après sa chute aux enfers, qui s'amuse de la situation.

Crédits photographiques : © Mirco Magliocca

(Visited 746 times, 2 visits today)
Partager

Plus de détails

Toulouse. Opéra national du Capitole. 23-XI-2025. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Don Giovanni, dramma giocoso en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Mise en scène : Agnès Jaoui. Décors : Eric Ruf. Costumes : Pierre-Jean Larroque. Lumières : Bertrand Coudere. Vidéo : Pierre Martin Oriol. Avec : Mikhail Timoshenko, Don Giovanni ; Kamil Ben Hsaïn Lachiri, Leporello ; Alix Le Saux, Donna Elvira ; Marianne Croux, Donna Anna ; Valentin Thill, Don Ottavio ; Francesca Pusceddu, Zerlina ; Timothée Varon, Masetto ; Adrien Mathonat, Il Commendatore. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Orchestre national du Capitole, direction : Riccardo Bisatti

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.