Œuvres complètes pour clavier d’Alessandro Scarlatti
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Alessandro Scarlatti (1660-1725) ; œuvres complètes pour clavier ; Volume 1 : Toccatas ; Alexander Weimann, clavecin ; 1 CD Atma ACD2 2321. Enregistré dans l’église Saint-Alphonse-Rodriguès, Saint Alphonse (Québec) du 14 au 17 Octobre 2003. Livret en Français, allemand et anglais. Durée 65’84
Atma ClassiqueCe premier volume consacré à l'œuvre pour clavier d'Alessandro Scarlatti par le claveciniste Alexander Weimann rassemble dix Toccatas et les 29 variations sur la Follia, thème-ostinato fort prisé à l'époque baroque qu'Alessandro Scarlatti, à l'exemple de tous ses contemporains, explore avec la même frénésie ornementale. Mais qu'en est-il de la Toccata? Elle désigne, en Italie au début du XVIIe siècle, toute pièce écrite pour le clavier – elle dérive du verbe italien toccare qui signifie toucher – et deviendra, au temps de Scarlatti, l'équivalent de la Sonate pour cordes, subdivisée, comme elle, en différents mouvements librement agencés : allegro, fugue, menuet, gigue, corrente…
Plus connu pour les quelques centaines d'Opéras et Cantates fixant au début du XVIIIe siècle le style napolitain, Scarlatti père – contrairement à son fils Domenico – aborde la musique instrumentale à la fin de sa carrière ; et s'il reste toujours un doute quant au choix du clavier – orgue ou clavecin – pour l'interprétation de cette musique, Alexander Weimann, éminent claviériste allemand né en 1965 à Munich, opte ici pour le clavecin, un David Werbeloff de 2002 dont on peut apprécier l'homogénéité des registres et la lumineuse sonorité.
D'apparence très proche avec des alternances de séquences libres, presque improvisées et des allures fuguées, les diverses toccatas acquièrent cependant leur singularité par l'originalité de leurs couleurs, l'audace des tournures ornementales et le renouvellement du discours. Ainsi la toccata en sol mineur s'inscrit-elle dans la tradition du Lamento où les durezze – dissonances – expressives rappellent les maîtres du XVIIe siècle comme Frescobaldi. La Toccata en la mineur s'ouvre sur une page brillante irradiant une lumière éclatante où la virtuosité déployée avec une générosité toute italienne atteint à la jouissance sonore. Saluons ici le jeu perlé et l'aisance suprême de l'interprète – également adepte du piano-jazz – dans ces passages où la conduite du discours est toujours parfaitement contrôlée. Souvent redoutables, les fugues sont interprétées avec la même lisibilitéde la polyphonie et un sens de l'articulation qui met en valeur ces belles constructions sonores. Négligence ou caprice du compositeur, certaines pièces se terminent abruptement sans revenir à la tonalité d'origine. C'est le cas de la Follia qui aura par ailleurs illustré tout ce que l'invention peut faire naître à partir d'une seule grille harmonique : diminution rythmique, variétés métriques, jeux de volumes, colonnes harmoniques «pimentées» d'acciaccature, autant de facettes de l'écriture pour le clavier qu'Alexander Weimann aborde avec fougue jusqu'au cut final.
Sans abuser de la réverbération, l'enregistrement met en valeur les qualités sonores de l'instrument et la riche palette de timbres qu'Alexander Weimann parvient à créer grâce à l'éblouissante maîtrise de son clavier.
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Alessandro Scarlatti (1660-1725) ; œuvres complètes pour clavier ; Volume 1 : Toccatas ; Alexander Weimann, clavecin ; 1 CD Atma ACD2 2321. Enregistré dans l’église Saint-Alphonse-Rodriguès, Saint Alphonse (Québec) du 14 au 17 Octobre 2003. Livret en Français, allemand et anglais. Durée 65’84
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