Russie encore pour Weigle et le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra
Très souple pour conduire son Yomiuri Nippon Symphony Orchestra dans le folklore de Kamarinskaïa de Glinka, Sebastian Weigle permet ensuite au violoncelliste Yo Kitamura de s'épanouir avec le Concerto-Rhapsodie de Khatchatourian, avant de conclure son programme par une 15e de Chostakovitch très maîtrisée.
Une semaine après un programme russe achevé par la dernière symphonie de Tchaïkovski, Sebastian Weigle continue sur sa lancée au Suntory Hall de Tokyo, puisqu'il choisit cette fois d'amener son Yomiuri Nippon Symphony Orchestra à la dernière symphonie de Chostakovitch.
Mais avant cela, il dirige son ensemble japonais dans la danse répétitive Kamarinskaïa de Mikhail Glinka, avec une belle énergie et en profitant de l'acoustique du Suntory Hall, comme de la facilité de l'orchestre à suivre sa gestuelle. Comme la semaine précédente, le meilleur moment du concert se situe sans doute au centre avec le concerto, ou plutôt cette fois un Concerto-Rhapsodie d'Aram Khatchatourian. Créée en 1963 par son dédicataire Mstislav Rostropovitch, la partition pleine de moments élégiaques permet dès la cadence quasi-introductive de laisser s'exprimer avec chaleur et vivacité le somptueux violoncelle du jeune Yo Kitamura.
Très agile pour accélérer et développer ses quelques trois minutes d'une cadence lancée une minute après l'introduction symphonique, avec une très subtile intégration du Dies Irae qu'il laisse juste fugacement ressortir du matériau, Kitamura déploie ensuite pendant tout le reste de l'œuvre sa très grande dextérité. Équilibré sur le rythme du soliste, le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra montre juste quelques petits défauts dans les cuivres, retrouvés ensuite dans la symphonie. Le climax final permet encore de donner la part belle au violoncelliste, mais aussi aux violons. Il conclut avec la même chaleur les dernières notes de sa partie, avant que Bach ne vienne adoucir les esprits pour le bis.
Passé l'entracte, la Symphonie n° 15 de Chostakovitch nous ramène à une époque soviétique proche de la précédente, puisque la composition de l'œuvre date de 1971. Mais la partition se veut clairement moins démonstrative que le concerto-rhapsodie auparavant. Moins linéaire, elle draine avec elle de nombreuses ruptures et de multiples changements d'humeurs. Bien conduite dans sa rythmique par un Sebastian Weigle toujours très facile à lire dans le geste, l'œuvre ne trouve cependant pas beaucoup d'ironie au premier mouvement. Les apparitions du Guillaume Tell de Rossini, aussi fugaces que celles du Dies Irae dans la cadence du concerto précité, y sont moins bien mêlées au reste, car trop contrôlées, tandis que le premier violon du soir n'a pas la beauté de celui du concert de la semaine passée.
On apprécie toutefois encore beaucoup la petite harmonie, et dans cette œuvre où sont présents pas moins de huit percussionnistes, les xylophones, glockenspiels et célesta, particulièrement brillants grâce à l'acoustique d'une grande clarté du Suntory Hall. Leur portée sera la même dans les dernières minutes de l'œuvre, suivie d'un long silence de presque trente secondes avant les applaudissements, qui ne parvient pourtant pas à faire oublier le manque de densité dans les grands moments de l'Adagio et du Largo, malgré un excellent premier violoncelle et le basson solo, ni un geste trop contraint pour être totalement franc dans l'émotion de la coda.








