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Alejo Pérez donne vie au nouveau Parsifal à Gand

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Gent. Opera Ballet Vlaanderen. 26-IX-2025. Richard Wagner (1813-1883) : Parsifal, Bühnenweihfestspiel sur un livret du compositeur. Mise en scène : Susanne Kennedy. Décors et Vidéos : Markus Selg. Vidéos et technologies créatives : Warja Rybakova. Costumes : Andra Dumitrascu. Lumières : Sascha Zauner. Mouvements : Dominic Santia. Dramaturgie : Tobias Staab. Dramaturgie musicale : Piet De Volder. Avec : Christopher Sokolowski, Parsifal ; Dshamilja Kaiser, Kundry ; Albert Dohmen, Gurnemanz ; Kartal Karagedik, Amfortas ; Werner Van Mechelen, Klingsor ; Tijl Faveyts, Titurel ; Lulama Taifasi, Lucas Cortoos, Gralsritter ; Sawako Kayaki, Jessica Stakenburg, Emanuel Tomljenović, Timothy Veryser, Knappen ; Maria Chabounia, Ondelwa Martins, Idunnu Münch, Sawako Kayaki, Zofia Hanna, Jessica Stakenburg, Blumenmädchen ; Dshamilja Kaiser, Stimme aus der Höhe. Kinderkoor Opera Ballet Vlaanderen (Chef du Chœur d’enfants : Hendrik Derolez). Koor Opera Ballet Vlaanderen (Chef de Chœur : Jef Smits). Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, direction musicale : Alejo Pérez

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Réduite à une image de crèche avec santons animés, la nouvelle production du Parsifal de l'Opéra des Flandres parvient à intéresser grâce à une distribution solide et surtout à la direction musicale passionnante d'.

Avec des couleurs et des vidéos dans la continuité du Einstein on the Beach de Philip Glass vu en 2022 à Bâle puis l'année suivante à Paris, et abordent aujourd'hui l'ultime chef-d'œuvre de Wagner pour l'Opera Ballet Vlaanderen, en commençant par Gand avant Anvers.

Les couleurs vives des costumes et des vidéos tranchent avec l'habituelle noirceur qui accompagne souvent les productions de Parsifal. Mais très rapidement, seul le côté kitsch de la proposition ressort. Dès l'ouverture de rideau, on doute que les casquettes sur les têtes des chevaliers et d'autres détails de ce genre apportent au propos, réduit à un plateau presque statique. En forme de crèche animée ou de grand tableau religieux, la mise en scène ne peut s'empêcher d'ajouter en permanence des vidéos, mélanges d'images d'animation et de boucles de mini-films, destinées à occuper le regard pendant que les acteurs restent presque immobiles.

À quelques scènes près, dont un duo bien sexualisé au II grâce à une Kundry maîtresse face à un Parsifal perdu là comme dans le reste de la représentation, on déplore la quasi-absence d'interactions entre les personnages. S'y ajoute le fait que les rôles secondaires font régulièrement de grands mouvements de bras, comme si on branchait parfois la crèche pour appliquer des effets cycliques aux santons. Franchement laide, la mise en scène pèche par son absence d'idée sur le livret. L'histoire s'écoule sans la moindre analyse ni projection sur la quête du Graal, ni sur celle de rédemption, et l'œuvre s'achève avec un Parsifal souriant, qui monte au ciel pendant qu'à l'arrière, une vidéo de colombe semble rappeler les publicités du riz Taureau ailé.

Malgré son manque d'intérêt chronique et son trop-plein d'images et de lumière, la mise en scène ne parvient heureusement pas à éteindre une belle distribution, conduite pour la seconde représentation par le Gurnemanz statutaire d'. À 69 ans, le baryton-basse est dans un très bon soir, et si une petite fatigue se découvre au début de l'Acte III, elle disparaît à la fin pour redonner toute sa gravité au chanteur. L'Amfortas de bénéficie d'une voix plus jeune, dont les graves plus denses sont aussi plus chauds et procurent une belle ampleur au rôle à l'acte I. Non aidé par la mise en scène, ne parvient pas à faire ressortir un Klingsor qu'il ne peut rendre mauvais ni par le jeu, ni par le chant, ses graves projetés manquant quelque peu de noirceur. Bien que presque statiques elles aussi, ses Blumenmädchen s'en sortent mieux et la quatrième d'entre elles, tenue par la mezzo-soprano , parvient même à se démarquer du groupe. Remplacé par rapport à celui prévu à la sortie de saison, le Parsifal trouve avec un côté juvénile particulièrement adapté au rôle. Mais à presque toujours faire du surplace en étalant ses grands sourires, le ténor, intéressant dans le chant, paraît souvent vraiment benêt lorsqu'il doit juste rester immobile au centre de la scène. La faute en revient surtout à la production, où il est souvent surpassé par la Kundry autrement engageante de la soprano , d'une belle puissance à l'aigu et jamais en difficulté dans le médium.

Et si l'on doit retenir une seule chose de cette nouvelle production, c'est avant tout la direction d'. Juste pris en défaut dans l'équilibrage des Koor et Kinderkoor Opera Ballet Vlaanderen, déplacés au dernier balcon en fin d'acte I, ce véritable chef d'opéra se trouve toujours aussi attentif envers l'orchestre et le plateau. Dès le Prélude de l'Acte I, il apporte à l'ouvrage une vision musicale très mûre, sans hésiter à parfois proposer une grande lenteur voire une forme de latence, qui ne limitent toutefois jamais l'intensité ni n'alourdissent la partition. Au contraire souple en même temps que d'une superbe amplitude, le chef de 51 ans profite en plus d'un parfaitement à l'aise dans Wagner, tant aux cuivres qu'aux cordes, dont ressortent particulièrement les contrebasses, souvent graves et malléables. S'il n'était pas question de rédemption sur la scène, c'est véritablement par la fosse que Parsifal aura été sauvé lors de cette représentation.

Crédits photographiques : © Annemie Augustijns

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Gent. Opera Ballet Vlaanderen. 26-IX-2025. Richard Wagner (1813-1883) : Parsifal, Bühnenweihfestspiel sur un livret du compositeur. Mise en scène : Susanne Kennedy. Décors et Vidéos : Markus Selg. Vidéos et technologies créatives : Warja Rybakova. Costumes : Andra Dumitrascu. Lumières : Sascha Zauner. Mouvements : Dominic Santia. Dramaturgie : Tobias Staab. Dramaturgie musicale : Piet De Volder. Avec : Christopher Sokolowski, Parsifal ; Dshamilja Kaiser, Kundry ; Albert Dohmen, Gurnemanz ; Kartal Karagedik, Amfortas ; Werner Van Mechelen, Klingsor ; Tijl Faveyts, Titurel ; Lulama Taifasi, Lucas Cortoos, Gralsritter ; Sawako Kayaki, Jessica Stakenburg, Emanuel Tomljenović, Timothy Veryser, Knappen ; Maria Chabounia, Ondelwa Martins, Idunnu Münch, Sawako Kayaki, Zofia Hanna, Jessica Stakenburg, Blumenmädchen ; Dshamilja Kaiser, Stimme aus der Höhe. Kinderkoor Opera Ballet Vlaanderen (Chef du Chœur d’enfants : Hendrik Derolez). Koor Opera Ballet Vlaanderen (Chef de Chœur : Jef Smits). Symfonisch Orkest Opera Ballet Vlaanderen, direction musicale : Alejo Pérez

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