Production attendue de la cuvée 2011 du Festival d'Aix, Le Nez de Chostakovitch vu par Kentridge et Ono n'a pas déçu. La réalisation est exemplaire pour cette œuvre rarement donnée.
William Kentridge use et abuse de la largeur de l'espace scénique du Grand-Théâtre de Provence. C'est qu'il y a fort à faire dans Le Nez, les scènes, treize au total, s'enchainent rapidement, transportant l'histoire d'un bout à l'autre de Saint-Pétersbourg. Kentridge évite les traditionnelles cases (utilisées par Philippe Calvario dans Angels in America ou Dmitri Tcherniakov dans Wozzeck) pour un dispositif scénique coulissant, alternant les tableaux en avant-scène ou fond de scène. L'ensemble, conçu avec intelligence, est agrémenté de collages muraux géants très agit-prop post révolutionnaire, le tout recouvert de vidéos suggestives inspirées du théâtre d'ombres. Dans cet espace scénique chargé, les 68 rôles tenus par 25 chanteurs, auxquels s'ajoutent autant de choristes, dix comédiens et six figurants, se bousculent à qui mieux-mieux. Aucun geste n'est laissé au hasard, tout les déplacements de ce beau monde sont réglés au millimètre près, aucune place n'est laissée au hasard. Un grand travail de théâtre. On regrettera juste le hiatus entre la période suggérée (contemporaine de l'œuvre, 1930) avec les situations, lieux et personnages (dandy, nobles, cathédrale, …) typiques du XIXe.
Musicalement, la fête est aussi au rendez-vous. La distribution pléthorique est excellente, à commencer par Vladimir Samsonov, Kovaliov bien en voix, que le metteur en scène ne prive pas de nez – en réalité une névrose de Kovaliov craignant pour son apparence. De tout ce beau monde, retenons Andrey Popv dans l'impossible rôle de l'Inspecteur, Alexandre Kravets, Claudia Waite – exquise en marchande de bretzels, Gennady Bezzubenkov et la toute jeune Tehmine Yeghiazaryan. Dans la fosse, Kazushi Ono règne en maître sur une partition extrêmement complexe. Aucun décalage, mise en place exemplaire, lisibilité parrfaite : ce Nez a été non seulement un grand moment de théâtre mais aussi un grand moment de musique.
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