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Andsnes s’amuse à mettre en scène les Impressions Poétiques de Dvořák

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Antonín Dvořák (1841-1904) : Impressions poétiques op. 85 B. 161. Leif Ove Andsnes, piano. 1 CD Sony Classical. Enregistré à la Olavshallen de Trondheim, en Norvège, en avril 2021. Notice en anglais et allemand. Durée : 56:10

 
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a trouvé un bon “filon” car après un précédent récital réussi consacré au piano Sibelius, le voici explorant quelques pages peu jouées du compositeur de la Symphonie « du Nouveau Monde ». Nulle découverte majeure, mais un album des plus agréables à entendre.

Danses slaves, Eglogues, Humoresque, Thème et variations, valses, mais aussi pièces à quatre mains dont les admirables Silence des forêts et Légendes… Près de cinq heures de musique composent le legs de Dvořák. Un legs qui fait appel, le plus souvent, à une solide technique afin d'explorer des partitions d'inspirations très éloignées les unes les autres et réunies par des cycles qui n'en sont pas toujours. Nullement pianiste de formation, Dvořák évita soigneusement la concurrence germanique de la “grande” sonate. De fait, son œuvre pour le clavier est encore négligée car décrite sans “colonne vertébrale” et, pour ainsi dire, “salonnarde” voire de nature “alimentaire”.

Saluons l'initiative du pianiste norvégien qui entreprend de nous faire redécouvrir après Radoslav Kvapil (Supraphon, Unicorn), William Howard (Chandos), Inna Poroshina (Brilliant), et Elena Bashkirova (Avi), entre autres, ces pages datées de 1889. La forme et l'esthétique des Impressions poétiques témoigne de l'influence prépondérante de Schumann au point que Dvořák force un peu le trait (il faut vendre à l'éditeur un programme attractif) dans l'attribution de titres au caractère parfois épique, à chacun des treize morceaux. Il ne s'agit nullement de miniatures ni de pièces de genre, mais d'une sorte de pot-pourri d'œuvres sans liens entre elles. Un semblant d'unité doit se créer entre chaque Impressions Poétiques et Andsnes s'y emploie avec talent. Tout au long de celles-ci s'impose un climat de confidences, des atmosphères schumanniennes (n°2, n°4) mendelssohniennes (n°4) sans le génie de l'un comme de l'autre. Andsnes ne s'en tient pas pour autant à l'évocation du seul répertoire pianistique : il est aussi un musicien de théâtre et il sait le poids des légendes, celles annonciatrices de Rusalka (Au vieux château, n°3). L'étonnante capacité du pianiste à nous faire prendre quelques pages simplement habiles, pour de petits joyaux (il fit de même dans son récital Sibelius) conduit à quelques pages presque concertantes (Ballade champêtre, n°5) aux accents lisztiens, parfois même teintées d'humour dans l'épisode Près de la tombe du héros (n°12), réminiscence d'Après une lecture de Dante, voire parodie dans la Danse des lutins (n°8). Disons-le : le matériau est souvent un peu creux et plus encore dans Cruelle souvenance (n°6), tango à la sauce bohème que l'interprète sauve avec un chic fou. Ailleurs, clarté et panache sont au rendez-vous comme dans le Furiant (n°7) aux accents d'une polonaise chopinesque, quand La Bacchanale (n°10) et A la montagne sacrée (n°13) tendent vers le scherzo du même exilé polonais. On sourit à l'étonnante et si belle cantilène de la Sérénade – le génie mélodique de Dvořák sidère dans toute son œuvre – dont on se demande ce qu'elle vient faire dans un tel patchwork.

Peu d'interprètes sont capables, à l'égal de , de faire briller des bibelots qui appartiennent bien davantage à l'étal du brocanteur qu'au salon de l'antiquaire. Un album délicieusement et incompréhensiblement bienvenu.

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Antonín Dvořák (1841-1904) : Impressions poétiques op. 85 B. 161. Leif Ove Andsnes, piano. 1 CD Sony Classical. Enregistré à la Olavshallen de Trondheim, en Norvège, en avril 2021. Notice en anglais et allemand. Durée : 56:10

 
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