La collection Icon d'Emi continue de remettre à disposition des collectionneurs les trésors du catalogue de la firme anglaise.
Natif d'Odessa, Nathan Milstein (1903-1992) étudie avec Piotr Stoljarski (qui est aussi le professeur de David Oïstrakh et de Leonid Kogan) et de Leopold Auer (qui dispense son enseignement à Mischa Elman et Jascha Heifetz) lors de classes de maître données à Moscou. De retour à Odessa, le jeune virtuose survit tant bien que mal aux privations de la Russie révolutionnaire. En 1921, sa carrière prend un grand tournant : il croise, lors d'un concert à Kiev, le jeune Vladimir Horowitz. Déjà fêté et adulé, le pianiste se lie d'amitié avec le violoniste. Les deux musiciens se produisent en duo et sont acclamés par la presse ; un journaliste dans son enthousiasme les nomme : « Enfants de la révolution ». Pourtant, Milstein prend le temps d'édifier sa carrière en se ménageant des étapes et cherchant à améliorer son jeu : il écoute les conseils du virtuose belge Eugène Ysaÿe.
En 1928, il se rend aux Etats-Unis et fait ses débuts, sous la direction de Stokowski, dans le concerto de Glazounov. C'est le début d'une nouvelle période faste avec de nombreux concerts de concertos mais une célébrité acquise grâce au trio qu'il forme avec Vladimir Horowitz et Gregor Piatigorsky. Les trois acolytes se produisent ensemble jusqu'à la mort du violoncelliste, en 1976.
Après la seconde guerre mondiale, Milstein s'installe à Londres et se produit en Europe et aux Etats-Unis, évitant l'URSS où il ne remit jamais les pieds. Les enregistrements de ce coffret datent ce cette période comprise entre 1954 et 1964. Depuis 1945, le musicien joue avec un stradivarius de 1716 le « Goldmann » qu'il rebaptise « Marie-Thérèse », le prénom de son épouse. Le coffret EMI regroupe le « cœur » du répertoire de Milstein. En premier lieu, il faut saluer des sonates partitas de Bach d'une rigueur stylistique et d'une concentration maximale. Le concerto pour violon de Beethoven, connaît ici l'une de ses réalisations les plus définitives. Dans des tempi assez rapides et bien secondé par William Steinberg à la tête de l'orchestre de Pittsburgh, le violoniste donne une leçon de simplicité et de musique dans une œuvre qui torture toujours les jeunes générations d'artistes. Cette hauteur de vue et cette élégance musicale racée se retrouve dans les autres grands concertos du répertoire : Mendelssohn, Bruch, Brahms, Saint-Saëns, Dvorak. Le répertoire de Milstein était particulièrement conservateur et ses rares incursions dans la musique de son temps étaient réservées aux concertos de Prokofiev et à celui de Stravinsky (qu'il n'enregistra pas). Dans le concerto n°1 de Prokofiev, repris dans ce coffret, l'inspiration alliée à une perfection technique hors pairs imposent une référence discographique inévitable.
Mais c'est dans les pièces virtuoses que la classe de Milstein fait tout son effet. Toutes ces partitions de parade, souvent galvaudées par des interprétations faciles, sont servies ici par une élégance du geste soutenue par un fini instrumental capable de se jouer des pires difficultés d'écriture.
Ce coffret EMI est donc un jalon essentiel de l'art de l'interprétation et rend justice à un artiste aussi intègre qu'exceptionnel. Après un coffret Kreisler et maintenant Milstein, EMI nous doit un box Michael Rabin pour rendre grâce au talent d'un autre génie, bien oublié hélas, de l'interprétation.
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