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Peronne. Eglise Saint Jean-Baptiste. 05-X-2006. Le voyage en Italie ou le retour à la source. Musiques et lettres de Roland de Lassus (1532-1594) et ses contemporains italiens. Avec : Edwige Parat, soprano, Pascal Bertin, alto ; Bruno Boterf, ténor ; Emmanuel Vistorki, basse. La Fenice : Hélène Bouzel, violon ; Martin Bauer, viole de gambe ; David Yacus, trombone et basson ; Sébastien d’Hérin, clavecin et orgue. Cornet, récitant et direction : Jean Tubéry.

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Festival des Cathédrales de Picardie

Le Festival des Cathédrales de Picardie a pour thème cette année le voyage, et plus spécifiquement le voyage en Italie, qui fut pour tant de musiciens de la Renaissance à la période classique, une étape décisive dans leur épanouissement artistique.

Pour illustrer ce thème, l' et son chef ont mis sur pied un programme qui semble cousu sur mesure. En effet, ils ont choisi de monter ce qu'on pourrait qualifier de concert épistolaire, puisque entre les extraits musicaux sont récitées des lettres de à son prince, le Duc de Bavière. Ces lettres furent écrites par Roland durant un de ses voyages en Italie. Roland est un excellent conteur, il décrit les péripéties du voyage avec beaucoup de vie, fait montre d'un sens de l'humour assez corrosif, et joue avec les mots en virtuose, usant de calembours lestes, mélangeant l'italien, le français ou l'allemand pour créer de nouveaux mots, et multipliant les procédés comiques. Vu leurs qualités burlesques, ces courriers devaient certainement être attendus impatiemment par le Duc, et on s'imagine bien que les lettres étaient lues et relues devant toute la cour. Le Duc les attendait également pour une autre raison, car Lassus n'était pas seulement en Italie pour faire du « tourisme musical », mais aussi dans un but de prospection, recrutant des musiciens de talent pour étoffer la chapelle musicale du Duc. Chaque lettre ou presque est donc l'occasion pour Roland de décrire les mérites d'un instrumentiste ou d'un chanteur qu'il a découvert au gré de ses pérégrinations, ou bien d'égratigner tel artiste célèbre dont la réputation lui semble usurpée. C'est qui fait office de récitant. Doté d'un réel talent de diseur, il fait vivre ces textes de façon splendide avec sa voix à l'accent chantant et épicé, et fait de ce concert une expérience très originale.

Les extraits musicaux sont choisis avec soin, et forment un vaste et beau panorama de la musique de ce temps. On entend de truculentes chansons à boire en allemand (il faut bien se donner du courage avant un long voyage !), des madrigaux polyphoniques, des pièces instrumentales, des chansons en français, et des pièces homophoniques dans le style nouveau de l'époque. Les compositions sont de et de ses collègues italiens, Andra Gabrielli, Giovanni Bassano, Giulio Romano, … en version originale, ou parfois arrangées par Roland.

L'exécution de ces extraits musicaux est de haut niveau, et l' parcourt les différents styles avec un égal bonheur, proposant une interprétation vive, raffinée et élégante. Les extraits sont nombreux, on en citera un, très spectaculaire : la chanson à 8 voix « Ola che buon echo », interprétée de façon magistrale avec une partie des musiciens en écho, placés loin derrière le cœur, hors de la vue des autres. Les quatre chanteurs ont des voix légères et subtiles, très bien appariées. La soprano Edwige Parat se distingue par de beaux chants pour voix seule, pour lesquels sa voix fragile et précise fait merveille.

A part une violoniste parfois en problème de justesse, les instrumentistes sont excellents, notamment le premier d'entre eux, , véritable homme orchestre de la soirée, qui en plus de réciter les lettres, de prêter sa voix de baryton lors de quelques ensembles, et d'assurer la direction musicale, nous gratifie de quelques passages au cornet solo, admirables de virtuosité et de douceur.

Textes, chants, passages instrumentaux, le mélange aurait pu ressembler à un patchwork, une partie prenant le pas sur les autres, mais l'unité de conception du concert, l'alternance bien étudiée des divers éléments et les talents multiples des interprètes font de ce concert une grande réussite. Le public est malheureusement un peu clairsemé, on est en semaine dans une petite ville, mais est très attentif et très fervent.

Pour terminer, souhaitons que ce programme puisse être repris par les mêmes en d'autres lieux, pourquoi pas à Mons, ville natale de l'Orphée belge ?

Crédit photographique : © Philippe Matsas

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