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Une version engagée des concertos pour violoncelle de Chostakovitch par Marc Coppey

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concertos pour violoncelle et orchestre n° 1 et n° 2. Marc Coppey, violoncelle ; Orchestre symphonique national de la radio polonaise, direction : Laurence Foster. 1 CD Audite. Enregistré en public le 19 décembre 2019 à la Grande salle de concert du NOSPR, Katowice, Pologne. Livret en anglais et allemand. Durée : 60:12

 

Les Clefs d'or

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Captée en concert en Pologne, cette version des deux concertos pour violoncelle de par offre une vision renouvelée, par rapport à la référence de celui qui créa ces œuvres : Mstislav Rostropovitch.

Les concertos pour violoncelle de Chostakovitch sont un reflet des vicissitudes douloureuses vécues par le compositeur vis à vis du régime soviétique.

Le Concerto n° 1 en mi bémol majeur op. 107 fut composé en 1959 et créé par le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, dont il est le dédicataire, la même année à Léningrad (URSS) sous la baguette d'Evgeni Mravinsky. Le compositeur souffrant de poliomyélite, exprime de manière encore plus dramatique les états d'âme du moment. Pour autant et se référant à Bach il utilise les quatre lettres de l'abréviation de son patronyme pour en faire l'évocation même du thème de son concerto : DSCH (ré-mi bémol-do-si). Il est bâti en quatre mouvements, depuis l'insouciance désinvolte jusqu'à l'ironie sarcastique, si caractéristique de la musique de Chostakovitch. Le final est terrible, utilisant une mélodie aimée de Staline, Suliko, en souvenir macabre de celui qui lui avait infligé tant de persécutions, ici évoquée comme un cri de désespoir. Rostropovitch lui-même rapporte les grandes difficultés d'exécution de ce mouvement, demandant de la part de l'exécutant une énergie quasi surhumaine. Il disait que l'archet ne pouvait être tenu normalement, du bout des doigts comme d'habitude, mais bien plus comme le manche d'une hache de bûcheron.

Le Concerto n° 2 en sol mineur op. 126 fut une nouvelle fois dédié à Rostropovitch qui en fit la création en septembre 1966 à Moscou dans la grande salle du conservatoire sous la direction d'Evgueni Svetlanov. Cette œuvre marque une évolution dans le style du compositeur, tourné de plus plus en plus vers une écriture post-symphonique. Le concerto comporte trois mouvements dont un Largo initial très intérieur dans lequel s'instaure peu à peu un dialogue entre le soliste et l'orchestre. Le mouvement suivant Allegretto est basé sur un rythme de danse rappelant l'Europe centrale. Pour finir, Chostakovitch offre quelques contrastes lyriques, exubérants et assagis, l'œuvre se terminant dans le calme, suspendue par un carillon, extatique et céleste.

L'approche de , dirigé par à la tête de l' est passionnante. Le violoncelliste se met à distance de cet énorme héritage historique. On ne ressent pas la volonté d'une écrasante présence du soliste par rapport à l'orchestre mais bien plutôt d'une symbiose plus marquée entre le violoncelliste et la conduite d'une formation partenaire, selon une volonté bien dosée de la part du chef . Les prises de son des années 50 privilégiaient, surtout en Union soviétique, un soliste très au premier plan, avec un orchestre plus en retrait qui souvent compensait cette présence particulière par un son plus marqué. Ici tout au contraire, les micros du label Audite ont su capter de manière très équilibrée et malgré le dramatisme de la musique, une chaleur au final agréable à l'oreille et d'une grande aération. Au milieu de cet espace acoustique très favorable du Concert hall de Katowice (Pologne), la sonorité puissante et fruitée de fait merveille. Il y a une compréhension affirmée des affects de la musique en un dialogue subtil et complice, avec la phalange et son chef.

Au-delà de nombreuses gravures de référence laissées par Mstislav Rostropovith et quelques autres grands noms du violoncelle dont Paul Tortelier, Mischa Maïsky ou Gautier Capuçon (avec Gergiev, Erato), la présente version de Marc Coppey, haut représentant de l'école française de violoncelle, constitue désormais une autre référence, souveraine et profondément inspirée.

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concertos pour violoncelle et orchestre n° 1 et n° 2. Marc Coppey, violoncelle ; Orchestre symphonique national de la radio polonaise, direction : Laurence Foster. 1 CD Audite. Enregistré en public le 19 décembre 2019 à la Grande salle de concert du NOSPR, Katowice, Pologne. Livret en anglais et allemand. Durée : 60:12

 
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