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Il turco in Italia par Bartoli et Raimondi

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Gioachino Rossini (1792 – 1868) : Il turco in Italia, Opera Buffa en deux actes d’après le livret de Felice Romani inspiré du drame de l’écrivain Caterino Mazzolà. Cecilia Bartoli, Donna Fiorilla ; Ruggero Raimondi, Selim ; Paolo Rumetz, Don Geronio ; Reinaldo Macias, Don Narciso ; Oliver Widmer, Prosdocimo ; Judith Schmid, Zaida ; Valery Tsarev, Albazar. Chœurs et Association Supernuméraire de l’Opéra de Zurich ; Chef de chœur : Ernst Raffelsberger. Orchestre de la Maison d’Opéra de Zurich ; Direction : Franz Welser-Möst. Décors et costumes : Tullio Pericoli. Lumières : Franz Orban et Gigi Saccomandi. Mise en scène : Cesare Lieve. Une production de Zurich Opera 2002 et Bernhard Fleischer. Réalisation : Thomas Grimm. 1 DVD Arthaus Musik NTSC 100369. Durée : 137’

 

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Le DVD procure un grand réconfort face à la frustration de ne pouvoir être régulièrement présent dans les plus grandes salles du Monde. Il nous permet de revivre les grands moments d'opéra comme ce Il Turco in Italia de Rossini auquel nous aurions tant voulu assister. Il n'est jamais aisé de réunir deux monstres sacrés tels que et sur la même scène. L'Opéra de  Zurich le fait en 2002 avec ces artistes de réputations internationales qui ont un planning rempli trois, voire quatre années à l'avance.

Si lors de sa création à la Scala de Milan en 1814 Il Turco in Italia fut boudé, mal compris et même simplement assimilé à L'Italiana in Algeri écrit l'année précédente, c'est mal comprendre Rossini. Cet opéra, aussi reconnu par Stendhal comme un chef-d'œuvre, s'inscrit dans la digne lignée des opéras bouffe de Mozart. Il nous propose une partition pleine de subtilité et de bonheur que seuls de grands artistes comme ceux proposés dans cette distribution sont capables de révéler. Redécouvert tardivement, dans les années 50 avec Maria Callas dans le rôle de Donna Fiorilla, cet opéra est précieux autant par la particularité de son livret que par la rareté des airs écrits pour les artistes.

Un poète en mal d'inspiration trouve l'appui de ses personnages imaginaires pour élaborer l'histoire qui les lie. C'est évidemment une histoire d'amour banale où les intrigues doivent inévitablement amener à une conclusion idéale. Les personnages lui suggèrent tour à tour une action, un nouveau protagoniste ou une nouvelle intrigue pour l'aider dans sa quête d'un scénario parfait, même le chef d'orchestre est sollicité et se prête volontiers au jeu. Ce poète farfelu manipule mais ne comprend pas tout ! Surtout lorsqu'il se fait justement rosser pour avoir osé mettre ses acteurs en péril par une sournoise pirouette à la fin du premier acte. Dans la mise en scène, le poète se dédouble : un jeune, qui participe à l'action, l'autre, vieux (et muet) qui se souvient et rédige. Curieusement, cette conception affadit le propos, ôtant le coté novateur et proprement pirandellien de l'intrigue. Tout ce mélange aboutit à un somptueux drame drolatique. Il nous montre Donna Fiorilla, une héroïne à la « Don Juan » qui veut à tout prix exister et se moque de tous, puis les déboires d'un pauvre mari trompé dans une histoire abracadabrante. Mais Don Geronio s'avère, en fin de compte, un homme aimable bien plus timide que stupide. Enfin, un fameux turc vient côtoyer lamentablement la séduction à l'italienne. C'est l'amant Don Narcisso qui en fera le plus les frais, coincé entre une femme volage et un mari que l'on ne peut quitter. Rossini nous offre des pages de chant superbes avec un feu d'artifice de duetti, terzetti, jusqu'au septeto final.

Nous resterons de manière épidermique éblouis par la première apparition de dans Non si dà follia maggiore et le superbe duo de Donna Fiorilla avec Don Geronio No, mia vita, mio tesoro du premier acte. Zaida est un peu sage pour une bohémienne, mais sa voix pure tient bien la réplique à la puissance et aux graves de Fiorilla surtout dans le Qui mia moglie ha da venire du final de l'acte I. , gêné à son entrée par un turban bien encombrant, saura nous garder en haleine à chaque apparition surtout dans le duetto superbe de l'acte II entre Selim et Geronio dans A proposito, amico. est tour à tour espiègle, coquine, touchante et tient d'une main de maître cette partition difficile. Elle la connaît évidemment par cœur pour l'avoir déjà gravé avec Riccardo Chailly en 1998. Le reste de la distribution ne se situe pas au même niveau que les deux vedettes, sans démériter toutefois. Les costumes, les décors, sont bien dans le « délire » du scénario. Un petit défaut subsiste entre le costume de Cecilia et la scène inclinée qui ne lui permet pas toujours d'être exubérante à souhait. La prise de son est excellente. La caméra ne se résigne pas à un plan fixe ou trop présent qui pourrait gêner les artistes. Le montage fait admirablement corps avec la mise en scène pour nous restituer grimaces, émotions, gestes quasi-invisibles qui font revivre le moment.

Ce DVD peut être offert à tout « opéraphile » rien que par les prestations de Cecilia Bartoli et . Le novice y trouvera aussi son compte tant l'intrigue en Vaudeville et la mise en scène à la commedia dell'arte invitent à vouloir aller plus loin dans sa connaissance de l'opéra. Bref, à se procurer au plus vite !

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Gioachino Rossini (1792 – 1868) : Il turco in Italia, Opera Buffa en deux actes d’après le livret de Felice Romani inspiré du drame de l’écrivain Caterino Mazzolà. Cecilia Bartoli, Donna Fiorilla ; Ruggero Raimondi, Selim ; Paolo Rumetz, Don Geronio ; Reinaldo Macias, Don Narciso ; Oliver Widmer, Prosdocimo ; Judith Schmid, Zaida ; Valery Tsarev, Albazar. Chœurs et Association Supernuméraire de l’Opéra de Zurich ; Chef de chœur : Ernst Raffelsberger. Orchestre de la Maison d’Opéra de Zurich ; Direction : Franz Welser-Möst. Décors et costumes : Tullio Pericoli. Lumières : Franz Orban et Gigi Saccomandi. Mise en scène : Cesare Lieve. Une production de Zurich Opera 2002 et Bernhard Fleischer. Réalisation : Thomas Grimm. 1 DVD Arthaus Musik NTSC 100369. Durée : 137’

 
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