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L’hommage sincère mais un peu naïf d’Hilary Hahn à notre capitale

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Ernest Chausson (1855-1899) : Poème pour violon et orchestre op. 25. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour violon et orchestre n° 1 op. 19. Einojuhani Rautavaara (1928-2016) : Deux Sérénades. Hilary Hahn, violon ; Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Mikko Franck. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré en février et juin 2019 à l’auditorium de Radio France, Paris. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 52:51

 
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Artiste en résidence en 2018-2019 auprès de l', la violoniste américaine a voulu rendre hommage à la capitale française dans un CD au programme composite dont le fil directeur est esthétiquement bien ténu.

De ce disque au minutage bien court, le meilleur est aussi le plat de résistance, le Concerto n° 1 de Prokofiev écrit en Russie en 1917 mais créé en effet à Paris, en 1923 sous la baguette de Koussevitzky. Le jeu très pur et élégant de la soliste, qui joue un instrument de 1865 lui aussi parisien de Vuillaume, rend parfaitement justice au lyrisme désincarné des mouvements extrêmes comme à la férocité sarcastique du scherzo, particulièrement réussi. l'accompagne avec une attention de tous les instants et les solistes du « Philhar » répondent admirablement au timbre de la violoniste dans un final particulièrement émouvant. Depuis la gravure de Mintz avec Abbado (DG également), on n'avait guère entendu pareil accomplissement. Moins convaincant en revanche est l'admirable poème de Chausson dédié à Ysaÿe en 1896 qui réclame de son interprète un engagement plus prononcé, la réserve de la violoniste américaine la laissant sur le seuil de ce somptueux « chant de l'amour triomphant », titre de la nouvelle de Tourgueniev qui avait inspiré le compositeur parisien (puisque tel est le fil rouge prétexte du programme). Sans remonter à la légendaire gravure de Ginette Neveu-Issay Dobrowen, on trouvera plus de passion dans la flamboyante version new-yorkaise de Perlman avec Mehta (DG), dirigée avec fougue et engagement alors que la baguette de demeure curieusement placide.

Enfin, les deux sérénades de Rautavaara, compositeur auquel voue un culte non dissimulé et qui ont été écrites pour la soliste (la seconde laissée inachevée à la mort du compositeur a été complétée par son disciple Kalevi Aho), sont issues et retravaillées à partir d'opéras antérieurs du maître finlandais. Partitions certes agréables mais tout de même assez conventionnelles et qui évoquent une copie un peu pâlie du célèbre Adagio de Barber dans leur lyrisme néo-classique et leurs titres un peu sentimentaux (Sérénade pour la vie, Sérénade pour mon amour) ; cette fois Mikko Franck est chez lui et l'hommage émouvant à Rautavaara peut séduire sans pour autant rendre indispensable la découverte. Terminons par une remarque d'humeur devant la pochette du disque en anglais et en allemand, ce qui est un comble pour un hommage à Paris et ne manque pas d'exaspérer.

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Ernest Chausson (1855-1899) : Poème pour violon et orchestre op. 25. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Concerto pour violon et orchestre n° 1 op. 19. Einojuhani Rautavaara (1928-2016) : Deux Sérénades. Hilary Hahn, violon ; Orchestre philharmonique de Radio France, direction : Mikko Franck. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré en février et juin 2019 à l’auditorium de Radio France, Paris. Textes de présentation en anglais et allemand. Durée : 52:51

 
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