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Lukas Geniušas, un grand en récital à Lyon

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Franz Schubert (1797-1828) : Allegretto en ut mineur, D. 915 ; Quatre impromptus op. 142. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Suite de valses d’après Franz Schubert ; Cinq pièces extraites des Dix Pièces op. 12 ; Sonate n°3 en la mineur op. 28, « d’après des vieux cahiers oubliés ». Lukas Geniušas, piano

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Depuis ses deuxième prix au Concours Chopin en 2010 et Tchaïkovski en 2015, Lukas Geniušas a fait du chemin. Des Schubert intimistes, miraculeux de sonorité, une sonate de Prokofiev fiévreuse et habitée. En récital à Lyon, le pianiste s’est, une nouvelle fois, montré magnétique.

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Les toutes premières mesures de l’Allegretto en ut mineur de Schubert, composé quelques semaines avant sa mort en 1827, sont miraculeuses. Tant dans l’intimité qu’elles instaurent avec le public que dans la douceur ineffable du toucher de Lukas Geniušas. Tout Schubert est là, une poignante mélodie, à la simplicité enfantine, qui s’élève dans un paysage à l’air raréfié.

Pour débuter son récital, le jeune pianiste, très concentré, intériorisé, a choisi cette pièce tendre et mélancolique, qui sonne sous ses doigts aussi quintessenciée que les Gesänge der Frühe (Chants de l’ombre) de Schumann, autre adieu au monde.

Dans la second cahier d’Impromptus de Schubert, si empli de mystères et de secrets, ouvert sur l’Ailleurs, l’ardeur ne suffit pas. Il faut allant et naturel, une simplicité franciscaine mais aussi un sens des silences. Des clés qui manquent parfois à Lukas Geniušas pour restituer à l’univers schubertien toute sa palette d’émotions et d’images. Les sonorités oniriques de l‘Impromptu n° 1 sont pourtant un pur ravissement pour l’oreille, avec un art admirable du dosage, une pédale qui n’est jamais insistante. Un lyrisme délicat et étreignant s’en dégage. L’admirable cantabile du n° 2, les variations du n° 3, les cascades de notes échevelées du n° 4 sont autant de moments précieux.

La deuxième partie consacrée à Prokofiev dévoile un autre aspect du talent du pianiste, plus démonstratif et énergique, mais pas moins loquace. La rencontre Geniušas/Prokofiev fait des étincelles. On se demande même si le sang du compositeur ne coule pas dans ses veines ! Les danses de Schubert revisitées sont enlevées avec une fougue irrésistible. Les cinq pièces de l’op. 12, aux noms évocateurs (Légende, Allemande, Scherzo humoristique…), composées lorsqu’il était encore étudiant au conservatoire de Saint-Pétersbourg, sont parfaitement caractérisées, miniatures brillantes, où brille un piano vif-argent, poète en diable.

Toute aussi éblouissante, la Sonate n° 3, « d’après de vieux cahiers » dont la brièveté n’a d’égale que l’intensité. Avec un engagement qui donne le frisson, le pianiste impose un jeu viril et majestueux, puissamment chromatique, jamais bruyamment martelato ou complaisamment percussif. Avec même des couleurs romantiques, des respirations bienvenues, des tendresses, des zébrures lumineuses. Un véritable tour de force !

Crédits photographiques : © Ira Polyarnaya

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Franz Schubert (1797-1828) : Allegretto en ut mineur, D. 915 ; Quatre impromptus op. 142. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Suite de valses d’après Franz Schubert ; Cinq pièces extraites des Dix Pièces op. 12 ; Sonate n°3 en la mineur op. 28, « d’après des vieux cahiers oubliés ». Lukas Geniušas, piano

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