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Sonates de Chopin et Brahms transcrites pour alto et piano par Ettore Causa et Boris Berman

Le 13 mars 2024 par Jean-Luc Caron

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Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate en sol mineur op. 65 pour violoncelle et piano, transcrite pour alto et piano. Johannes Brahms (1833-1897) : Sonate en sol majeur op. 78 pour violon et piano, transcrite pour alto et piano. Boris Berman, piano ; Ettore Causa, alto. 1 CD Le Palais des dégustateurs. Enregistré au Morse Recital Hall, Yale University, New Haven, Etats-Unis, en septembre 2012 (Chopin) et en décembre 2018 (Brahms). Notice de présentation en anglais et français. Durée : 56:41

Le Palais des Dégustateurs

L'altiste Ettore Causa et le pianiste Boris Berman ont transposé eux-mêmes, et non sans talent, les souhaits initiaux de Frédéric Chopin et de Johannes Brahms pour deux de leurs sonates.

Faut-il impérativement figer une interprétation voulue par un compositeur ? Faut-il obligatoirement respecter les effectifs désignés une fois pour toutes par le créateur ? Le présent enregistrement pose le questionnement et y répond avec honnêteté dans une notice de présentation à la fois informative et critique. Avec un esprit de clarté et de synthèse remarquable, l'auteur de la notice apporte moult explications en faveur de ces transcriptions, sans se priver d'en souligner les points forts, les limites ou les insuffisances.

Si le piano demeure une constante, le violoncelle de la Sonate en sol majeur de Chopin perd son violoncelle tout comme la Sonate en sol majeur de Johannes Brahms abandonne son violon. Les deux au profit de l'alto. Le résultat au niveau interprétatif est tout à fait convaincant, reflet d'un travail sérieux et positif. En ce qui concerne la philosophie de ces choix, on laissera l'auditeur faire sa propre analyse s'il a la possibilité de comparer ce travail aux versions classiques décidées et originales par Chopin et Brahms. Ces dernières, l'histoire nous l'apprend, étaient susceptibles de subir lors de concerts des modifications en fonction de circonstances, qu'il s'agisse de leur état d'esprit du jour, des possibilités techniques des instruments à disposition et de la capacité ponctuelle des instrumentistes. N'oublions pas en plus – au-delà de ces circonstances – l'envie des compositeurs eux-mêmes d'apporter tel ou tel aménagement, renoncement ou innovation à leurs partitions, qui sont leur stricte propriété.

Notre conseil serait donc, pour le non-spécialiste, de se lancer dans l'écoute décontractée de ces deux chefs-d'œuvre. Attitude la plus propice pour apprécier le résultat en se rappelant que globalement les qualités saillantes des deux sonates ne sont que peu ou pas amoindries. Ainsi lui sera-t-il loisible de retrouver cette dernière Sonate op. 65 de Chopin en quatre mouvements (Allegro moderato, Scherzo, Largo et Finale, allegro) qui l'occupa en 1845-1846 et dont la création se déroula chez lui en mars 1847. La même attitude vaut pour la Sonate n° 1 de Brahms élaborée en 1878-1879, en trois mouvements (Vivace ma non troppo, Adagio et Allegro molto moderato) dont la première exécution fut assurée par le compositeur à Vienne en novembre 1879.

La présence de l'alto n'altère pas, ou très peu, les beautés de timbre véhiculées, les délicates inventions thématiques dessinées, les rythmiques habilement façonnées même si, in fine et à notre avis, le violoncelle si singulier chez Chopin et le violon tant aimé de Brahms nous rapprochent immanquablement des pages originales.

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