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Reinhard Goebel à la recherche de partitions inédites

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Anton Reicha (1770-1836) : Symphonie concertante pour deux violoncelles et orchestre en mi mineur (premier enregistrement mondial). Bernhard Romberg (1767-1841) : Concertino pour deux violoncelles et orchestre op. posth. 72. Joseph Leopold Eybler (1765-1846) : Divertimento « pour le Mardi gras » en ré majeur (premier enregistrement mondial). Bruno Delepelaire, violoncelle ; Stephan Koncz, violoncelle ; Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern ; direction : Reinhard Goebel. 1 CD Sony Classical. Enregistré du 26 au 30 novembre 2018 à la Grosser Sendesaal des Saarländischen Rundfunks, Saarbrücken, Allemagne. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 65:35

 

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poursuit son voyage à travers des œuvres inconnues façonnées de la main des contemporains de .

Anton Reicha_Bernhard Romberg_Joseph Leopold Eybler_Reinhard Goebel_Sony ClassicalCe disque est le deuxième volet de la série « Le Monde de Beethoven », visant à nous faire découvrir les compositeurs que le maître de Bonn croisa dans sa vie et qui eurent une influence plus ou moins importante sur la musique de leur temps. Nous y trouverons trois œuvres écrites respectivement par , et .

, né dix mois avant Beethoven, partit à Bonn en 1785. Les deux musiciens y furent en relation jusqu'au départ de Beethoven pour Vienne en 1792. Après plusieurs péripéties, Reicha s'y installa également dix ans plus tard, y faisant jouer ses partitions, notamment dans les salons du prince Joseph Franz von Lobkowitz qui avait sa propre formation symphonique. C'est pour cet ensemble que Reicha conçut, entre 1804 et 1806, sa Symphonie concertante pour deux violoncelles et orchestre en mi mineur, dont ce disque comporte le premier enregistrement mondial. Elle fut élaborée pour les deux principaux violoncellistes de la formation de Lobkowitz : Antonín Kraft et le fils de celui-ci, Nikolaus. Il n'est pas possible de ne pas remarquer dans cette page, des parallèles avec le Concerto pour violon n° 2 de Franz Joseph Clement. Dans son avant-propos, énumère les similitudes entre ces compositions : « l'intensité dans la transition vers le deuxième sujet de l'ouverture ; le sujet lui-même qui ressemble à une ode ; et, plus généralement, un plan tonal qui ne peut être décrit que comme instable ». Aujourd'hui, nous pouvons considérer ces éléments – aussi étranges et déroutants soient-ils – comme des expériences formelles, à l'ordre du jour dans les orchestres privés de Vienne de l'époque.

Bernhard Heinrich Romberg, né trois ans avant Beethoven, fut un violoncelliste et compositeur qui écrivit principalement de la musique de chambre, mais également ce Concertino pour deux violoncelles et orchestre op. 72 (publié à titre posthume en 1842) qui, à l'inverse de la Symphonie concertante de Reicha, est plus clairement structuré et permet une écoute plus facile, même s'il est tout aussi exigeant pour ses solistes, tout particulièrement dans son mouvement final de caractère vaguement ibérique par l'atmosphère comme par son rythme.

, né presque six ans avant Beethoven, fut un compositeur qu'on connaît pour son amitié avec Mozart. De son vivant, il obtint des postes à la cour où il devint l'assistant d'Antonio Salieri et, plus tard, son successeur comme Kapellmeister de 1824 à 1833. Le Divertimento « pour le Mardi gras » en ré majeur, dont nous avons, ici également, le premier enregistrement mondial, fut présenté pour la première fois le 26 février 1805 lors du dernier jour du carnaval, six semaines seulement avant la création de la Symphonie n° 3 de Beethoven. Cette œuvre est un exemple de l'art galant de l'époque, avec son premier mouvement imitant la musique de danse des salons et un finale faisant penser à la Symphonie n° 45 « les Adieux » de Joseph Haydn, notamment en raison des instruments s'arrêtant progressivement de jouer.

Au plan de l'interprétation, la Symphonie concertante d' est donnée avec beaucoup de profondeur et de fluidité. Les solistes, Bruno Delepelaire et Stephan Koncz (tous deux membres de l'Orchestre philharmonique de Berlin), établissent un dialogue brillant empreint parfois de rivalité dans les passages virtuoses, ou de douceur dans les cantilènes. Sous la direction de , ces deux éléments – brio et douceur – s'entremêlent avec naturel dans un éclat de couleurs parfaitement contrôlé, livrant un discours cohérent qui souligne les charmes de cette musique. Les phrasés, amples et raffinés, s'imprègnent de dignité et, par instants, d'expressives ambiances rêveuses baignées de délicatesse et de simplicité. Ces dernières particularités, ponctuées par des ralentissements du tempo clairement marqués dans certains passages lyriques, sont également présentes dans les partitions suivantes. Cette finesse associée à la théâtralité du propos se voit accompagnée d'un large éventail d'états d'âme, où le sérieux côtoie la légèreté, frôlant parfois l'humour, comme dans le Concertino pour deux violoncelles et orchestre de . S'y ajoutent également clarté des textures et sens du panache. Dans le Divertimento « pour le Mardi gras » en ré majeur, on est subjugué par la vivacité des rythmes comme par la netteté des cuivres contribuant à une plus grande richesse des teintes. Goebel nous invite à la danse. À la fin du mouvement central, la sonnerie de cloches annonce l'arrivée imminente du Carême. Dans le finale, à notre surprise, les instruments se taisent un par un.

Voici un disque nous démontrant que l'époque qui suivit le Siècle des Lumières, fut abondante en compositions intéressantes et variées, et – surtout – que le classicisme ne se cantonne pas à Haydn, Mozart ou au jeune Beethoven.

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Anton Reicha (1770-1836) : Symphonie concertante pour deux violoncelles et orchestre en mi mineur (premier enregistrement mondial). Bernhard Romberg (1767-1841) : Concertino pour deux violoncelles et orchestre op. posth. 72. Joseph Leopold Eybler (1765-1846) : Divertimento « pour le Mardi gras » en ré majeur (premier enregistrement mondial). Bruno Delepelaire, violoncelle ; Stephan Koncz, violoncelle ; Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern ; direction : Reinhard Goebel. 1 CD Sony Classical. Enregistré du 26 au 30 novembre 2018 à la Grosser Sendesaal des Saarländischen Rundfunks, Saarbrücken, Allemagne. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 65:35

 
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