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Petite Messe Solennelle de Rossini : péché mignon

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Chalon-sur-Saône, Auditorium du Conservatoire, 29-III-2009. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Petite Messe Solennelle. Delphine Astoux, soprano ; Irina de Baghy, mezzo-soprano ; Alexandre Duhamel, baryton ; Julien Behr, ténor ; Valérie Pley, piano ; Olivier Urbano, accordéon. Chœur Opus 71, direction : Christian Garneret

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Chœur Opus 71

Le vieux Rossini en a fait encore de belles, en composant ce dernier «péché mortel de vieillesse», ainsi qu'il nomme cette «petite» (pas tant que cela !) messe solennelle. De belles fugues conventionnelles pour le chœur, mais aussi une abondance de soli regorgeant d'italianismes, des harmonies tantôt sucrées, tantôt audacieuses, des moments d'abandon mais aussi des instants conquérants, autant de péchés que l'on pardonne volontiers au compositeur ; une messe au théâtre, ou mieux un théâtre où est célébrée une messe.

L'œuvre est ardue pour un chœur d'amateurs et le travail sérieux de Christian Garneret permet de surmonter toutes les difficultés de mise en place. La précision de sa gestique, sans fioritures ni emphase, est toute au service d'une partition bien maîtrisée. La place qu'occupe le piano est primordiale, et Valérie Pley assure un soutien expressif et rigoureux ; le solo preludio religioso, dont le thème est fortement inspiré par Jean- Sébastien Bach, met bien en valeur sa musicalité. La présence discrète mais sensible de l'accordéon remplace avantageusement un harmonium souvent difficile à accorder et donne une couleur plus moderne, moins sulpicienne, à cette partition. On peut regretter toutefois que le chœur ne soit pas constitué de voix plus travaillées dont le timbre aurait mieux convenu à cette partition remplie d'effets vocaux très proche de ceux de l'opéra ; et l'acoustique un peu mate de cette salle récente rend sensible le décalage entre le son du chœur et celui des solistes.

Les qualités de ceux-ci ne demandent qu'à être affirmées. Delphine Astoux, expressive dans le Crucifixus, semble parfois avoir du mal à faire passer la chaleur italienne un peu exubérante que demanderait l'œuvre. possède une puissante voix de baryton qui mériterait d'être parfois un peu nuancée : le Quoniam tu solus interprétée d'une façon très martiale est plus joli dans les nuances piano que dans les instants de force. Julien Behr a la voix de ténor qui convient ; son timbre et son style servent avec efficacité le beau Domine Deus, qui est une vraie aria di bravura. enchante le concert : avec musicalité et souplesse, elle donne la réplique à Delphine Astoux dans le Qui tollis, mais surtout elle apporte un beau moment d'émotion dans l'Agnus Dei qui conclut cette messe si particulière par une prière à la fois tendre et mélancolique.

A travers cette œuvre kaléidoscopique, d'un style parfois un peu pompier, on perçoit pourtant l'appétit pour la vie d'un compositeur gourmand qui disait : «est-ce de la musique sacrée que je viens de faire, ou de la sacrée musique ?»

Crédit photographique : © DR

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Chalon-sur-Saône, Auditorium du Conservatoire, 29-III-2009. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Petite Messe Solennelle. Delphine Astoux, soprano ; Irina de Baghy, mezzo-soprano ; Alexandre Duhamel, baryton ; Julien Behr, ténor ; Valérie Pley, piano ; Olivier Urbano, accordéon. Chœur Opus 71, direction : Christian Garneret

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