François Chaignaud et son Garage Band
Le Festival d'Automne à Paris consacre un foisonnant Portrait au chorégraphe François Chaignaud. Il permet de découvrir des créations, des reprises, et des recréations comme la performance Radio Vinci Park (Reloaded) dans un garage quelque part dans le 11e arrondissement.
François Chaignaud, artiste multi talentueux et multiforme, a construit il y a quelques années avec le plasticien Théo Mercier un duo insolite, qui a fait les belles heures de la Ménagerie de Verre. Pour cette recréation de Radio Vinci Park, surtitrée Reloaded, François Chaignaud et Théo Mercier en proposent une version augmentée, à l'occasion du Portrait que consacre le Festival d'Automne au chorégraphe.
Tirant parti du lieu insolite où se déroulent les représentations, un garage Citroën de l'avenue de la République, à Paris, les deux créateurs ont imaginé un prologue, à la manière d'un opéra. Deux chanteurs baroques s'affairent, habillés en mécanos, autour de deux voitures au capot ouvert. Pneus et bidons d'essence traînent çà et là, ainsi que quelques bouquets de fleurs blanches et des affiches d'évènements culturels ou sportifs. Ils chantent, le corps maculé d'huile de vidange.
Après ce préambule qui prend place à l'un des étages du garage, le public est invité à monter d'un niveau pour écouter la claveciniste Marie-Pierre Brébant, qui joue des préludes et des études de Bach, entourée elle aussi de pneus, de fleurs et des pages éparses d'une partition. Marie-Pierre Brébant est une partenaire artistique de longue date de François Chaignaud, notamment dans le cadre du travail autour du répertoire d'Hildegarde von Bingen qu'ils proposeront de redécouvrir en intégralité à la MC93 de Bobigny en décembre.
Puis, un étage au-dessus, une moto chevauchée par un motocycliste casqué et ganté de noir attend les spectateurs qui s'agglutinent autour des barrières métalliques délimitant l'espace de représentation. Pendant environ 30 minutes, François Chaignaud défiera la machine dans un duo à la fois sensuel et dangereux. Le visage fardé de blanc, comme le grand danseur de butoh Kazuo Ono, une tunique frangée sur les épaules, des bracelets et des guêtres de coques de nèfles, utilisées comme des castagnettes, le danseur se lance dans un solo presque flamenco, rythmé et absolument fantastique. Juché sur de très hauts talons, il s'allonge devant le motocycliste, puis s'étire dans un torride corps à corps au plus près de l'engin. Également contre-ténor talentueux, François Chaignaud chante Purcell, secouant ses frissonnants bracelets. Croisement entre danseur flamenco et idole dorée, le chorégraphe livre une extraordinaire performance devant l'impassible motocycliste. À la fin du solo, la tension monte alors que les moteurs s'allument lançant l'engin à petite vitesse, puis à plein régime, nous laissant groggy.









