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Grimaud/Petrenko : rencontre inédite dans Mozart

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Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 25-III-2011. Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : The Wasps : ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°23 en la majeur KV. 488 ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie Manfred op. 58. Hélène Grimaud, piano ; Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, direction : Vasily Petrenko.

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Pour le premier concert de sa tournée avec l'orchestre philharmonique royal de Liverpool et , était au Grand Théâtre de Provence en ce Vendredi 25 mars. Cette affiche de choix a, dans son ensemble, tenu ses promesses et aussi confirmé le talent du jeune chef russe.

Une fois n'est pas coutume, cette soirée fut l'occasion d'entendre des œuvres rarement jouées voire inexistantes des programmes de concerts. Ce fut le cas avec The Wasps de Vaughan Williams, l'ouverture d'une musique de scène qu'il composa pour la pièce satirique d'Aristophane Les Guêpes.

A mi- chemin entre une musique de film et une suite «pastorale», cette pièce évoque le bourdonnement de l'insecte en vol. Avec un charisme qui n'appartient qu'aux grands chefs, Petrenko s'imposa avec fluidité et autorité. Son amplitude sur des crescendo de quelques mesures fut étonnante. Le thème lyrique, aux envolées Hollywoodiennes, s'inscrivit dans une tradition britannique. Contre toute attente, cette note rafraîchissante nous permis d'enchaîner sans heurt avec la légèreté des premières mesures du concerto en la majeur de Mozart, tonalité qu'on retrouve dans son Concerto pour Clarinette et son Quatuor à cordes K. 464.

Au service de la musicalité, l'approche ‘classique'de l'Allegro fut, de part et d'autre, sans surprises. Cependant, la salle souffre d'un problème d'acoustique selon la place occupée par les instruments : le son du piano fut anormalement en retrait. Certains plans sonores semblaient être ainsi faussés. Choisissant la cadence la moins jouée avec l'engagement instinctif qui la caractérise, façonna un équilibre digital remarquable. Sa sensibilité épidermique s'exprima avec évidence dans l'Adagio en fa dièse mineur, probablement le plus poignant d'entre tous, notamment avec un toucher émouvant lors de la reprise du thème initial. Dans ce mouvement lent, la phalange anglaise opta pour une conception aux allures de ‘veillée funèbre'avec un jeu dépouillé et pesant. Le volume sonore ne dépassa pas le mezzo forte – une série de pizzicati à peine audible comme si le temps était arrêté. On ne peut que louer cette vision d'ensemble, envisagée dans l'esprit de la partition. Cependant, une touche plus dramatique avec, par exemple, plus d'expressivité et d'intensité dans les crescendos aurait permis d'éviter par moments une certaine froideur dans l'exécution.

La jubilation brillante de l'Allegro assai, introduite par le piano, allait rapidement tout balayer sur son passage et laisser la place à une succession de longs phrasés où les pauses ne sont pas légion. En recherche constante de nuances et de clarté – plusieurs traits joués sans aucune pédale, ne faiblit pas et dix ans après ses derniers concerts dans ce répertoire, elle retrouve sa place parmi les meilleurs interprètes du genre.

Après l'entracte, l'orchestre avait choisi un monument qu'il a récemment enregistré : la Symphonie Manfred de Tchaikovski, composée d'après le poème dramatique de Byron. A la tête de son impressionnante armada de musiciens, fut irrésistible avec son sens hors norme du détail et de l'architecture sur la grande ligne. L'auditeur fut happé par cette grandiloquence et ces sonorités massives d'une densité phénoménale. Captivante de bout en bout, cette spirale dramatique aux accents épiques puisa parfois son inspiration dans des profondeurs telluriques, entrecoupée de plages lyriques empreintes d'une religieuse sérénité. Ce véritable tour de force méritait bien la belle ovation du public Aixois.

Crédit photographique : Hélène Grimaud © Mat Hennek / DG

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Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 25-III-2011. Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : The Wasps : ouverture ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°23 en la majeur KV. 488 ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie Manfred op. 58. Hélène Grimaud, piano ; Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, direction : Vasily Petrenko.

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