La Scène, Spectacles divers

Musique indienne hors du temps

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Grenoble. MC2. 13-X-2006. Dans le cadre des « Musiques Nomades ». Zakir Hussain, tabla. Kala Ramnath, violon.

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Zakir Hussain et Kala Ramnath

La musique du Nord de l’Inde diffère par bien des aspects des musiques occidentales, qu’elles soient « classiques » ou de grande diffusion. D’accord, cela peut sembler un lieu commun. Pourtant, tous ceux qui ont essayé d’écouter un enregistrement de raga indien ont profondément ressenti ce décalage culturel.

La différence la plus importante, qui décourage bien des auditeurs, est certainement la conception du temps et de la durée : cette musique peut facilement sembler lancinante et interminable aux oreilles du néophyte. C’est peut-être en cela que la démarche de Zakir Hussain est si importante et admirable : ce grand percussionniste parcourt depuis des années le monde avec ses tablas, contribuant à la diffusion de la musique traditionnelle indienne tout en collaborant avec des musiciens appartenant à d’autres cultures ou courant musicaux. Ce concert était annoncé avec le concours de Sultan Khan au saranghi, avec qui il a l’habitude de collaborer. Suite à un accident, c’est finalement Kala Ramnath, grande violoniste traditionnelle indienne, qui accompagne le percussionniste.

La première œuvre est un raga annoncé par Zakir Hussain – qui parlera beaucoup dans ce concert, en anglais – comme très méditatif avant l’entrée des percussions, puis un peu plus rythmé. L’introduction est donc faite au violon. L’occasion pour le public de découvrir le son si particulier de Kala Ramnath, très proche de la voix chantée, qui fait que l’on appelle parfois son instrument « the singing violin ». Longue introduction, envoûtante, mais également déroutante pour les oreilles occidentales par sa longueur. Puis rentrent discrètement les tablas. Première surprise : la profondeur et la puissance du son créé par un simple petit coup, d’un seul doigt. Peu à peu la partie percussive prend de l’ampleur, et le public découvre toute la richesse sonore de cet instrument, à la fois rythmique et mélodique. Zakir Hussain est un virtuose, cela ne fait aucun doute, et son jeu à la fois riche, subtil, parfois impressionnant de vitesse et d’énergie emporte rapidement l’adhésion de toute la salle.

A l’issue de cette très longue pièce, le percussionniste explique quelques éléments essentiels sur la musique du nord de l’Inde, les tablas, la tradition musicale et l’apprentissage par onomatopée, le tout avec beaucoup d’humour. Loin d’être une conférence docte et ennuyeuse, ce petit intermède culturel est un vrai échange, agréable, intéressant, vivant, et bien qu’il s’exprime en anglais, Zakir Hussain fait rire plus d’une fois la salle.

Le morceau qui suit n’est pas un raga, et on y décèle des influences jazz. Très ludique, il est construit autour d’un dialogue musical qui semble parfois tourner au défi entre les deux musiciens. Là encore, grande démonstration de virtuosité…

Une heure et demie de concert, seulement deux morceaux : un observateur extérieur pourrait craindre la lassitude du public. Pourtant, c’est sous les ovations et rappels des spectateurs que les deux musiciens ont quitté la salle.

Si vous êtes rebutés par les enregistrements de musique indienne, si le fossé culturel vous semble insurmontable, scrutez les programmations de vos villes pour dénicher un concert : Zakir Hussain a raison lorsqu’il déclare que « La musique indienne n’est jamais meilleure qu’en public. En studio, cette musique perd en feeling, en émotion. »

Crédit photographique : © DR

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Grenoble. MC2. 13-X-2006. Dans le cadre des « Musiques Nomades ». Zakir Hussain, tabla. Kala Ramnath, violon.

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