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Un paysage musical londonien aux alentours de 1720

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William Babell (c. 1690-1723) : Concerto II op. 3. Francesco Geminiani (1687-1762) : Sonata IV op. 1. Arcangelo Corelli (1653-1713) / Johann Christian Schickhardt (c. 1681-1762) : Sonata IV op. 6 d’après les Concerti grossi n° 1 et n° 2 op. 6. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto a quattro ; Sonata per la viola da gamba HWV 364b ; Spera si mio caro bene, arrangement de l’air extrait de l’opéra Admeto HWV 22. Johann Christian Schickhardt : Concerto II op. 19. Nicola Francesco Haym (1678-1729) / Pietro Chaboud (fl. 1707-1725) : Thus with thirst my souls expiring, adaptation pour la scène londonienne d’Il Pirro e Demetrio par Alessandro Scarlatti. La Rêveuse, direction : Benjamin Perrot et Florence Bolton. 1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en octobre 2019 en l’église protestante allemande de Paris. Durée : 61:10

 
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L' fait ses débuts chez Harmonia Mundi, sortant un disque dévolu aux œuvres jouées à Londres vers 1720.

La-Rêveuse_Benjamin-Perrot_Florence-Bolton_Harmonia-MundiCe n'est pas la première tentative de La Rêveuse pour faire revivre la musique jouée en Angleterre pendant la période baroque. Il y a un an, ces chambristes ont proposé un programme s'articulant autour des pages de Henry Purcell et de ses contemporains, écrites vers 1700. Parallèlement, en 2019 également, Johannes Pramsohler et son Ensemble Diderot exploraient les sonates en trios données en Angleterre avant 1680 (Clef d'or ResMusica). Cette parution est donc d'autant la bienvenue qu'elle élargit la perspective tracée par ses prédécesseurs.

Après le décès de la reine Anne Stuart en 1714, qui laissa le royaume sans héritier, une nouvelle économie de la culture se mit en place, privilégiant le mécénat privé et la loi de l'offre et de la demande. La ville de Londres attirait les musiciens étrangers, venant surtout d'Italie, mais également d'Allemagne. Ces premiers – des virtuoses hors pair – furent très en vogue, mieux payés que leurs collègues britanniques. Cet état des choses se reflète sur le présent disque, réunissant des compositions de , , , , Johann Christian Schickhardt et .

Un programme qui montre à quel point le monde musical de la capitale anglaise fut influencé par Corelli. Les œuvres de celui-ci ont tant plu au public britannique que les maisons d'éditions Walsh et Roger en publièrent des versions accessibles aux amateurs, adaptées pour un instrumentarium différent. Parmi elles figure la Sonata IV op. 6 d'après les Concerti grossi n° 1 et n° 2 op. 6 dudit Corelli dans un arrangement de Johann Christian Schickhardt, dont l'interprétation est portée avec enthousiasme et brio. Schickhardt est aussi l'auteur du Concerto II donné, ici, par deux flûtes à bec, deux flûtes traversières et une basse continue, cette fois d'une manière qui favorise la poésie et une belle variété de teintes pastel.

Ce soin d'insuffler aux pages exécutées autant de couleurs que possible, tout en restant dans les limites du bon goût, accompagne La Rêveuse du début à la fin de cet album. À cela s'ajoute une perfection technique qui fait que tout semble idéalement équilibré et mesuré, mais pas statique. Bien au contraire : le mouvement de chaque plage respire tranquillement, nous laissant savourer des conversations intimes entre divers instruments, qui révèlent les structures harmoniques dans toute leur finesse, comme dans le Concerto II op. 3 de Babell, baigné de fraîcheur et de calme. Tout comme dans le dialogue entre la viole de gambe et la basse chiffrée dans la Sonata HWV 364b de Haendel. y subjugue par la pureté d'expression et la souplesse de l'archet, faisant chanter la ligne mélodique avec autant de simplicité que d'élégance et de vitalité, en osmose avec l'accompagnement assez léger mais éloquent de .

Haendel s'installa à Londres en novembre 1710, pour tenter sa chance. Puis, encouragé par le succès que connut son opéra Rinaldo, créé le 24 février 1711 au Queen's Theatre, il y vécut le restant de sa vie. Dans son Concerto a quattro, que d'aucuns attribuent à Georg Philipp Telemann, la lecture de La Rêveuse est au rendez-vous d'un jeu subtil de nuances (Adagio) et de l'allant (les deux Allegro), impressionnant, soulignons-le encore une fois, par un large éventail de couleurs.

Avec ce disque, et nous invitent à un voyage imaginaire à Londres, exactement cinquante ans avant la naissance de Beethoven, là où la musique fut en plein épanouissement, ouverte sur la modernité éblouissante des instruments italiens (violons, altos, violoncelles et contrebasses, des nouveaux piliers de l'orchestre), sans pour autant oublier la viole de gambe, si chère aux premiers Stuart dans un temps alors déjà révolu.

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William Babell (c. 1690-1723) : Concerto II op. 3. Francesco Geminiani (1687-1762) : Sonata IV op. 1. Arcangelo Corelli (1653-1713) / Johann Christian Schickhardt (c. 1681-1762) : Sonata IV op. 6 d’après les Concerti grossi n° 1 et n° 2 op. 6. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto a quattro ; Sonata per la viola da gamba HWV 364b ; Spera si mio caro bene, arrangement de l’air extrait de l’opéra Admeto HWV 22. Johann Christian Schickhardt : Concerto II op. 19. Nicola Francesco Haym (1678-1729) / Pietro Chaboud (fl. 1707-1725) : Thus with thirst my souls expiring, adaptation pour la scène londonienne d’Il Pirro e Demetrio par Alessandro Scarlatti. La Rêveuse, direction : Benjamin Perrot et Florence Bolton. 1 CD Harmonia Mundi. Enregistré en octobre 2019 en l’église protestante allemande de Paris. Durée : 61:10

 
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