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Paris. Salle Pleyel. 14-II-2011. Gioacchino Rossini (1792-1868) : L’Italiana in Algeri, ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°24 en ut mineur K. 491 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°7 en la majeur op. 92. Leif Ove Andsnes, piano ; Orchestre royal du Concertgebouw, direction : Mariss Jansons

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Ce 14 février, la Salle Pleyel a connu la foule des grands soirs. Deux impérieux motifs à cette effervescence : au cœur d'une ample tournée européenne, l' faisait halte à Paris ; puis, la rare Symphonie n°7 de Bruckner était annoncée. Las, pour ce second motif, on déchanta : une autre «septième» (de Beethoven) fut jouée. Sans déprécier ce magistral opus beethovenien, rappelons que l'entendre à Paris est fréquent (ne serait-ce que la veille, au Théâtre des Champs-Élysées, par Tugan Sokhiev et le Mahler Chamber Orchestra). En fait, à une soirée impatiemment désirée, se substitua un concert prévisible et traditionnel.

Traditionnel car fut proposé le suranné découpage ouverture–concerto–pause–symphonie dont, croyait-on, le monde orchestral s'était affranchi. L'exceptionnel Royal Concertgebouw Orchestra of Amsterdam ne doit-il pas offrir d'autres propositions artistiques, telles des musiques d'aujourd'hui et des œuvres rares ? Traditionnel également en regardant les roboratives nomenclatures de cordes : de douze premiers violons à quatre contrebasses pour Rossini et Mozart ; et de quatorze premiers violons à six contrebasses pour la Symphonie n°7 de Beethoven. D'où des déséquilibres sonores qui seront nommés ci-après.

On le sait, est moins un chef de fosse qu'un musicien de concert. Aussi, sous sa baguette, l'écriture orchestrale de Rossini gagne-t-elle en clarté et intelligence ce qu'elle délaisse en théâtralité. Les solistes, chez les bois (le hautboïste et le piccoliste Vincent Cortvrindt), offrirent une confondante régalade.

Leif-Ove Andsnes et Mariss Janson jouent souvent ensemble. À écouter ce tandem dans le Concerto pour piano n°24 de Mozart, on se demande si leur socle artistique commun – une limpide élégance sonore et une préalable absence de pathos – soit uniment passionnant, tant leur discours musical et leurs atmosphères affectives sont prévisibles. Avec les tempi sages que Mariss Janson a calés, Leif-Ove Andsnes a offert de fascinants entrecroisements de lignes et a rappelé combien l'art contrapuntique de Mozart est accompli, tandis que la théâtralisation des ruptures harmoniques passa au second rang. Dans le mouvement médian, l'écriture discontinue – le piano soliste et des fragments incomplets de sérénades pour instruments à vent – a jailli comme rarement et fut le plus passionnant de cette interprétation.

Enfin, la Symphonie n°7 de Beethoven a rappelé que le Royal Concertgebouw Orchestra of Amsterdam est une machine somptueuse : les quatorze premiers violons sont aussi souples que s'ils étaient huit, la discipline collective des cordes est, à elle seule, un spectacle visuel, tandis que l'intonation est d'une rare finesse. On signalera toutefois combien cette masse de cordes combinée à des finesses organologiques (trompettes à palettes, timbales avec peaux) suscite de momentanés déséquilibres sonores (cuivres et bois assez souvent couverts, cordes graves manquant de fondamentales). Toutefois, pour une phalange qui, avec Haitink, Harnoncourt et Chailly, entra dans d'éblouissantes souplesses dont on ne croyait plus les gros orchestres capables, on a noté, ce soir-là, que le forte-piano et le sforzando-piano étaient identiques et que les dynamiques n'étaient plus aussi étanches et stratifiées qu'auparavant ; on s'est même demandé si cet orchestre était encore capable de cette violence expressive et de cette véhémence que Beethoven requiert si profondément. Assez traditionnellement, a sollicité la vaste palette dynamique de sa phalange, sans que jamais les couleurs sonores perdent de leur beauté et de leur densité timbrique (le Presto fut saisissant de précision et de bonheur sonore). Tout juste regrettera-t-on que le maestro n'ait pas révélé de quelle bois sa poétique se chauffe, ne serait-ce que dans l'hallucinée mélodie de timbre (une Klangfarbenmelodie avant la lettre schönbergienne) qui clôt l'Allegretto de la Symphonie n°7 de Beethoven.

Nos lecteurs doivent remettre les quelques réserves ici détaillées à leur juste place : écouter le Royal Concertgebouw Orchestra of Amsterdam laisse, en mémoire, d'inoubliables saveurs.

Crédit photographique : © Felix Brœde

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Paris. Salle Pleyel. 14-II-2011. Gioacchino Rossini (1792-1868) : L’Italiana in Algeri, ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°24 en ut mineur K. 491 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°7 en la majeur op. 92. Leif Ove Andsnes, piano ; Orchestre royal du Concertgebouw, direction : Mariss Jansons

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