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50 ans du Festival du Comminges, Victor Julien-Laferrière mise sur les fondamentaux

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Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 25-VII-2025. Œuvres de Pierre Villette (1926-1998), John Tavener (1944-2013), Caroline Shaw (né en 1982), Alonso Lobo (1555-1617), Félix Mendelssohn (1809-1847), Josef Rheinberger (1839-1901), Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Tomás Luis de Victoria (1548-1611), Francisco Guerrero (1528-1599), Olivier Messiaen (1908-1992). Ensemble La Sportelle.

Martres-Tolosane. Espace Culturel Angonia. 28-VII-2025. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : Suites n°2, 4 et 5 pour violoncelle seul. Victor Julien-Laferrière, violoncelle.

Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 20-VIII-2025. Maurice Duruflé (1902-1986) : Quatre motets sur des thèmes grégoriens ; Thomas Ospital (né en 1990) : Sanctus – Messe Romane ; Christopher Gibert (né en 1993) : Salve Regina ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Requiem. Chœur Dulci Jubilo. Thomas Ospital, orgue.

Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 30-VIII-2025. Œuvres de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Georges Bizet (1838-1875), Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Edvard Grieg (1843-1907), Manuel de Falla (1876-1946). Rallye Trompes du Comminges. Elisabeth Amalric orgue. Gérard Seel, orgue.

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a fêté les 50 ans du Festival de Comminges en proposant une rétrospective des grands piliers du Festival, depuis la restauration en 1975 de l'orgue de la Cathédrale Sainte-Marie initiée par Paul Guilloux, mélomane éclairé, suivie par Pierre Lacroix, industriel et mécène du Festival durant de nombreuses années.

La contemplation de l'

Autour de quatre temps méditatifs que sont la contemplation (émerveillement du commencement avec plusieurs relectures du chant grégorien O Magnus Mysterium), le doute (Verso est in Luctum d'Alonso Lobo et Mein Gott, worum host du mich verlassen ? de Mendelssohn), la confiance dans la mère par le biais du Mother of Gof here I stand de John Tavener et l'Hymne à la Vierge de Pierre Villette, et enfin l'adoration le Lauda Mater Ecclesia de Francisco Guerrero et le mystérieux O Sacrum Convivium de Messiaen, on retrouve en concert les qualités musicales de l', tout droit venu de Rocamadour, que l'on avait appréciées dans leur album Le Grand Mystère : symbiose des voix en faveur d'un ensemble d'une agréable homogénéité, élégance des lignes et sobriété des effets et des nuances pour un moment contemplatif tant promis à la lecture du programme. Les parties contemporaines d'orgue qui ponctuent la soirée sont du meilleur effet, et ajoutent à la variété des pièces tout en s'inscrivant dans une vraie cohérence de cheminement.

Ces grandes étapes musicales ont été pensées pour être spatialisées. Si la déambulation des neuf chanteurs au sein de la Cathédrale Sainte-Marie n'est pas une innovation et apparaît régulièrement dans le festival et d'une façon générale dans les spectacles de musiques anciennes, elle est ici problématique quand le chœur est près de la moitié du temps invisible ou tourne le dos au public ! Un concert, ce n'est pas qu'une acoustique et de la musique. L'interprétation du chant passe aussi par des regards, un corps en mouvement, une connexion physique avec un public… Et cela même si on défend « un cheminement intérieur ».

Trois Suites de Bach pour le violoncelliste

Le directeur artistique du Festival a souhaité être le premier artiste de musique classique à jouer dans la nouvelle salle de Martres Tolosane, l'espace culturel Angonia inauguré en mai dernier. C'est face à une salle comble et avec une parfaite acoustique pour le violoncelle de Montagnana, que se lance avec conviction dans trois Suites de Jean-Sébastien Bach.

L'influence populaire de Bach est ici moins exposée, pour une lecture plus sobre et plus contenue que les danses auraient pourtant pu amener. Victor Julien-Laferrière ne s'inscrit pas non plus dans une vision romantique défendue par certains, mais revient sur la force didactique de ces pièces qui ont retrouvé le devant de la scène dans les années 1920, et qui sont aujourd'hui un incontournable de tout artiste confirmé qui souhaite en proposer sa propre vision.

Point de virtuosité donc dans cette approche allemande ou les formules rhétoriques prévalent. Victor Julien-Laferrière fait pourtant le choix d'une interprétation autant libre que rigoureuse, de part un archet fluide et des ornements implacable pour la Suite n°2 en ré mineur BWV 1008. La clarté de la polyphonie est manifeste et le sens de la mélodie certain.

La simplicité de la déclamation dans la Suite n°4 en mi bémol majeur BWV 1010, traduit la volonté de l'interprète de prôner un souci patent de la vocalité sans grandiloquence, la Présidente du Festival, Francine Antona Causse, faisant naturellement le parallèle entre le violoncelle et la voix lors de son discours introductif. La justesse des intonations et la projection des phrasés caractérisent un jeu séduisant.

Il faut bien dix minutes d'entracte pour que le musicien passe à un violoncelle scordato, avec la corde de la baissée un ton au-dessous pour exécuter la Suite n°5 en do mineur BWV 1011. Le timbre particulier de l'instrument caractérise une interprétation solennelle soutenue par la sobriété de jeu de l'interprète, visiblement ravi de cette expérience martraise.

La berceuse de la mort de Fauré par Dulci Jubilo

Le concert autour du Requiem de Fauré fait la part belle aux forces musicales du Sud-Ouest : entre l'organiste basque et l'ensemble vocal Dulci Jubilo de Montauban, l'alchimie entre ces artistes, depuis plusieurs années déjà, fait merveille.

La richesse du programme est particulièrement appréciable. La réappropriation du chant grégorien par avec ses Quatre motets judicieusement mêlés, dans la grande tradition française, avec les improvisations inventives et empreintes d'audace du titulaire du grand orgue de Saint-Eustache à Paris débute la soirée.

La musique contemporaine fait le lien avec l'œuvre magistrale annoncée : d'abord avec le superbe Sanctus – Messe Romane composé par l'organiste, presque sensuel sous le chant des 12 interprètes, et le pas moins savoureux Salve Regina du chef de chœur Christopher Gilbert que l'on peut retrouver facilement au disque dans le premier enregistrement de l'ensemble vocal, et qui n'est pas si éloigné des consonnances grégoriennes précédemment entendues et d'une certaine filiation avec Duruflé.

Le Requiem clôture cet instant musical avec une matière vocale chaleureuse, les douze chanteurs diffusant une sérénité douce et lumineuse propre au regard singulier du compositeur distillé dans cette œuvre : « la confiance dans le repos éternel. »

Orgue et trompes de chasse pour le traditionnel concert de clôture

Chaque année, le Festival de Comminges clôt sa partition par le concert des musiciens du village de Saint-Bertrand-de-Comminges : , titulaire de l'orgue de la cathédrale Sainte-Marie, et le Rallye Trompes du Comminges, un ensemble de musiciens qui entraîne l'auditeur bien plus loin que le folklore des chasseurs commingeois. Un nouveau dans l'équation : l'organiste , professeur à Tarbes qui collabore depuis quelques temps avec l'organiste de Saint-Bertrand.

La force de cette proposition musicale est, pour les non-initiés, la découverte d'un instrument auparavant utilisé pour les chasses royales de Louis XIV, et d'un répertoire traditionnel spécifique qui n'a jamais cessé de s'enrichir depuis le XVIIIe siècle. L'art des sonneurs de trompe se mène de dos, selon une disposition des musiciens en V, pour interpréter les grands classiques du répertoire, allant de La Saint Hubert à La Guillaume Tell ou au Rallye Tilleghem. La pratique du chant étant largement utilisée dans l'apprentissage de l'instrument, et cela afin de ménager des lèvres endoloris au moment des répétitions, c'est naturellement que les musiciens entonnent à 4 voix Le Refuge, chant pyrénéen incontournable des montagnes du Sud-ouest. Le groupe a construit un programme musical didactique et empreint de pédagogie avec des explications données régulièrement à un public attentif.

Du côté du duo à quatre mains, les musiciens ont fait le choix de proposer des extraits de pages musicales très célèbres (Water Music, Peer Gynt, L'amour sorcier…) en vue d'une proposition musicale plus aboutie dans les prochains mois. La soirée leur a permis de faire un galop d'essai de leur collaboration, qui ne reste plus qu'à confirmer.

Crédits photographiques : © Jesus Tovar / Festival du Comminges

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Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 25-VII-2025. Œuvres de Pierre Villette (1926-1998), John Tavener (1944-2013), Caroline Shaw (né en 1982), Alonso Lobo (1555-1617), Félix Mendelssohn (1809-1847), Josef Rheinberger (1839-1901), Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Tomás Luis de Victoria (1548-1611), Francisco Guerrero (1528-1599), Olivier Messiaen (1908-1992). Ensemble La Sportelle.

Martres-Tolosane. Espace Culturel Angonia. 28-VII-2025. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : Suites n°2, 4 et 5 pour violoncelle seul. Victor Julien-Laferrière, violoncelle.

Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 20-VIII-2025. Maurice Duruflé (1902-1986) : Quatre motets sur des thèmes grégoriens ; Thomas Ospital (né en 1990) : Sanctus – Messe Romane ; Christopher Gibert (né en 1993) : Salve Regina ; Gabriel Fauré (1845-1924) : Requiem. Chœur Dulci Jubilo. Thomas Ospital, orgue.

Saint-Bertrand-de-Comminges. Cathédrale Sainte-Marie. 30-VIII-2025. Œuvres de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Georges Bizet (1838-1875), Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Edvard Grieg (1843-1907), Manuel de Falla (1876-1946). Rallye Trompes du Comminges. Elisabeth Amalric orgue. Gérard Seel, orgue.

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