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Soirée Webern par le Quatuor Debussy

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Grenoble. MC2. 13-XI-2004. Anton Webern (1883-1945) : Intégrale de l’œuvre pour quatuor à cordes. Quatuor Debussy.

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Dans le cadre de la « soirée Webern » de la MC2 de Grenoble était proposée l'intégrale de l'œuvre pour quatuor à cordes par le , sorte de mise en bouche au concert de l'Ensemble Intercontemporain dirigé par (lire deux articles les relatant à Grenoble et Dijon).

Bien qu' fasse partie de ces grands compositeurs souvent cités et étudiés, ses œuvres figurent finalement peu dans les programmations. Il n'était donc pas évident d'aborder ce concert sans informations préalables. Certainement conscient de cet écueil, Christophe Collette (violon) a débuté la soirée par quelques phrases de présentation : Le répertoire pour quatuor à cordes de Webern peut se diviser en deux périodes distinctes, les œuvres de jeunesse qui n'appartiennent pas au catalogue « officiel » et restent dans une esthétique très post-romantique, et les œuvres de maturité, dans lesquelles on retrouve la « signature » du compositeur (écriture sérielle, économie de moyen, recherches sur le timbre). Il est amusant de noter que le , plutôt que de présenter ces pièces dans l'ordre chronologique, a choisi de les « grouper par deux, pour éviter de lasser l'oreille par trop de post-romantisme » : la réaction naturelle de la plupart des auditeurs fut plutôt d'être soulagé par l'annonce d'œuvres de jeunesse permettant de se remettre d'une écriture plus difficile d'approche. N'y a-t-il pas de la part de Christophe Collette un brin de provocation ou de manipulationdans cette formulation ? Qu'elle fût sincère ou ironique, son intervention permit en tout cas au public de se sentir plus à son aise dans ce répertoire, mais également d'avoir une écoute plus active, parce que plus éclairée. Ces quelques mots de présentation ont permis de mieux comprendre chaque quatuor, et donc de mieux l'apprécier.

Comme promis, donc, le concert a débuté par une œuvre de jeunesse, le Quatuor « 1905 » M. 79, immédiatement suivi d'une œuvre de maturité, le Quatuor opus 28. Dans la première pièce, un grand lyrisme, une écriture tonale (bien que poussant par moments la tonalité dans ses derniers retranchements, faisant ainsi perdre à l'auditeur tous ses repères) sont mis en valeur par l'interprétation très sensible des Debussy. La seconde, en revanche, est caractérisée par de grands intervalles, des contrastes, des fragments d'une mélodie qui semble disloquée entre les quatre instruments. Une sorte de prisme sonore.

L'alternance entre deux esthétiques se poursuit avec, successivement, Langsamer Satz M. 78, Cinq Mouvements pour quatuor à cordes opus 5, Six Bagatelles pour quatuor à cordes opus 9 et enfin le Rondo M. 115. Les œuvres de jeunesse semblent utiliser toutes les ressources de l'écriture tonale pour créer une succession d'atmosphères différentes : bien que le compositeur manie les associations d'instruments et les thèmes d'une façon très « traditionnelle », on le sent déjà en recherche de sonorités et de climats plus novateurs. La pâte sonore est encore très dense, mais les accords parfaits qui concluent certaines pièces surprennent plus qu'ils ne rassurent tant l'écriture s'écarte des schémas romantiques. Les œuvres de maturité quant à elles semblent construites comme une sorte « d'éloge du silence » : chaque son est mis en valeur, épuré, comme s'il sortait du néant avant d'y retourner. Dans le plupart de ces pièces, on retrouve l'éternelle recherche sur le timbre de Webern : jeu avec sourdine, en pizzicato, sur le chevalet, tout cela est sans cesse exploité d'une manière différente, faisant sonner le quatuor à cordes d'une manière très riche.

Le met chaque aspect de l'écriture webernienne en valeur à travers une interprétation très dynamique, énergique, enthousiaste … Egalement une très grande finesse de jeu, une grande subtilité, une écoute et un respect des silences et des « micro-sons » fascinants : au-delà de la musicalité, de la sensibilité et de vigueur de leur jeu, on peut saluer la finesse de leur analyse de l'œuvre de Webern. Le public, enthousiaste, ne s'y est pas trompé.

Prochain concert du Quatuor Debussy dans la régiongrenobloise : mardi 18 janvier 2005 à Seyssins (38) : Mozart, Chostakovitch, Beethoven.

Crédit photographique : © DR

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