La Bruckner society of America est maître d'œuvre de cette intégrale des onze symphonies réalisée à partir d'archives pour la plupart inédites au disque. Sans nier l'intérêt de l'ensemble, il est dommage que nombre de ces interprétations soient peu différentes des gravures de studio des mêmes chefs, ce qui réserve l'ensemble aux mélomanes brucknériens déjà bien aguerris et anglophones de surcroît.
L'année du bicentenaire de la naissance de Bruckner vient de s'achever, pendant laquelle est parue une intégrale des (onze) symphonies dans des enregistrements d'archives, la plupart inédits, publiée sous la houlette de la Bruckner society of America et choisis par John Berky, l'animateur du site abruckner.com. Le résultat regroupe le meilleur et le moins bon en fonction de choix parfois surprenants. Au niveau du meilleur, on placera en tête une remarquable Symphonie « 0 » par Eduard van Beinum et le Concertgebouw d'Amsterdam, à la fois lumineuse, superbement construite et annonciatrice des grandes symphonies à venir. Au sommet aussi, mais ce n'est pas une surprise, les n° 1 (version de Linz) et n°8 (édition Nowak) symphonies par le Grand Eugen Jochum avec son orchestre de la radio bavaroise. Toutefois, on connaît bien la conception du grand chef par les deux intégrales disponibles de longue date, celle captée à Berlin et Munich (DG) et celle de Dresde (Warner) ; dès lors, ces deux nouveaux enregistrements ne nous apportent pas de révélation majeure, la Huitième se situant plutôt au dessus de celle de Berlin, mais en retrait de celle, sublime, captée à Hambourg en 1949. De même, les Cinquième et Sixième reviennent à Christoph von Dohnanyi mais sans surclasser les gravures de son cycle (mieux) enregistré à Cleveland (Decca). La « Romantique » de Volkmar Andreae est délicieusement schubertienne comme celle qu'il a gravée à Vienne dans un cycle complet (Music and Arts). Enfin la Neuvième de Sawallisch est purement et simplement magnifique d'équilibre et de recueillement mais proche de sa gravure « officielle » à Munich (Orfeo). La Deuxième de Georg Ludwig Jochum, frère d'Eugen, est d'un lyrisme superbe et d'un meilleur rendu sonore que l'ancienne gravure bien connue avec l‘Orchestre Bruckner du Reich à Linz en 1944.
La vraie découverte parmi ces symphonies est celle de la Troisième (version de 1878) sous la baguette de Hans Schmidt-Isserstedt, un maestro peu connu de nos jours mais qui créa cette version. Son enregistrement est emporté par un souffle épique impressionnant.
Le moins bon, c'est un euphémisme, se trouve dans une médiocre Septième symphonie enregistrée à Stuttgart par Hans Müller-Kray : un orchestre à la peine, un chef peu inspiré, une version à oublier, d'autant qu'il y a pléthore de grands enregistrements de cette œuvre.
Quelques compléments intéressants sont à souligner : le quatuor à cordes par les Koeckert qui le créèrent de façon posthume, le sublime quintette dans une version au style hyper-expressif du quatuor du Konzerthaus de Vienne, une des nombreuses gravures du Te Deum avec Vienne et Karajan, enfin des pièces orchestrales de jeunesse par Hans Weisbach, un chef à qui l'on doit la première exécution du début du finale de la Neuvième symphonie dès 1940 dans l'édition Oeser (dommage que ces quelques minutes ne figurent pas dans le coffret !). On passera en revanche sur la symphonie d'étude dirigée assez platement par Kurt Wöss et l'ouverture par Dean Dixon pour saluer la présence des deux psaumes 112 et 150 sous la baguette de Henry Swoboda, une rareté d'origine Westminster, tandis que la Messe n° 2 par Karl Forster d'origine Warner n'était pas vraiment inédite.
Globalement, ces documents assortis de textes de présentation érudits de Benjamin Korstvedt (en anglais seulement) et disponibles sous forme de six doubles albums séparés peuvent intéresser les amateurs déjà bien au fait de la discographie brucknérienne mais souffrent d'être inégaux et souvent trop proches des gravures « officielles » de nombreux chefs, sans révélation majeure.
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