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Espace virtuel et temps réel à L’IRCAM

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Paris, IRCAM Centre Pompidou. 05-IV-2012. Stephan Keller (né en 1974) : Übersteiger (CM) pour clarinette, basson, alto et percussions. Dai Fujikura (né en 1977) : Calling pour basson. Yann Robin (né en 1974) : Phigures pour clarinette, violon, violoncelle et piano. Frédéric Kahn (né en 1966) : Unendlichkeit (CM) pour basson et électronique. Jérôme Combier (né en 1971) : Gone pour trio à cordes, clarinette, piano et électronique. Solistes de l’Ensemble Intercontemporain : Alain Billard et Jérôme Comte, clarinettes ; Pascal Gallois et Paul Riveaux, bassons ; Victor Hanna, percussions ; Dimitri Vassilakis, piano ; Hae-Sun Kang, violon ; Odile Auboin, alto ; Pierre Strauch, violoncelle. Réalisation informatique IRCAM/Thomas Goepfer, Robin Meier.

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En liaison avec le colloque sur l'analyse des musiques mixtes organisé dans les locaux de l'IRCAM, le concert donné par les solistes de l'EIC au Centre Pompidou mettait le basson en vedette, en mêlant œuvres mixtes et instrumentales. Du compositeur suisse allemand , actuellement professeur d'écriture à la Hochschule für Musik Hanns Eisler, nous entendions en création mondiale Übersteiger, une commande de l'EIC dans le cadre des concerts Tremplin 2010. Evoquant l'idée de feinte – traduction française d'Übersteiger – Keller élabore une écriture très réactive entre l'alto, la clarinette et le basson qu'il inscrit sur fond énergétique d'une percussion alternant ses couleurs. L'animation un rien profuse du discours musical fait d'autant mieux apprécier l'ultime séquence quasi silencieuse que viennent colorer les sons multiphoniques du basson.

Au basson solo, avec cette incomparable concentration qui captive l'écoute dès la première note émise, Pascal Gallois interprétait Calling de , remarquable trajectoire sonore dont la maîtrise spatio-temporelle éblouit. Sollicitant toutes les ressources du jeu soliste (souffle continu, sons multiphoniques, micro-intervalles…), Fujikura façonne une matière instrumentale en constante métamorphose (de la masse la plus dense au son pur) qui investit progressivement l'espace de résonance dans une dimension architecturale impressionnante. La pièce soliste constitue l'étape première d'un concerto à venir, à l'adresse du soliste hors norme qu'est Pascal Gallois.

Avec Phigures, une pièce écrite en 2004 pour l'EIC, apporte la preuve que la contrainte en matière d'écriture est souvent le meilleur des aiguillons. En relation étroite avec le nombre (section d'or et série de Fibonacci), l'œuvre séduisante et très enlevée – écrite dans la formation du Quatuor pour la fin du temps de Messiaen – met à l'œuvre une combinatoire subtile sur la base d'un objet unique qui tournoie en boucle avant d'être pulvérisé dans l'espace; les membres de l'EIC en soulignent tout à la fois la virtuosité du trait et la frénésie du parcours.

L'électronique n'intervenait qu'en seconde partie, avec la création mondiale de l'œuvre mixte Unendlichkeit de ; l'œuvre d'envergure, convoquant le basson solo, une partie fixée sur support et la transformation du son en direct, projette un espace sonore largement déployé que colore d'un matériau mouvant et très diversifié. Le basson solo intervient par séquences intermittentes dans une écriture très véloce et tendue – phénoménal Paul Rivaux – qui exploite le registre clair de l'instrument. Lié au geste instrumental et dans un bel équilibre des forces, l'électronique imprime en relief ses morphologies sur une toile sonore foisonnante qui acquiert progressivement sa cohérence et sa force dramaturgique.

Conçue pour trio à cordes, clarinette, piano et électronique, Gone est une pièce récente de (2010) qui trouve là le format idéal de sa sphère poétique et intimiste. A la source du projet il y a le monologue Solo – écrit par Samuel Beckett à la demande de David Warrilow – qui oriente le compositeur vers un timbre et une qualité de son: « une matière noire, profonde, sans repère […] » qu'il dit avoir soumis, lui aussi, à une forte contrainte formelle et numérique. Avec ce geste personnel d'une intensité singulière, capte notre écoute et nous fait pénétrer dans ces zones d'ombre, bruissantes et fantomatiques, dont l'électronique en temps réel prolonge ici le mystère.

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