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Halka de Stanisław Moniuszko à l’Opéra Nova de Bydgoszcz

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Stanisław Moniuszko (1819-1872) : Halka, opéra en quatre actes sur un livret de Włodzimierz Wolski. Mise en scène : Natalia Babińska. Scénographie : Diana Marszałek, Julia Skrzynecka. Costumes : Paulina Czernek. Chorégraphie : Iwona Pasińska. Lumières : Maciej Igielski. Vidéo : Ewa Krasucka. Avec : Jacek Greszta, basse (Stolnik) ; Jolanta Wagner, soprano (Halka) ; Dorota Sobczak, mezzo-soprano (Zofia) ; Tadeusz Szlenkier, ténor (Jontek) ; Łukasz Goliński, baryton-basse (Janusz) ; Łukasz Jakubczak, basse (Dziemba) ; Szymon Ronia, ténor (Dudziarz) ; Orchestre, Chœur (chef de chœur : Henryk Wierzchoń) et Ballet de l’Opéra Nova de Bydgoszcz, direction : Piotr Wajrak. 1 Blu-ray Disc DUX. Enregistré en 2018 et 2019 à l’Opéra Nova de Bydgoszcz (Pologne). Notice trilingue : polonais-anglais-allemand. Durée : 125:23

 

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Considéré comme l'opéra fondateur du grand opéra national polonais, Halka de sera pour beaucoup une agréable découverte, servie magistralement, dans cet enregistrement « live », par la troupe autochtone de l'Opéra Nova de Bydgoszcz, avec l'incandescente dans le rôle-titre.

okleina_6331_Halka.inddInjustement méconnu en France, (1819-1872) fut redécouvert récemment à l'occasion des multiples parutions (dont cette superbe Halka) célébrant, en 2019, le bicentenaire de sa naissance. Halka est son premier grand opéra, composé en 1846, initialement en deux actes, dans les suites du soulèvement de Cracovie qui se prolongera en Europe par le « Printemps des peuples ». Halka devient alors rapidement, dans ce contexte, après sa création en version de concert de 1848, le porte-drapeau de l'insurrection polonaise face à la Russie, alors que son thème était l'oppression des pauvres par les riches, sorte d'anticipation de la lutte des classes. Pour des raisons probables de censure, l'opéra dut attendre 1858 pour être présenté dans sa version scénique définitive, en quatre actes. Sa réception, bénéficiant d'une bien meilleure distribution, fut favorable et valut au compositeur le poste de directeur de l'Opéra de Varsovie.

Le livret de Wolski est assez mince : Halka, jeune montagnarde est amoureuse de Janusz, aristocrate qui la séduit, lui fait un enfant, puis l'abandonne pour se marier avec Zofia, une jeune femme de sa classe sociale. Désespérée, Halka n'accepte pas la rupture, perd son enfant et refuse l'amour de son ami d'enfance Jontek, éperdument épris d'elle. S'en suit une longue errance dans les Tatras où Halka, hallucinée, après avoir envisagé dans un premier temps, de mettre le feu à l'église pendant la cérémonie de mariage, renonce à son projet incendiaire et lui préfère le suicide… Si la composante sociale est bien présente en filigrane tout au long de la mise en scène de Natalia Babińska (scénographie sur deux niveaux : supérieur pour la noblesse, inférieur pour le peuple ; jeu des couleurs : or pour l'aristocratie, sombres pour les paysans et blanc pour l'ascension mystique d'Halka après son suicide), elle n'apparaît pas comme primordiale face au drame passionnel de la jeune montagnarde, et il serait bien vain de vouloir faire d'Halka une héroïne nationale, nuance d'importance parfaitement comprise par Natalia Babińska qui choisit de donner la primeur au drame romantique, à la passion, au désespoir et à l'émotion grâce à une direction d'acteur particulièrement réussie et à l'analyse psychologique fouillée des personnages, sans autre transposition temporelle ou discours militant.

Sans vouloir en faire une carte postale musicale de la Pologne, la musique d'Halka se nourrit de mélodies et de danses extraites de la tradition populaire, comme mazurka, polonaise, danse montagnarde et dumka. Qu'espérer de mieux qu'une phalange polonaise pour aviver les couleurs de cette attrayante slavitude, teintée d'un brin d'italianité et d'un soupçon de religiosité ? s'y emploie avec brio faisant superbement sonner l'orchestre et l'excellent chœur de l'Opéra Nova, tandis que la chorégraphie d'Iwona Pasińska, pleine d'allant, renforce encore la séduisante note folklorique.

La distribution vocale, appartenant dans son intégralité à la troupe de l'Opéra Nova, impressionne par sa qualité et son homogénéité, dominée par l'incandescente Halka de , indiscutable titulaire du rôle, magistrale de théâtralité et de prouesses vocales (timbre rond, puissance, souplesse, ambitus). Très sollicitée dans chacun des quatre actes, elle atteint le sommet de l'exaltation et de la détresse dans son poignant air du IVe acte : « O mój maleńki, któż do trumienki » avec le violoncelle solo obligé. Face à elle, le Jontek de fait valoir son timbre lumineux et ses nuances de ténor dramatique qui émeut par sa pudeur et l'élégance de son « Szumią jodły na gór szczycie ». Si le sénéchal Stonik (Jacek Greszta) manque un peu de souffle et de charisme, (Janusz) et (Dziemba) en imposent par leurs graves puissants et leur prestation scénique oscillant entre duplicité et machiavélisme. Malgré un rôle assez réduit, Dorota Sobczak (Zofia) convainc par sa compassion et la beauté de son timbre. Les nombreux ensembles et l'admirable chœur des paysans ajoutent encore au charme de cet opéra de Moniuszko. À découvrir absolument !

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