Le radeau perdu de la méduse à la Cité de la Musique
Emio Greco et Peter C. Scholten mettent en scène Nous, le radeau, une composition musicale de Franck Krawczyk à la Cité de la Musique.

Le spectacle commence dans le hall d'accueil de la Cité de la Musique avec une installation de mini-globes lumineux connectée à un ordinateur. C'est un danseur, déjà présent sur scène et équipé de capteurs reliés à l'intelligence artificielle, qui active la partition sonore et lumineuse de ce prologue.
La suite du spectacle utilise toute la profondeur de la Salle des concerts pour déployer la partition musicale de Franck Krawczyk. Les chœurs sont placés de part et d'autre de la scène, au premier balcon, dirigés par le chef de chœur Antoine Bretonnière depuis le fond de ce même balcon. Sur les mezzanines, un bassiste et un batteur, le duo Boucan, accompagnent le danseur encore seul en scène. Il est soudain rejoint par six autres interprètes, portant une sorte de pagne coloré, évoquant de très loin les personnages désespérés du Radeau de la méduse, qui donne son titre au spectacle : Nous, le radeau. Le dispositif musical est complété peu de temps après par la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, juchée sur une estrade qui s'avance vers le public, et par le pianiste Wilhem Latchoumia.
Tout est prêt pour plus d'une heure de musique aux inspirations éclatées et à l'instrumentation variée : chœur, musique enregistrée et parties instrumentales. Si le projet musical de Franck Krawczyk, qui mêle grandes pages de l'histoire de la musique (Requiem, Sacre du printemps…) et onomatopées, souffles, murmures, interjections ou bruitages avec ses propres compositions est intéressant, la danse d'Emio Greco et Peter C. Scholten l'est beaucoup moins.
On cherche en vain la musicalité dans cette danse informe et disgracieuse, dont la construction est loin d'être aussi savante que la musique. Il n'y a guère qu'à la fin du spectacle, dans deux séquences purement rock où le bassiste et le batteur du duo Boucan prennent le lead, que danse et musique sont au diapason.
Pour apprécier le reste, on devra se contenter du très beau solo de Sonia Wieder-Atherton ou du piano-jouet de Wilhem Latchoumia, mais aussi de la clarinette au lointain de Carjez Gerretsen ainsi que d'un ensemble hétéroclite, formé de l'Ensemble vocal du CRR de Pantin, du Chœur de la Philharmonie du COGE, de l'Ensemble vocal du COGE, et du Chœur A Piacere pour capturer l'oreille à défaut de la vue.









