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Paris. Théâtre des Champs Elysées. I-IV-2008. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en si bémol majeur, D. 960 ; Modeste Moussorgski (1839- 1881) : Tableaux d’une exposition. Aldo Ciccolini, piano.
À plus de 84 ans, Aldo Ciccolini nous fait encore la grâce de se produire en concert. Pour le plus grand plaisir du public et surtout pour celui de la transmission. Monstre sacré d’une immense humilité, il a donné en récital aux Champs Elysées une des dernières sonates de Schubert ainsi que les Tableaux d’une exposition de Moussorgski.
Composée en 1828, l’année de la mort de Schubert, la sonate en si bémol majeur est ici marquée par une vision dépouillée qui amplifie la clarté de l’écriture comme celui du sentiment. Tourné vers l’ascétisme, ce dernier revêt une pureté angélique dans le deuxième mouvement, Andante Sostenuto, que le maître travaille avec patience, rondeur et une délicatesse infinie. Il sculpte le silence et rend présent cet acte de détachement, sans hostilité ni amertume, d’un être en quête d’absolu.
Après un voyage en esprit, une épreuve technique apparue comme un jeu d’enfant : la version originale des Tableaux d’une exposition (1874). La justesse des atmosphères, la clarté de la narration et l’intelligence des transitions donne à chaque tableau son unicité et sa place à l’intérieur du tout. Après la magnificence des accords plaqués, monumentaux, qui se déversent comme des sons de cloche dans Promenade ou La porte de Kiev, le maître passe à des sonorités feutrées (si proches de la perspective aérienne) dans Il vecchio castello, translucides dans Tuileries, sauvages dans Baba Yaga… Enfin le tempo badin du marché de Limoges ou encore l’imperceptible irrégularité du Ballet des poussins casse-cou ont confirmé, dans les détails, une interprétation d’anthologie.
A 80 ans passés, Aldo Ciccolini est non seulement un musicien d’exception mais un virtuose. L’absence de toute tension lui permet de faire circuler dans son jeu le fruit le plus intime de ses recherches avec une énergie insoupçonnée et un toucher des plus sensibles.
Parmi les trois bis desquels Aldo Ciccolini a gratifié le public, un Nocturne de Chopin a résonné, longtemps après les salves d’applaudissements, comme une ultime leçon : n’oubliez pas de vivre.
Lire l’entretien accordé par l’artiste à Resmusica.
Crédit photographique : Aldo Ciccolini © DR
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Paris. Théâtre des Champs Elysées. I-IV-2008. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate en si bémol majeur, D. 960 ; Modeste Moussorgski (1839- 1881) : Tableaux d’une exposition. Aldo Ciccolini, piano.