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Iván Fischer ouvre les Rencontres Musicales d’Évian 2025

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Évian. La Grange au Lac. 25-VI-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : Kindertotenlieder, cinq chants sur des poèmes de Friedrich Rückert. Gerhild Romberger, contralto. Symphonie n°5 en do dièse mineur. Budapest Festival Orchestra, direction musicale : Iván Fischer.

Pour leur première à Évian, et le entrent dans la Grange au Lac avec l'un de leurs compositeurs fétiches, , et offrent une Symphonie n°5  d'une superbe énergie, après des Kindertotenlieder en compagnie de la contralto .

Alors qu'est attendue pour l'édition 2026 l'ouverture de La Source Vive, une nouvelle salle d'environ 500 places dans laquelle se tiendront les concerts de chambre, les Rencontres Musicales d'Évian se tiennent cette année intégralement à La Grange au Lac, dont la scène à la capacité récemment augmentée permet maintenant l'accueil de grands orchestres symphoniques.

Pour ouvrir l'édition 2025, Renaud Capuçon a fait appel au chef hongrois et à son bien nommé , présents pour l'occasion avec un programme intégralement dédié à Mahler et à ses œuvres du tournant du siècle dernier. En première partie, les Kindertotenlieder (1901-1904) font appel à une autre grande habituée du compositeur, la mezzo et contralto , beaucoup entendue depuis plus d'une décennie dans la Symphonie n°3 dont cette saison à Paris avec Jukka-Pekka Saraste, qu'elle a enregistré avec Dudamel (Berliner), Haitink (BR Klassik, Clef ResMusica), et , ce dernier avec lequel elle partage aussi le Das Lied von der Erde, sans avoir jusqu'à présent laissé les Kindertotenlieder au disque autrement qu'en version piano-voix

À Évian, elle dévoile pour la version avec orchestre un timbre encore plus grave que celui de l'album de 2016, et une implication de tous les instants sur le texte. En revanche, si l'ensemble surprend d'abord par un jeu très délié qui contribue sans doute à ne pas transporter la partition vers trop de tristesse, on ressent aussi une certaine distance émotionnelle dans le chant. Pourtant, les poèmes de Rückert sont parfaitement déclamés par Romberger, précise sur chaque mot, tandis que le hautbois introduit magnifiquement le premier lied, aussi bien suivi du basson. Cependant, les cordes toujours aussi identifiables aux couleurs boisées de la formation hongroise manquent souvent de franchise et de gravité, notamment au troisième lied pour ce second point, et au dernier lied de rudesse, sans doute amoindrie aussi par l'acoustique très claire de la salle.

En seconde partie de concert, l'ensemble revient bien plus massif en scène pour la Symphonie n°5 (1902), et procure par la même occasion plus de vigueur, non seulement grâce aux cordes, mais aussi par le fantastique trompettiste pour ouvrir l'œuvre. Puissant, terrestre, naturel, vivant, le continue de montrer sa véritable identité en même temps qu'une maturité totale pour Mahler. Par rapport à l'enregistrement de 2013, Iván Fischer n'a pas changé de point de vue : il juge toujours cette symphonie comme la plus ouvertement marquée par la culture juive du compositeur et en dégage très bien cette idée, notamment dans une inquiétante Trauermarsch introductive, pleine de contrastes et de mouvements d'humeurs.

En grand chef mahlérien, il identifie bien plus la structure en trois parties plutôt qu'en cinq mouvements, et lie donc les deux premiers et les deux derniers, pour ne s'interrompre vraiment qu'autour du Scherzo, où il va jusqu'à placer son premier cor solo (corno obbligato) sur le devant de la scène, juste à côté de lui. Si les cordes graves ont pu s'exprimer à loisir en première partie et notamment lors du Stürmisch bewegt, le Scherzo fait la part belle aux cuivres et ravive les sonorités colorées et enjôleuses de l'ensemble. Toujours pleine de contrastes, l'interprétation bénéficie fantastiquement de la prestation du cor, jamais mis sous pression malgré sa position de soliste.

Comme lors des précédentes propositions du chef, l'Adagietto garde un tempo relativement rapide et manque sans doute d'un peu de poids par son geste très souple. Le final remet en avant les vents, dont il faut citer à nouveau les bois, passionnants depuis le début de la soirée et notamment dans les échanges de notes et de thèmes fugaces au second lied en première partie, et toujours vaillants près de deux heures plus tard dans le final de la symphonie. Les cordes et les cuivres affichent en revanche un peu plus de fatigue, avec l'avantage de créer une véritable impression de lutte dans ce dernier mouvement, et d'être tout de même capable de retrouver de l'énergie pour lâcher toutes leurs forces dans une coda tellurique.

Crédits photographiques : © Les Mélèzes Matthieu Joffres

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Évian. La Grange au Lac. 25-VI-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : Kindertotenlieder, cinq chants sur des poèmes de Friedrich Rückert. Gerhild Romberger, contralto. Symphonie n°5 en do dièse mineur. Budapest Festival Orchestra, direction musicale : Iván Fischer.

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