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À la Maison Jean Vilar à Avignon, ouverture de l’exposition « Les clés du Festival »

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Maison Jean Vilar, Avignon. Du 5-VII-25 au 28-VI-31. Exposition Les clés du Festival. Commissariat d’exposition et textes : Antoine de Baecque, assisté d’Adrian Blancard. Conseiller scientifique : Jean-Baptiste Raze (Département des Arts du spectacle, BnF). Coordination générale : Nathalie Cabrera. Scénographie : Claudine Bertomeu. Lumière : Jean Bellorini. Comité scientifique : Bibliothèque nationale de France, Association Jean Vilar. Production :Association Jean Vilar en coproduction avec la BnF et en partenariat avec le Festival d’Avignon, le T.N.P., les Archives du spectacle, l’INA, Arte et la Compagnie des Indes. Un projet labellisé Avignon – Terre de culture 2025. Entrée : 4 à 8 euros.

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Le Festival d'Avignon a désormais son lieu de mémoire permanent. Inaugurée le 5 juillet 2025 à la , l'exposition Les clés du Festival invite les visiteurs à découvrir l'aventure du Festival d'Avignon des origines à nos jours. Conçue par , historien du spectacle et commissaire de l'exposition, cette exposition documentaire riche et immersive retrace le parcours singulier d'un festival en perpétuelle transformation.


Dès l'entrée dans la cour de la , le visiteur est accueilli par deux imposantes figures de proue rescapées du Soulier de satin d'Antoine Vitez, monté dans la Cour d'honneur en 1987, offertes par le Théâtre de Chaillot et restaurées pour l'occasion. Dans l'escalier, une fresque dessinée fait le lien entre figures fondatrices du Festival d'Avignon, à commencer par , et imaginaires contemporains, à proximité d'un diaporama photographique de l'édition précédente du Festival d'Avignon, signée Christophe Raynaud de Lage, le photographe officiel du festival.

L'exposition Les clés du Festival adopte en effet un double mouvement : raconter l'histoire du festival depuis ses débuts, tout en parlant du présent. Deux grands axes structurent la visite de l'exposition, au fil d'une scénographie immersive, au premier étage de la . La première section s'ouvre sur « la fabrique du festival », grâce à des témoignages de techniciens, des documents d'archives, tableaux techniques montrant la logistique impressionnante qui sous-tend la magie du plateau, mais aussi des maquettes de la Cour d'honneur et de la Carrière de Boulbon, lieux emblématiques du Festival d'Avignon. Dans une autre section, une carte interactive permet de visualiser la ville-théâtre en plein festival. On y découvre comment le Festival d'Avignon, événement de création par excellence, a su investir une cité sans infrastructures scéniques pérennes. De même, la parole du public est retracée grâce aux archives des spectateurs et aux enquêtes sociologiques, qui révèlent un lien fort entre l'événement et ceux qui le traversent.

Cette géographie mouvante se prolonge dans les salles suivantes à travers des extraits de captation et des objets issus de spectacles emblématiques du festival, mais aussi de costumes ou de morceaux de décors, dont une section immersive qui sera dédiée chaque année à un spectacle marquant du festival. Cette année, il s'agit de Saïgon de Caroline Guiela Nguyen.


L'une des parties principales de l'exposition embrasse enfin les grands enjeux artistiques, sociaux et politiques portés par le festival depuis sa création en 1947. Quand la danse entre au programme du festival, en 1966, invitant et le Ballet du XXe siècle, s'enclenche un mouvement irréversible d'ouverture à d'autres disciplines et expériences du corps, par lesquelles vient aussi la féminisation des artistes invitées à se produire. est, par exemple, la première chorégraphe femme à danser dans la Cour d'honneur. Un film présenté dans l'exposition évoque les danseurs et danseuses qui ont marqué Avignon, des équipes de Merce Cunningham à celles de Pina Bausch, d'Anne-Teresa de Keersmaeker à Jean-Claude Gallotta, de Boris Charmatz à Mathilde Monnier.

De la fin des années 1960 jusqu'aux années 1990, où les spectacles sous-titrés se généralisent, l'internationalisation du festival est aussi un processus essentiel. Ce lien entre le festival et le reste du monde perdure dans les années 2000 jusqu'à aujourd'hui avec les langues invitées : l'anglais en 2023, l'espagnol en 2024 puis l'arabe en 2025… Enfin, l'exposition aborde également les engagements politiques du festival : mai 68, les mobilisations pour la paix ou la justice, la structuration du Off dès 1966, sont autant de jalons évoqués à travers vidéos, manuscrits, programmes et affiches.

Le festival de

L'exposition permet dans sa seconde partie de replonger dans les origines et la fondation du Festival d'Avignon, grâce à près de mille documents et archives de la Maison Jean Vilar et des collections de la Bibliothèque nationale de France et notamment aux photographies d'Agnès Varda, amie proche du couple Vilar. Rarement une manifestation artistique et culturelle a été aussi identifiée à son fondateur et premier directeur, Jean Vilar, dont l'idée initiale est de rendre un théâtre de grande forme accessible au plus grand nombre. Attirant dès sa création en 1947 un public fervent et fidèle, le festival devient tout de suite incontournable. Sa réforme au milieu des années 60, par Vilar lui-même, ouvre alors le festival à d'autres esthétiques, à de nouveaux lieux, à des artistes de générations émergentes – autant d'étapes qui sont racontées à travers les lettres, affiches, programmes, maquettes de costumes et carnets de travail exposés.

Estimant qu'Avignon doit mieux ressembler à son époque, Jean Vilar réforme donc le festival. En 1964, pour la première fois, il ne propose aucun spectacle lui-même, mais invite d'autres metteurs en scène. Deux ans plus tard, en 1966, le 20ème Festival d'Avignon est celui des grands changements. et son Ballet du XXème siècle sont programmés dans une Cour d'honneur réaménagée, tandis que le metteur en scène Roger Planchon propose deux spectacles sur la place du Palais des Papes. Enfin, le festival est réorganisé en une régie municipale, disposant d'une plus grande autonomie. Ces bouleversements relancent la manifestation et lui donnent sa dimension moderne, qui perdure encore aujourd'hui.


En clôture de l'exposition, une frise chronologique inédite, écrite année par année par , propose une traversée minutieuse et subjective de l'histoire du festival, de 1947 à 2024. Ayant vocation à rester pérenne, au moins jusqu'en 2031, Les clés du Festival s'impose comme une exposition-palimpseste, où chaque spectateur ou visiteur pourra activer sa propre lecture du mythe avignonnais. De nombreux événements sont proposés tout au long du mois de juillet pour accompagner la visite. Au programme de ce mois de festivités, un feuilleton-spectacle, des rencontres mythiques, des lectures… Une occasion idéale pour saisir ce qui fait l'unicité d'un événement devenu patrimoine vivant.

Crédits photographiques : La Cour d'honneur du Palais des Papes lors d'une représentation, juillet 2023 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon ; Programme, Semaine d'Art en Avignon, 1947 – fonds association Jean Vilar. La Semaine d'Art deviendra le Festival d'Avignon à partir de 1948 ; Saluts du Soulier de satin, Cour d'honneur du Palais des Papes, 1987 – Photographie Maurice Costa © succession Costa

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