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La Symphonie n° 4 de Mahler par Jurowski et le LPO convainc peu

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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4. Sofia Fomina, soprano. London Philharmonic Orchestra, direction : Vladimir Jurowski. 1 CD LPO. Enregistré au Southbank Centre’s Royal du Festival Hall de Londres, en octobre 2016. Durée : 59:07

 
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Après les enregistrements de la Symphonie n° 2 captée en 2009 et, l'année suivante, de la Symphonie n° 1, le chef russe poursuit avec sa phalange du une probable intégrale.

Mahler 4 Jurowski LPOSi la Symphonie « Résurrection » était d'une rapidité déroutante, la présente Symphonie n° 4 est l'une des plus lentes de la discographie ! Une lenteur d'autant plus délicate à habiter que l'enregistrement, en concert, produit d'inévitables baisses de tension. Qui plus est, l'acoustique particulièrement ingrate du Southbank Centre's Royal du Festival Hall de Londres dessert les équilibres sonores entre les pupitres : des cordes dures et en retrait, des bois fruités et omniprésents contraignent à un dosage « sur le fil du rasoir ».

refuse tout rubato et diminue au maximum le vibrato des cordes, ce qui fragilise la mise en place des « faux départs » dans le premier mouvement. L'orchestre joue de microclimats et les effets de silences abrupts, notamment, sont bien réussis. Toutefois, on perçoit le raidissement des pupitres, concentrés davantage sur la justesse et la mise en place que sur l'expression. De fait, la texture orchestrale manque d'épaisseur. C'est dommage car le côté enfantin de l'œuvre et cette sorte de paysage idyllique auxquels nous convie Jurowski sont bien amenés.

On sera plus sévère avec le second mouvement. Certes, il est spécifié « dans un mouvement modéré. Sans hâte » (« In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast »). Pour autant, il s'agit d'une danse satanique menée par le premier violon qui dispose de deux instruments, dont l'un accordé un ton plus haut. Il est la voix du violoneux, que connut dans son enfance. Jurowski évacue l'ironie de l'écriture et s'en tient à son tableau champêtre avec une petite harmonie habile. C'est joliment réalisé, mais l'ensemble se fige dans la photographie d'une carte postale.

L'Adagio devrait, en principe, évoquer la disparition de l'univers de l'enfance, du paradis perdu. On apprécie l'élégance et l'émotion contenue de cette lecture. Les archets à peine posés sur les cordes et si peu de vibrato séduisent. Hélas, la tension retombe (à 10 minutes, par exemple) comme si Jurowski se refusait à approfondir l'ambiguïté de cette musique qui se révèle violemment expressive. L'absence de narration, de projection, aussi, avec l'anéantissement de l'ultime crescendo brisé par l'acoustique, ne sont pas compensées par le raffinement sonore des dernières mesures.

Construit sur le lied Das himmlische Leben – la Vie céleste, que Mahler avait composé en 1892, le finale colore les joies du paradis par une voix céleste au timbre nécessairement enfantin. paraît trop “parfaite” au sens où l'on attend ici l'expression de la fragilité, des craintes et de l'enthousiasme de l'enfance. et la soliste privilégient une lecture contemplative alors que cette page achève la symphonie devant l'émerveillement d'un monde bouillonnant de vie.

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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4. Sofia Fomina, soprano. London Philharmonic Orchestra, direction : Vladimir Jurowski. 1 CD LPO. Enregistré au Southbank Centre’s Royal du Festival Hall de Londres, en octobre 2016. Durée : 59:07

 
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