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Splendide Chostakovitch par Noseda et le Symphonique de Londres

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 5 op. 47 et n° 1 op. 10. Orchestre symphonique de Londres ; direction : Gianandrea Noseda. 1 SACD hybride LSO Live. Enregistré au Barbican de Londres, entre septembre 2016 et mars 2019. Notice en français, anglais et allemand. Durée : 81:51

 
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Après d'excellentes Huitième et Quatrième symphonies de Chostakovitch, offre deux nouveaux jalons (la Symphonie n° 5 et la Symphonie n° 1), à son intégrale qui s'annonce de très haut niveau. Il est vrai que l'orchestre et le chef italien possèdent déjà une connaissance affûtée de l'œuvre du compositeur russe.

Chostakovitch_Symphonies no. 5 et no. 1_Noseda_LSO LiveChostakovitch composa sa Symphonie n° 5 au cours de l'année 1937, en trois mois seulement. Il la définit « comme la réponse pratique d'un artiste soviétique à de justes critiques ». L'aveu devenu le stade suprême de l'autocritique… Il allait, ainsi, reconquérir la confiance du pouvoir après la mise à l'index, l'année précédente, de son opéra Lady Macbeth du district de Mtsensk. Le 21 novembre 1937, Evgueny Mravinsky créa la partition devenue, depuis, la plus célèbre de ses quinze symphonies. Deux thèmes s'opposent dans le premier mouvement, l'un évoquant le désespoir et le second, l'héroïsme. En narrateur particulièrement inspiré, accentue les contrastes et assure les tensions. Il pense « loin ». Ce n'est pas une mince affaire à cause de l'acoustique sèche de la salle du Barbican de Londres. Le résultat est des plus convaincants parce que l'orchestre est de première force. Il est vrai, aussi, que ce répertoire lui est des plus familiers, tant au disque qu'au concert après les longues années de collaboration avec Bernard Haitink puis Valery Gergiev. Enlisé dans la définition épaisse des basses, l'ironie persiflante du second mouvement voit enfin le jour. L'Adagio lamentoso est dirigé avec beaucoup de finesse et de sobriété. Les cordes, si soyeuses, « chantent » avec beaucoup de ferveur. Les solistes sont remarquables à l'instar de la première flûte. L'âme guerrière du final est restituée avec une parfaite efficacité et autant de bonhomie que de grandiloquence factice. « Machine de guerre » rompue à toutes les manœuvres, le LSO impressionne par sa puissance de frappe et son intelligence musicale.

Le 12 mai 1926, Nikolaï Malko dirigea, à la tête du Philharmonique de Leningrad, la Première Symphonie en fa mineur d'un étudiant du Conservatoire, âgé tout juste de dix-neuf ans. L'œuvre est à ce point novatrice, que Bruno Walter la programma quelques mois plus tard à Berlin. Leopold Stokowski en donna la première américaine, en 1928. Dans cette page d'une étonnante modernité, Chostakovitch synthétise nombre d'esthétiques de son temps : tantôt la Symphonie Classique de Prokofiev, tantôt Petrouchka de Stravinsky, voire les avant-gardes russes des années vingt. L'orchestre souligne l'humour glacé de la partition et Noseda laisse dialoguer les petits ensembles concertants de sa formation. Cette liberté de ton est savoureuse lorsque, par exemple, trompette et basson introduisent la fanfare qui mène à une véritable musique de “cirque”. Le caractère baroque et primesautier est magnifiquement bien vu dans l'Allegro, sorte de petit hymne ricanant. On admire la superbe prestation du hautbois et du violoncelle solos dans le Lento. Le Finale, enfin, jaillit aussi lyrique que grotesque, théâtral et inspiré à chaque phrase. Patientons pour la suite de cette intégrale qui s'avère d'ores et déjà, des plus prometteuses.

 

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Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonies n° 5 op. 47 et n° 1 op. 10. Orchestre symphonique de Londres ; direction : Gianandrea Noseda. 1 SACD hybride LSO Live. Enregistré au Barbican de Londres, entre septembre 2016 et mars 2019. Notice en français, anglais et allemand. Durée : 81:51

 
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