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Création musicale à Radio-France, éclats multiples

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Paris. Maison de Radio France, Salle Olivier Messiaen. 01-XII-2006. Marc-André Dalbavie (né en 1961) : Concerto pour flûte et orchestre ; Michael Jarrell (né en 1958) : Sillages (Congruences II) pour flûte, hautbois, clarinette et orchestre ; Tristan Murail (né en 1947) : Terre d’ombre pour grand orchestre et sons électroniques. Emmanuel Pahud, flûte ; François Leleux, hautbois ; Paul Meyer, clarinette ; informatique musicale réalisée par André Richard ; Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Péter Eötvös.

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La Maison de la Radio « ouvrait ses portes » à la création musicale avec trois soirées, les 28 novembre, 1er et 2 décembre où se côtoyaient en une confrontation passionnante les jeunes compositeurs lauréats des classes de composition du Conservatoire National de Paris et leurs aînés lors de manifestations gratuites qui fidélisent désormais un public très nombreux et avide de découvertes sonores.

L'affiche du concert du 1er décembre était tout particulièrement alléchante avec des œuvres en création française de trois personnalités des plus attachantes de la scène française conviant sur le plateau de la salle Olivier Messiaen trois interprètes d'exception dans la famille des bois, à la flûte, au hautbois et à la clarinette. Et lorsque que prend les rênes du « Philar », on peut s'attendre à la plus belle des aventures sonores.

Elle commençait avec le Concerto pour flûte de , une œuvre toute récente (octobre 2006) crée à la Philharmonie de Berlin qui réinstaure un dispositif frontal traditionnel après les recherches de spatialisation menées dans le concerto pour violon du même compositeur. Avec un orchestre « à la Mozart » (les vents par deux), Dalbavie travaille dans la fluidité et la ductilité de son matériau les interactions entre le soliste et l'orchestre, déclinant à sa manière virtuose et jubilatoire toutes les implications d'une résonance première donnée au départ de la pièce. En maître absolu de l'orchestre, des alliages subtils nuançant les timbres à l'infini, joue sur les trois dimensions de l'espace, de la couleur et de la ligne où tournent parfois les sons et les parfums debussystes. Magicien de la flûte, , quant à lui, déploie sur son instrument des potentialités sonores et dynamiques totalement insoupçonnées qui ne contribuent pas peu aux prodiges sonores du concerto.

revenait sur scène au côté de et pour Sillages (Congruences II), triple concerto pour flûte, hautbois et clarinette de , « réécriture » nous dit le compositeur, d'une œuvre pour flûte midi, hautbois, ensemble instrumental et électronique Congruences qui l'amène à de nouveaux développements de l'œuvre sans la contribution de l'électronique : remarquable travail d'exploration des différents états de la matière où les solistes viennent détailler la texture et conduire le discours vers d'autres métamorphoses sonores dont l'oreille capte toutes les richesses et la finesse du travail compositionnel.

Le concert se terminait en apothéose avec une pièce pour grand orchestre et électronique de , Terres d'ombre, crée à Berlin en mars 2004, déployant sur scène une masse orchestrale impressionnante et un dispositif d'écoute adéquat. Impressionnant également cette capacité qu'a de dompter par un geste ample, puissant et merveilleusement précis – et une des plus fines oreilles de chef à ce jour – l'ensemble des pupitres pour en exiger la cohérence, la synergie et l'onctuosité.

Poursuivant une démarche spectrale qu'il mène depuis plus de trente ans, reste, à nos oreilles, l'éblouissant explorateur de territoires inouïs, puisant au cœur du son les forces souterraines et les ébranlements telluriques qui vont surgir au terme du processus compositionnel. Avec un rapport très charnel et voluptueux à la matière sonore, il en fait ressortir le grain, la fibre et les nervures avant de la dissoudre en une lave incandescente que l'assistance électronique fait mieux rougeoyer par instant : un voyage au cœur des phénomènes sonores que semble toujours mieux maîtriser et dont il nous donnait ce soir une de ses plus belles visions.

Crédit photographique : © Guy Vivien

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Paris. Maison de Radio France, Salle Olivier Messiaen. 01-XII-2006. Marc-André Dalbavie (né en 1961) : Concerto pour flûte et orchestre ; Michael Jarrell (né en 1958) : Sillages (Congruences II) pour flûte, hautbois, clarinette et orchestre ; Tristan Murail (né en 1947) : Terre d’ombre pour grand orchestre et sons électroniques. Emmanuel Pahud, flûte ; François Leleux, hautbois ; Paul Meyer, clarinette ; informatique musicale réalisée par André Richard ; Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Péter Eötvös.

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