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Lassante veillée estivale par le Quadriga consort

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Midsummer : vingt-deux pages d’origines suédoise, finlandaise, danoise, irlandaise, anglaise et écossaise sur la thématique du solstice d’été. Quadriga Consort. 1 CD Deutsche Harmonia Mundi. Enregistré en août 2020 à la Salzhof de Freistadt, Haute-Autriche. Textes des chants traduits et textes de présentation en allemand et anglais. Durée : 61:07

 
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Après plusieurs albums axés sur une thématique hivernale, les Autrichiens du proposent cette fois un disque consacré au répertoire scandinave anglais et gaélique inspiré par le solstice d'été et le retour des beaux jours.

Depuis des temps immémoriaux, les débuts de l'été et de l'hiver sous nos latitudes ont été marqués par des cérémonies festives solsticiales, païennes ou religieuses. On se souvient des fêtes sous les auspices du Janus bifrons de l'Antiquité romaine, relayées sous la chrétienté par les deux Saint Jean, d'été (le Baptiste) et d'hiver (l'Evangéliste). Il s'agit avant tout de marquer l'apogée du soleil à son zénith avant son progressif et relatif déclin, avec l'enfouissement du continent dans les Ténèbres, même si toujours triomphera au plus profond de l'obscurité la lumière salvatrice. En Scandinavie et en certaines contrées anglo-saxonnes et gaéliques, les veillées d'été sont ainsi toujours vécues à l'égal de celles de la Noël pour une véritable midsummer's eve, et avec d'authentiques midsummer's carol, pour citer deux plages de cet album.

Dans un texte de présentation documenté, Nikolaus Newerkla, multi- instrumentiste, claviériste, arrangeur, compositeur et directeur musical du , explique, outre le fil rouge thématique – parfois ténu –, les enjeux artistiques de cette compilation, et cela sans toujours nous convaincre. La sélection s'avère extrêmement disparate quant à la qualité intrinsèque de chaque plage. Les deux premières (Mina gelter a capella, et le très percussif et incantatoire Mikaelsdagen) laissent augurer une formidable rencontre entre musiques ancestrales de traditions populaire et savante. Dans la lignée, pour un répertoire similaire, des magnifiques disques des Witches (Alpha), avec cette chaude ambiance rustique magnifiée par les violes et les flûtes du consort (plus avant dans Uti var hage, Sovay sovay, ou encore The lark in the blue sky).

Mais il faut vite déchanter car d'autres arrangements – et dès la troisième piste – nous semblent à la limite de la variété un peu kitsch (First month of Summer), et un tiers des plages sont en fait des compositions originales assez commerciales de Newerkla sur des textes anciens de tradition orale. Nous n'échapperons pas non plus au standard suédois Idas Sommarvisa, (la chanson d'été d'Ida), le « tube » du jazzman Georg Riedel sur un texte d'Astrid Lindgren (l'auteur des aventures de Fifi Brindacier) devenu un classique incontournable des fêtes de fin d'année scolaire scandinaves…

Les instrumentistes demeurent tous irréprochables dans ce registre, et la production artistique est de bout en bout incontestablement léchée. On rêverait de certains disques au programme plus classique aussi bien captés, montés et attentivement mixés ! La soliste du chant, Sophie Eder, subjuguera ou irritera en fonction des affinités de chaque auditeur. A vrai dire, sa voix, en sa relative fragilité, évoque par moment dans le domaine pop-folk d'essence celtique celle d'une Loreena Mc Kennitt, mais sans le charisme et sans les aigus enjôleurs de l'artiste canadienne. Certes naturelle et travaillée à la fois, posée afin de servir au mieux ces musiques d'essence populaire, elle demeure pourtant d'un ambitus assez limité et se crispe très vite dans le haut de la tessiture, entre autres au fil de la longue et pathétique ballade Den blodiga sonan (le soleil condamné).

Voici donc un disque déroutant, ni folk, ni pop, ni classique, mais proposant sur un fond d'instruments anciens (ou copies d'anciens) une rencontre insolite entre patrimoines traditionnels et compositions actuelles pour un résultat somme toute décevant. L'absence de toute traduction française (des textes de présentation, comme des textes des chants) est susceptible de rebuter les auditeurs francophones.

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Midsummer : vingt-deux pages d’origines suédoise, finlandaise, danoise, irlandaise, anglaise et écossaise sur la thématique du solstice d’été. Quadriga Consort. 1 CD Deutsche Harmonia Mundi. Enregistré en août 2020 à la Salzhof de Freistadt, Haute-Autriche. Textes des chants traduits et textes de présentation en allemand et anglais. Durée : 61:07

 
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