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Angelin Preljocaj : La sorcière et les sept nains

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Paris, Théâtre national de Chaillot. 10-X-2008. Blanche Neige. Ballet Preljocaj. Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musique : Gustav Mahler. Musique additionnelle : 79D. Costumes : Jean-Paul Gaultier. Décors : Thierry Leproust. Lumières : Patrick Riou. Avec Nagisa Shirai, Blanche-Neige ; Sergio Diaz, Le Prince ; Céline Galli, La Reine ; Craig Dawson, Le Roi ; Gaëlle Chappaz, La Mère ; et les danseurs du Ballet Preljocaj.

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Le Ballet Preljocaj n'a jamais si bien porté son nom. Son directeur artistique, , lui donne aujourd'hui une ample pièce de près de deux heures, une variation noire et enchantée du célébrissime conte des frères Grimm.

Fait surprenant, cette pièce créée il y a trois semaines à la Biennale Lyon est structurée comme un ballet classique, avec prologue, scènes de bal, danse des garçons, puis danse des filles et enfin alternance de duos et de scènes de groupe. Le premier acte – ou ce qui en tient lieu – qui voit Blanche-Neige naître, devenir une petite fille, puis une jeune fille courtisée, ronronne dans son décor monumental jusqu'à l'arrivée tonitruante de La Reine, Cruella à souhait. On admire tout particulièrement son costume très Gaultier dans les scènes du miroir, à l'avant-scène. Juchée sur ses hauts talons, elle fulmine, accompagnée de ses deux diablotins noirs, en s'apercevant que Blanche Neige est désormais la plus belle du royaume.

Tandis que Blanche-Neige, innocente au milieu de couples bucoliques batifolant sur des galets, déambule avec confiance dans cet univers tout en rondeurs, la Reine maléfique ourdit sa vengeance. Elle convoque trois chasseurs à l'allure de soldats qui entraînent la jeune fille dans une forêt de bouleaux. Preljocaj se montre une nouvelle fois très à l'aise dans cette alternance de pas martiaux et de douceur retenue, qui s'achève dans le meurtre d'une biche expressionniste et le rapt de son cœur rouge sang.

Tout au long du spectacle, décors et lumières forment un écrin subtil aux évolutions des solistes. Une cascade, un sous-bois, puis l'évocation d'une mine témoignent du talent de décorateur de Thierry Leproust, magnifié par les éclairages de Patrick Riou. trouve dans ces toiles enchantées des astuces de mise en scène, comme ces filins auxquels pendent les sept nains sortant de la mine. Bondissant sur leur mur d'escalade, ces sept hommes offrent une lecture saisissante et poétique du conte, bien loin de la petite chaumière salle et poussiéreuse de la vision de Walt Disney.

En instaurant entre Blanche-Neige et les sept nains une complicité physique évidente, Preljocaj y trouve beaucoup de ductilité et d'inspiration, pour certains des plus beaux passages du ballet. Une fois encore, l'écriture masculine très assurée que le chorégraphe offre à ses sept nains est mise en valeur par l'interprétation nuancée de en Blanche-Neige. De même, il réserve à l'unique visite de la sorcière chez Blanche Neige, où elle succombe à une pomme empoisonnée, un superbe corps à corps entre les deux femmes.

Si le choix des symphonies de se justifie pour ce ballet, leur sonorisation trop puissante dans ce vaste espace de Chaillot fait regretter la présence d'un orchestre dans la fosse. Seule la musique vivante aurait pu rendre justice au thème utilisé par Visconti dans «Mort à Venise» que Preljocaj utilise pour un duo poignant entre le Prince et la dépouille inanimée de Blanche-Neige.

Après le réveil miraculeux de la jeune fille, le tableau final – scène de mariage – réuni à nouveau les 26 danseurs de la compagnie pour un grand bal à la cour. Délaissant ce happy end, Preljocaj préfère laisser au spectateur le goût amer du conte original en mettant en scène la mort de la Reine, contrainte de danser chaussée de souliers de métal rougis dans la braise. Une vision sombre de ce que la danse fait parfois aux corps.

Crédit photographique : Lorena O'Neill ; Sergio Diaz, © JC Carbonne

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Paris, Théâtre national de Chaillot. 10-X-2008. Blanche Neige. Ballet Preljocaj. Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musique : Gustav Mahler. Musique additionnelle : 79D. Costumes : Jean-Paul Gaultier. Décors : Thierry Leproust. Lumières : Patrick Riou. Avec Nagisa Shirai, Blanche-Neige ; Sergio Diaz, Le Prince ; Céline Galli, La Reine ; Craig Dawson, Le Roi ; Gaëlle Chappaz, La Mère ; et les danseurs du Ballet Preljocaj.

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