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Culture et élections présidentielles : les propositions des candidats

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Le 7 mars dernier, le Conseil constitutionnel a arrêté la liste à l’élection du Président de la République à 12 candidats. Voici les programmes de chacun concernant le secteur culturel, et plus précisément celui de la musique classique et de la danse.

Afin que chacun puisse se faire une opinion, les extraits de programmes sont présentés au lecteur en toute neutralité. Ils ne concernent que la musique classique et la danse.

Nathalie ARTHAUD

La militante du parti trotskyste Lutte ouvrière depuis 34 ans se concentre sur les luttes sociales des travailleurs en excluant la Culture de son programme présidentiel. A ce jour, la candidate ne s’est pas exprimée officiellement sur ce secteur et les acteurs du domaine culturel.

Fabien ROUSSEL

Dans son troisième objectif « la jeunesse, avenir de la France. Pour un pacte qui respecte les jeunes et engage la nation », le candidat du Parti communiste propose de développer les pratiques culturelles de l’école maternelle au lycée, par une augmentation du nombre d’heures dédiées dans les contenues des formations. A l’université, les pratiques culturelles seront obligatoires. Un plan national pour l’éducation artistique à l’école sera remis sur le métier, construisant les indispensables collaborations avec la création dans sa diversité.

Dans son sixième objectif « à la conquête de l’égalité réelle et de l’émancipation, pour que chacune et chacun ait une vie digne, sécurisées, heureuse, Fabien Roussel souhaite organiser des états-généraux de la culture, interdisciplinaires et décentralisés. A cette occasion, le candidat veut se faire rencontrer les acteurs du monde de l’art, de la culture et de l’éducation populaire, ainsi que des forces vives du pays.

Le candidat propose la création d’un grand ministère de la culture, de l’éducation populaire et des médias, doté de la compétence la plus large, jusqu’à l’action culturelle extérieure de la France attribuée aujourd’hui au ministère des affaires étrangères. Ce ministère se verra attribuer financièrement 1% du PIB, au-delà du 1% du budget de l’État. Ce niveau d’engagement financier est annoncé dans son programme comme une augmentation de l’ordre de 30% des budgets publics actuels, atteignable en une mandature selon le candidat.

Il souhaite reconstruire la compétence partagée dans ce domaine entre l’État et les collectivités territoriales, dans la volonté de réduire les inégalités territoriales en matière d’équipements et de soutien à la création, toutes disciplines confondues.

Fabien Roussel propose de défendre et renforcer la liberté de création, ainsi que soutenir les métiers des arts et de la culture. Ainsi, le régime de l’intermittence dans le spectacle vivant sera conforté. Les artistes-auteurs seront également dotés d’un authentique statut, plus protecteur et garantissant leurs droits sociaux et leurs rémunérations : « les artistes et créateurs seront placés sous la protection de la République, face aux attaques obscurantistes dont ils et elles font de plus en plus l’objet. L’Etat protègera l’art et la création de la domination de l’industrie numérique nord-américaine, qui pille leur contenu et les uniformise. »

Emmanuel MACRON

Le président sortant s’inscrit naturellement dans les propositions partiellement réalisées ou à développer après ces cinq années de mandat : un pass culture de 500 € pour tous les jeunes de 18 ans ; les bibliothèques ouvertes soirs et week-ends ; l’investissement dans le numérique, le soutien à la création à travers les commandes publiques artistiques, et la protection des droits d’auteur et droits voisins.

Un fonds d’investissement de 200 millions d’euros sera dédié aux industries créatives et culturelles françaises, qui doivent notamment faire face à la nouvelle concurrence des plateformes. Un « Netflix européen » sera impulsé par le candidat d’En marche s’il est élu.

Jean LASSALLE

Le candidat du parti Résistons ! propose d’orienter les financements publics vers la création indépendante et de conditionner ce financement à l’indépendance des propriétaires. Jean Lassalle souhaite créer un fonds dédié pour subventionner les lieux culturels qui facilitent l’accès aux plus défavorisés. Il souhaite enfin revaloriser le statut et le salaire des intermittents du spectacle.

Le candidat souhaite également soumettre au suffrage universel direct la création d’une fête de l’engagement (21 décembre) et du Savoir (21 mars).

Marine LE PEN

Pour la candidate du Rassemblement national, la Culture est synonyme de Patrimoine, aucune proposition n’évoque la création, le spectacle vivant, la formation ou la transmission culturelles.

Éric ZEMMOUR

Le candidat souhaite refonder « l’exception culturelle française », notamment par la promotion de la culture française. Il souhaite ainsi faire connaître au grand public les œuvres du patrimoine artistique et culturel français en imposant aux chaînes de télévision généralistes l’obligation de diffuser des programmes à caractère culturel (opéras, concerts, etc.) à des heures de grande écoute au minimum quatre fois par mois. Eric Zemmour souhaite également instaurer un enseignement et une pratique « véritables » de la musique au sein de l’école, du collège et du lycée en partenariat avec les institutions nationales et régionales. Il veut obliger toutes les institutions culturelles recevant des subventions de l’État à faire des tournées régulières dans les établissements scolaires publics et créer un grand ministère d’État du Savoir et de la Transmission qui regroupera l’Instruction publique, l’Enseignement supérieur et la Culture.

Le candidat du part Reconquête ! souhaite enfin recentrer l’audiovisuel public autour de la culture (autour de France 5, France Culture et France Musique).

Jean-Luc MÉLENCHON

Le candidat de La France Insoumise constate aujourd’hui une « culture par algorithmes » et soumet aux électeurs 70 propositions dans le domaine culturel. En soutenant les arts et la culture grâce à un budget à hauteur de 1% du PIB par an, Jean-Luc Mélenchon souhaite pour la musique et la danse notamment, créer une médiathèque publique en ligne gratuite regroupant les œuvres tombées dans le domaine public et faire voter des lois anti-monopole dans le secteur culturel, tout comme assujettir le géant Amazon à l’impôt sur les sociétés. Il chercherait également à s’attaquer à l’inégalité culturelle entre territoires s’il était élu, en faveur d’un meilleur accès à la culture.

Voulant garantir aux travailleurs de l’art l’accès aux droits sociaux, le candidat souhaite créer un Centre national des artistes-auteurs qui organisera les élections professionnelles pour négocier et mettre en place une protection sociale adaptée au secteur.

Anne HIDALGO

La candidate du Parti socialiste souhaite « replacer la culture au cœur du projet républicain ». Elle propose un programme majeur d’éducation artistique à l’école, permettant à la fois de développer des émotions mais aussi de s’investir dans un domaine artistique, avec comme ambition l’accueil de 10 000 artistes au sein des école dès l’année 2023. Elle souhaite également créer un Erasmus culturel pour une plus grande circulation des jeunes artistes et étudiants en art en Europe.

Anne Hidalgo souhaite que de nombreux lieux publics comme les hôpitaux, les universités, les commissariats, les administrations, soient investis afin de l’art soit une réalité quotidienne pour tous. Elle porte dans son programme la volonté d’une juste rémunération des auteurs, artistes, interprètes, écrivains, producteurs et diffuseurs, ainsi que l’indépendance des droits des artistes, intégrant toute la chaine de la création. Son programme met l’accent sur les jeunes artistes, en demandant notamment à l’ensemble des institutions financées majoritairement par l’argent public de réserver 10% de leur programmation à la nouvelle création.

Yannick JADOT

Dans le cadre d’un plan de relance, le candidat du parti Europe Ecologie-Les Verts souhaite affecter 1 milliard d’euros supplémentaire par an au budget du ministère de la Culture, en sanctuarisant notamment le soutien à la création et aux artistes, en augmentant la part dédiée à la création à hauteur de 25% du budget global. Ce plan permettra aussi de financer la mise en place de l’éga-conditionnalité dans les aides publiques et les établissements qui dépendent du ministère de la Culture, l’aide à la transition écologique du secteur, ainsi que le soutien aux pratiques en amateur et aux artistes-auteurs. S’il était élu, une nouvelle étape de la décentralisation culturelle serait franchie en mettant des moyens supplémentaires à destination des territoires, tout en favorisant la co-construction des politiques publiques entre l’État, les collectivités territoriales et les acteurs culturels, dont associatifs.

Sortir les artistes-auteurs de la précarité est un enjeu essentiel pour Yannick Jadot, le candidat proposant la mise en place d’un revenu garanti pour les artistes-auteurs qui ont vocation à vivre de leur création, et dont les métiers ne relèvent pas du régime de l’intermittence du spectacle. Une attention particulière serait portée à la défense du droit d’auteur s’il était élu, par la création d’une mission « Culture & Numérique » où une réflexion avec les artistes et les professionnels de la culture aux pistes serait mise en œuvre pour mener une politique innovante de sobriété numérique, permettant à la fois de favoriser le développement de la culture et de la création s’appuyant sur le numérique, afin d’accompagner les pratiques, les innovations et la diffusion au plus grand nombre des œuvres et du patrimoine, et de réduire l’impact environnemental du numérique dans le champ culturel et créatif.

Des aides à la structuration et à la consolidation de l’emploi seront proposées pour tous les lieux de culture indépendants nés d’initiatives d’artistes ou d’habitants parfois réunis en collectifs.

Trois axes sont proposés dans le programme du candidat : la mixité et la cohésion sociale, la promotion de la diversité des esthétiques, et la multiculturalité. Un plan national des pratiques culturelles et artistiques amateurs est proposé aux électeurs.

Valérie PÉCRESSE

La candidate des Républicains souhaite garantir une éducation artistique et culturelle de la maternelle à l’université, faire porter par chaque établissement scolaire ou universitaire un projet culturel et créer des chaires artistiques dans les universités en faveur d’échanges culturels à l’étranger. Pour ce faire, Valérie Pécresse propose de tripler le budget alloué à l’éducation artistique et culturelle, pour le porter de 100 à 300 millions d’euros par an, par réallocation des moyens dédiés au pass Culture. Pour les conservatoires, elle propose le développement des pratiques collectives de la musique. Pour les établissements publics culturels, elle souhaite les inciter à consacrer une part significative de leur budget à des actions en région, via des installations durables ou des politiques de diffusion et d’itinérance.

Afin de baisser le prix des disques, des musiques enregistrées, physiques et digitales, aujourd’hui assujettis à une TVA de 20,6%, le programme des Républicains propose d’instaurer un taux réduit de TVA (5,5%) sur tous les biens culturels, parce que « la culture est aussi un bien essentiel. »

Concernant la création artistique, la candidate souhaite soutenir les acteurs culturels touchés par les restrictions sanitaires en mettant en place dès l’été 2022 un plan de reprise post-COVID pour ceux qui subissent des baisses de fréquentation importantes. Elle propose de multiplier les résidences d’artistes, de lutter contre le piratage des contenus audiovisuels et de créer un fonds national pour les talents émergents doté de 250 millions d’euros sur 5 ans. Chaque institution aidée réservera une part de sa programmation à des jeunes femmes. Enfin, toujours sur le plan de la musique classique, Valérie Pécresse propose de faire rayonner la francophonie en imposant au Centre de la Musique de financer 10% d’œuvres francophones d’artistes et d’auteurs non français.

Philippe POUTOU

Le programme culturel du candidat anticapitaliste dénonce la loi des grands groupes qui imposeraient leurs productions : « dans le domaine de la culture, l’argent fait aussi la loi. » Philippe Poutou souhaite que les artistes créent et diffusent leur art librement et veut garantir aux intermittents du spectacle un revenu au moins équivalent au Smic, augmenté de 1 800 € net. La culture n’étant pas une marchandise pour le candidat, elle se doit d’être accessible gratuitement à tous.

Nicolas DUPONT-AIGNAN

42 mesures dédiées à la culture pour le candidat du parti Debout la France, qui considère que « la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité. » Pour renouer avec une ambition culturelle sur l’ensemble du territoire, Nicolas Dupont-Aignan propose de créer un grand ministère de la Culture englobant le patrimoine, le tourisme, le spectacle vivant, les arts, les lettres, le cinéma et la communication, et de sanctuariser le 1% du budget de l’État dédié à la culture en consacrant 0,5% de ce budget à tous les grands programmes d’équipements publics dédiés à la création artistique. Il propose de réduire la fracture géographique d’accès à la culture, notamment dans les territoires ruraux, en resserrant le maillage des structures nationales (scènes nationales, CDN, CCN, CLM, etc.).

Pour le spectacle vivant et vidéo, le candidat propose de développer le mécénat par le biais d’un assouplissement de la loi Aillagon, soit en portant le plafond de réduction de l’impôt sur les sociétés de 0,5 à 1% du chiffre d’affaires des entreprises. Il souhaite conserver le régime de l’intermittence, et instaurer la transparence dans l’attribution des subventions tout en veillant au renouvellement des jurys. La 25ème mesure est dédiée spécifiquement à l’art lyrique et à sa « survie » avec la volonté d’inscrire de manière beaucoup plus nette l’opéra dans les programmations scolaires dans les cours de musique et d’utiliser la télévision comme levier de diffusion plus fréquent.

L’élargissement de l’accès à la culture grâce au numérique se jouera, pour le candidat, dans l’abrogation de la loi Hadopi et en assurant une juste rémunération des auteurs grâce au mécanisme d’une licence globale, prélevée sous la forme d’une contribution forfaitaire mensuelle sur chaque abonnement Internet, et redistribuée au prorata des audiences respectives. Il souhaite également créer une plateforme publique unique de diffusion des contenus culturels regroupant les contenus de l’audiovisuel public, de la BNF, des grands musées, etc.

Dans la volonté de « remettre nos institutions au service d’une culture populaire de qualité », Nicolas Dupont-Aignan propose d’offrir un « ticket découverte culturelle » par an à tous les Français à partir de 16 ans.

Pour renouer avec un enseignement culturel ambitieux, le candidat veut faire de l’enseignement artistique une priorité et favoriser l’intervention d’artistes dans le système éducatif en doublant le plafond d’heures prises en compte dans l’assurance chômage, soit 110 heures contre 55 heures actuellement. Il souhaite permettre à tous les écoliers de préparer au moins une œuvre artistique et inclure dans la formation initiale et continue des enseignants du premier comme du second degré un enseignement sur la pédagogie des arts et l’exploitation didactique des sorties scolaires.

Enfin, pour les personnes en situation de handicap, Nicolas Dupont-Aignan propose de rendre le spectacle vivant plus accessible à tous les publics, en généralisant des expériences locales pour les non-voyants : les visites tactiles de décor en amont du spectacle et les chuchoteurs de salle qui glissent à l’oreille ce qui se passe sur scène ; pour les personnes sourdes et malentendantes : systématiser l’usage du sur-titre ou proposer, partout où cela est possible, des signeurs de salle. Il souhaite enfin mettre en place un référentiel national des réductions tarifaires ou gratuités, qui aujourd’hui restent à la discrétion de chaque structure culturelle.

Crédits photographiques : Carte électorale © DR ; les douze candidats à la présidentielle © Joël Saget et Eric Feferberg AFP

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