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Mikhail et Sonya Ovrustky, affaire de famille

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Bruxelles. Conservatoire Royal de Musique. 23-XI-2005. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°7 op. 30n°2 ; Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie D934 op. 159 ; César Franck (1822-1890) : Sonate en la majeur. Mikhail Ovrutsky, violon ; Sonya Ovrutsky, piano.

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A l’occasion de cette soirée au Conservatoire, nous retrouvons Mikhail Ovrutsky, accompagné de sa sœur au piano, pour un programme résolument romantique. Parmi son palmarès impressionnant, notons sa présence dans les 12 finalistes du Concours Reine Elisabeth 2001, et sa 5e place dans le même Concours mais en 2005. Sa sœur fait également une carrière très prometteuse en tant que soliste. Lors de ce concert, nous retrouvons deux musiciens d’exception dans un programme bien au point. Sonya Ovrutsky prend le risque d’accompagner son frère sans aucune partition, ce qui occasionne certaines hésitations, heureusement maquillées avec subtilité. D’apparence fébrile et timide, Mikhail Ovrutsky démontre une fois de plus sa grande sensibilité musicale : la délicatesse de son archet porte les plus belles phrases à des sommets d’exception.

Les trois sonates de l’opus 30, dont fait partie celle proposée ce soir, virent le jour en 1802. Déjà atteint de surdité, Beethoven fut, à de nombreuses fois, tenté par le suicide. Cette tendance se ressent très fortement dans la composition. Cette sonate est d’interprétation assez classique. Le violoniste

contrôle bien les longs phrasés, et les dialogues avec le piano confirment l’osmose qui règne entre les deux musiciens. Si sa sœur faisait preuve d’un peu plus de réserve dans son accompagnement, la symbiose serait parfaite. En effet, le piano, parfois un peu trop présent, fait ressortir une articulation très nette, qui brise parfois les phrasés souples et envoûtants du violon. Pour suivre, Mikhail Ovrutsky nous propose une petite perle du répertoire pour violon : La Fantaisie de Schubert. Cette œuvre, à la fois fragile et d’apparence simple, est redoutable par la délicatesse des mélodies. L’introduction s’ouvre sur le frémissement de trémolos au piano tandis que le chant du violon s’étire longuement vers l’aigu. Une petite cadence mène à l’Allegretto, où le violon entame une mélodie joyeuse sur un rythme sautillant. L’Andantino est un mouvement à variations, qui met à rude épreuve la virtuosité des interprètes. Le thème au piano, emprunté au lied « Sei mir gegrüsst », est lumineux et de toute beauté. En apothéose, Schubert reprend le thème initial dans le début de l’Allegro vivace. L’œuvre se termine avec maestria après les exubérances du piano, reprises par le violon.

Un tout autre monument du répertoire pour violon qui nous est proposé ce soir est la célèbre Sonate de César Franck. Fidèle à son style, Mikhail interprète le premier thème : une Cantilène, dont le thème réapparaît souvent, avec une grande souplesse et délicatesse. Le second thème, confié au piano, est une longue phrase lyrique, suivie par un dialogue passionné entre les deux musiciens. Même si le violoniste aime prendre des risques dans les nuances piano, on aurait apprécié un peu plus de fougue dans l‘Allegro. Sa sœur, toujours très présente, le relègue un peu au second rang de la scène. Après un Récitatif expressif, la sonate se clôture par un délicieux Rondeau à la française, qui alterne un refrain dolce cantabile avec des couplets dans différentes tonalités.

C’est un très joli concert que ces jeunes artistes nous ont proposé avec beaucoup de fraîcheur et de tendresse. Deux bis viennent remercier les applaudissements chaleureux du public belge, qui porte le musicien dans son cœur depuis ses premières apparitions en 2001.

Crédit photographique : © Noël Godts

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Bruxelles. Conservatoire Royal de Musique. 23-XI-2005. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°7 op. 30n°2 ; Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie D934 op. 159 ; César Franck (1822-1890) : Sonate en la majeur. Mikhail Ovrutsky, violon ; Sonya Ovrutsky, piano.

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