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Le Requiem de Donizetti parfaitement servi au Festival de Saint-Denis

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Saint-Denis. Basilique Cathédrale. 5-VI-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Messa da Requiem. Claudia Muschio, soprano ; Alisa Kolosova, mezzo-soprano ; Bogdan Volkov, ténor ; Vito Priante, baryton ; Jean Teitgen, basse. Chœur de l’Orchestre de Paris (Chef de chœur : Richard Wilberforce). Orchestre national d’Île-de-France, direction musicale : Speranza Scappucci

Concert parmi les plus prometteurs du Festival de Saint-Denis 2025, le trop rare Requiem de Donizetti trouve en la personne de une excellente cheffe, parfaite pour agencer les masses de l'Orchestre national d'Île-de-France derrière un quintette vocal équilibré, et surtout un Chœur de l'Orchestre de Paris superbement préparé.

Visiblement connu de Verdi, dont on se dit à l'analyse de certaines parties (l'Ingemisco) et de la structure qu'il ne pouvait pas ne pas avoir en tête cette partition en composant son propre Requiem, la Messa da Requiem de est commencée en 1835 à la mort de Bellini. Jamais achevée, cette messe est pourtant la seule des quatre composées par Donizetti dont il reste encore une trace, même si certaines parties (Agnus Dei, Sanctus, etc.) semblent n'avoir jamais été écrites, sans que l'on ne puisse déterminer avec certitude si cela était volontaire ou non de la part du compositeur.

Véritable lien entre le Requiem de Mozart et celui de Verdi, celui de Donizetti n'est créé que bien après sa mort et rejoué occasionnellement (un enregistrement de Gavazzeni de 1961 avec Leyla Gencer existe, par exemple), avant qu'une nouvelle édition (1974) lui redonne un peu de notoriété (il sera gravé par Pavarotti et Bruson en 1980). En 1997, l'édition Ricordi clarifie la partition et assoit définitivement le fait qu'il ne faut pas un quatuor vocal (comme sur les enregistrements précités), mais bien un quintette, où la basse n'est pas seulement en alternance ou en doublon avec le baryton, puisqu'au Tuba Mirum les trois voix masculines se répondent avec d'un côté le baryton et de l'autre la basse en duo avec le ténor.

Passionnante, la partition est sans doute la meilleure de Donizetti hors opéra et l'une des messes les plus importantes de la période bel cantiste. Pour la servir, la cheffe est donc l'une des artistes les mieux placées du moment, et emmène dès l'introduction un beau National d'Île-de-France dans des sonorités à la fois souples et contrites. Passée cette partie à l'orchestration apocryphe, le Chœur de l'Orchestre de Paris montre qu'il n'a rien perdu en qualité depuis l'arrivée du chef britannique Richard Wilberforce. Dès la première partie, Requiem aeternam, l'ensemble affiche une très bonne préparation et un remarquable équilibre entre les différents groupes, avec aussi une bonne adaptation à l'acoustique de la Basilique Saint-Denis.

Le Tuba Mirum met en valeur les hommes, lancé par , auquel répond la voix plus aigüe du ténor soutenue par celle pleine de gravité de la basse , se distinguant également dans d'autres parties. L'Ingemisco revient au seul ténor, solide pour faire passer l'émotion de cette très belle partie, toujours bien portée à l'orchestre par l'italianité de Scappucci. D'ailleurs, l'œuvre offre aussi d'intéressants solos aux instrumentistes et met en avant le premier violoncelle et surtout la première violon , ou donne de l'importance aux cuivres et aux timbales, invisibles à droite de la scène. Avec quelques moments pour elles, la soprano et la mezzo-soprano complètent le quintette en offrant aussi un très bon équilibre et  en apportant de la luminosité aux tutti, dont celui du final, puissant Libera me, Domine.

Crédits photographiques : © Édouard Brane / Festival de Saint-Denis

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Saint-Denis. Basilique Cathédrale. 5-VI-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : Messa da Requiem. Claudia Muschio, soprano ; Alisa Kolosova, mezzo-soprano ; Bogdan Volkov, ténor ; Vito Priante, baryton ; Jean Teitgen, basse. Chœur de l’Orchestre de Paris (Chef de chœur : Richard Wilberforce). Orchestre national d’Île-de-France, direction musicale : Speranza Scappucci

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