Concerts, La Scène, Musique symphonique

Brillante prestation de l’Orchestre de Lille

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Paris. Maison de Radio France. 8-II-2006. Krysztof Penderecki (né en 1933) : Anaklasis ; De natura sonoris n°2. Thierry Escaich (né en 1965) : Miroir d’ombres. Dimitri Chostakovitch (1906-1974) : Symphonie n°6. Renaud Capuçon, violon ; Gautier Capuçon, violoncelle ; Orchestre National de Lille, direction : Paul Polivnick.

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Festival Présences

Habitué du festival Présences et très attendu par le public si l'on en juge par la foule compacte qui se pressait aux portes de la Maison de la Radio ce mercredi 8 février, l', dirigé par , venait donner en création parisienne une œuvre de son nouveau compositeur en résidence, , éminent organiste, improvisateur, pédagogue et compositeur. Co-commande du Festival Présences et de l'orchestre de Lille, Miroir d'ombres est dédié aux deux solistes de la soirée, Renaud et . Poursuivant l'hommage rendu à Krysztof Penderecki, l'orchestre donnait aussi deux pièces orchestrales « première manière » du maître polonais et honorait également, avec la Symphonie n°6, le souvenir de , compositeur de référence choisi par Penderecki, comme Stravinski l'avait été l'année dernière par Marc André Dalbavie.

Courte pièce pour cordes, célesta, harpe, piano et six percussionnistes, Anaklasis (1959) témoigne des recherches avant-gardistes de Penderecki dans l'univers sonore qu'il scrute, teste, expérimente à l'aide de modes de jeu et d'attaques diversifiés pour révéler un monde sonore inouï. Victime peut-être de sa brièveté, la pièce, peu convaincante, s'en tient à une juxtaposition d'objets sonores auxquels l'orchestre ne parvient pas à donner une réelle cohérence. Avec beaucoup plus de finesse et d'économie de moyens, De natura sonoris n°2 (1971) pour petit orchestre – excluant les bois et les trompettes – jouée après l'entracte, nous invitait à tendre l'oreille vers les nuances très subtiles de la matière sonore – du choc à la caresse – que Penderecki explore avec l'âme d'un poète.

En frac et souliers vernis, Renaud et , aux côtés de , venaient défendre, avec l'ardeur et l'enthousiasme qui les caractérisent, « le double » de , un concerto pour violon et violoncelle qui, selon le compositeur, ne fait aucune référence à Brahms. Miroirs d'ombres, nous dit-il, est avant tout « l'exploration de l'idée du double » suscitant une mise en perspective des deux solistes à travers l'écriture du canon – le violoncelle devenant l'ombre du violon – ou la surimpression des deux parties instrumentales lorsqu'elles engagent, chacune de leur côté, un discours singulier. L'orchestre, dans un premier temps, laisse les solistes évoluer dans un espace de résonance vibrant et coloré – qui n'évite pas certains passages « à vide » – jusqu'à ce que le violoniste, avec un regain d'énergie éblouissant, se lance dans une sorte de scherzo fantasque – le violoncelle se situant alors dans un espace-temps tout autre – et mobilise peu à peu toutes les énergies pour atteindre la culmination finale dans une frénésie générale et très communicative!

Le concert se terminait par la Symphonie n°6 de Chostakovitch que le compositeur russe écrivit en 1939, quelques années après la première « disgrâce » dont il est victime de la part des dirigeants du parti communiste condamnant son opéra Lady Macbeth de Mzensk. La symphonie n'en est pas moins conçue de manière très inhabituelle, en trois mouvements, Largo, Allegro, Presto, « un singulier tronc sans tête » diront ses détracteurs puisque le compositeur commence par un mouvement lent, d'une force expressive et d'une originalité sonore étonnante. Totalement investi dans ce parcours sonore très sinueux, l' fait valoir les qualités de son pupitre de cordes amplement sollicité par Chostakovitch. Ce sont au contraire les bois qui brillent dans le scherzo central, plein d'humour et de fantaisie, dont l'orchestre met en valeur les coloris inhabituels. Avec beaucoup d'aisance et de brio, il s'acquitte enfin du Presto final dans lequel Chostakovitch, faisant volte face, réinstaure la gaîté et adopte le ton souriant de la musique légère pour terminer sa symphonie.

Crédit photographique : © Olivier Maranda

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