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Beethoven par Vänskä : exaltant plus qu’exalté

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonies n°4 en si bémol majeur op. 60 et n°5 en ut mineur op. 67. Minnesota Orchestra, direction : Osmo Vänskä. 1 SACD hybride BIS Records. Enregistrement au Orchestra Hall de Minneapolis les 30 avril et 01 mai 2004. Notice en anglais, français et allemand. Durée : 67’03.

 
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Le (anciennement Minneapolis Symphony Orchestra) n'est pas la formation la plus connue dans nos contrées, mais dans la liste de ses directeurs musicaux, on peut trouver les noms d'Eugène Ormandy, Dimitri Mitropoulos, Antal Dorati, Stanislaw Skrowaczewski, Neville Marriner, Edo de Waart et Eiji Oue : rien que des musiciens de toute première valeur, et même quelques stars. Depuis 2003, c'est qui a pris les rênes de l'orchestre. Vänskä est finlandais, clarinettiste de formation, a gagné le Concours de Besançon en 1982, a dirigé le BBC Scottish Symphony Orchestra, et occupe conjointement au Minnesota le poste de directeur musical de l'Orchestre Symphonique de Lahti (Finlande). Surtout connu pour ses enregistrements des symphonies de compositeurs nordiques (Sibelius et Nielsen surtout), le voici qui s'aventure presque pour la première fois hors du répertoire scandinave (on compte aussi une Symphonie n°3 de Bruckner et un Chant de la Terre en version chambriste, disques qui n'ont pas fait très grande impression). Pour un coup d'essai, ce disque Beethoven est un coup de maître, et apporte un éclairage résolument neuf et original à la discographie pléthorique de ces œuvres.

L'apport le plus important de ce disque est son travail sur la dynamique et sur le son d'ensemble : précis, léger, très fin, un peu sec mais très concentré, et d'un impact très sensible, avec un dosage des cuivres très pertinent. Si on examine les pupitres en détail, on entend des instrumentistes qui font partie du haut du panier (les bois surtout, qui sont d'une netteté et d'une virtuosité assez éblouissantes), mais qui n'ont pas vraiment de signature sonore particulière, les cordes n'ayant par exemple pas la plénitude de leurs collègues des grands orchestres européens. Ici, et très clairement, la somme vaut mieux que les parties, et ce son d'ensemble façonné par Vänskä lui permet de dessiner à la pointe sèche un Beethoven fin, ardent, virevoltant et léger.

La célèbre Symphonie n°5 est celle dont le traitement est le plus novateur : la netteté des accents et de l'articulation, la légèreté générale du rythme, le sang-froid des interprètes donnent un Beethoven sans pathos ni tragique trop appuyé : totalement «a-romantique», mais néanmoins généreux et incandescent. Le troisième mouvement est le plus époustouflant : rapide, virtuose, et dramatique en même temps, les basses y sont d'un mordant et d'une énergie incroyables, et la montée vers la lumière d'un finale qui donne l'impression d'une accélération permanente, est d'une limpidité parfaite.

Dirigée par Vänskä, la Symphonie n°4 est un remède à la morosité, vive, élégante, racée, et d'une netteté impeccable. L'élan de l'Allegro vivace du premier mouvement, la sobriété musclée de l'Adagio, la lenteur pince sans rire du Scherzo, la joie de jouer d'un finale pris tambour battant font de cet enregistrement un must, digne des meilleurs.

Ce disque sera bientôt suivi par les Symphonies 3 et 8, et la 9 vient d'être enregistrée. Si cette intégrale continue sur ces sommets, elle risque de bouleverser la discographie et de confirmer qu'en matière de projets «sérieux» et cohérents (rien qu'en Beethoven, on compte encore les intégrale en cours de Skrowaczewski chez Œhms, de Haitink chez LSO Live, de Dausgaard chez Simax et on annonce Paavo Järvi chez Pentatone), les labels indépendants peuvent désormais regarder les multinationales du disque de haut.

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonies n°4 en si bémol majeur op. 60 et n°5 en ut mineur op. 67. Minnesota Orchestra, direction : Osmo Vänskä. 1 SACD hybride BIS Records. Enregistrement au Orchestra Hall de Minneapolis les 30 avril et 01 mai 2004. Notice en anglais, français et allemand. Durée : 67’03.

 
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