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À l’écoute du son avec Laurent Cuniot

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Laurent Cuniot (né en 1957) : Une, pour vibraphone, percussion et onze instruments ; Efji, pour percussion solo ; Reverse flows, pour alto, treize instruments et électronique. Geneviève Strosser, alto ; Florent Jodelet, percussions ; Ensemble TM+ ; direction : Laurent Cuniot. 1 CD Merci pour les sons. Enregistré les 6 et 11 janvier 2021 à la Maison de la Musique de Nanterre (Une) ; les 21, 22 et 23 décembre 2020 à la Maison de la Musique de Nanterre (Efji) ; le 13 juin 2015 à la Maison de la Musique de Nanterre par l’Ircam-Centre Pompidou (Reverse Flows). Texte français/anglais. Durée : 60:19

 
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Élégante draperie rouge sur fond blanc pour ce troisième opus du label MPLS (Merci pour les sons), mettant à l'honneur le compositeur, chef d'orchestre et directeur de l' . Trois de ses œuvres sont à l'affiche dont il assure également la direction.

Le disque monographique scelle un compagnonnage et une amitié de longue date entre le compositeur et le percussionniste , fidèle partenaire de TM+ et, par ailleurs, fondateur du label Merci pour les sons. Ainsi Efji (2005), la pièce qui donne son nom à l'album, célèbre-t-elle la percussion et son interprète (FJ). Dans les sept mouvements relativement courts (d'Arsis à Thesis), mène son exploration en amoureux du son et de ses typologies singulières : frémissements des petites percussions, tremblements très doux, vibration, impacts secs et résonance sont autant de gestes déployés avec une finesse d'expert par l'interprète dans Énergie du silence et du bruit ; le mélange des bois et des métaux est savoureux sous ses baguettes dans Petit rituel en mouvement (son gamelan à lui) ; le courant passe dans Énergies instables avant le solo de vibraphone dont le musicien peaufine les mouvements ondulatoires. Les coups sont secs et les sonorités plus tranchées au climax de la trajectoire avant la retombée en douceur et dans l'aura mystérieuse des métaux : Efji invite à une écoute attentive, tenue en alerte par le jeu tout en souplesse et musicalité de .

On ne saurait précisément définir l'esthétique de Laurent Cuniot tant sa démarche est singulière, liant une pensée du sonore qui regarde vers son maître Pierre Schaeffer et une combinatoire polyphonique tournée davantage vers la tradition de l'écrit. Ainsi s'entendent les cinq mouvement de Une (2020), célébrant la femme et mettant également en vedette le vibraphone et la percussion de aux côtés des onze instruments de l'. L'élégance des lignes microtonales le dispute à la richesse des timbres dans un espace cerné par les résonances du vibraphone (Secrète). L'instrument est soliste au mitan de Lumière de l'ovale, exploité pour la volupté de sa phrase égrenée sur un clavier microtonal. Le discours est plus éruptif dans Le jardin des tumultes, portant jusqu'à l'excès l'énergie du son et l'éclat des sonorités rehaussées par la percussion sèche. La ligne du cor anglais dans Gravité n'est jamais pure, enrichie de polyphonie ou doublée par celle de ses proches partenaires au fil d'une trajectoire errante. Sa résurgence soliste au terme du dernier mouvement très effusif (De visage à visage) n'en est que plus théâtrale.

Reverse Flows (Courants contraires) pour alto, treize instruments et électronique de 2015 tire son matériau premier du monodrame pour mezzo-soprano, Des pétales dans la bouche de 2011 où Laurent Cuniot mettait déjà l'alto solo sur le devant de la scène. Cet « opéra » sans voix en quatre tableaux, flanqué d'un prélude et d'un postlude, fait appel à l'électronique mêlant sons fixés sur support et traitement live. Le compositeur donne libre cours à son geste de dramaturge, servi par le jeu aussi puissant qu'expressif de l'altiste (déjà présente dans l'opéra) et un en grande forme dont l'opulence sonore impressionne. Cuniot évite les titres excepté dans le III-Hommage à A.Sch. où le balancement d'accords n'est pas sans évoquer l'opus 16 (Farben) du maître viennois. Le compositeur laisse à l'auditeur le soin d'élaborer son propre scénario au sein d'une polyphonie nourrie et les ressources expressives des couleurs irisées par les scintillements de l'électronique. Le postlude fait revenir l'alto soliloquant, page superbe où les deux sources, acoustique et électronique, interfèrent dans une même raréfaction du son.

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Laurent Cuniot (né en 1957) : Une, pour vibraphone, percussion et onze instruments ; Efji, pour percussion solo ; Reverse flows, pour alto, treize instruments et électronique. Geneviève Strosser, alto ; Florent Jodelet, percussions ; Ensemble TM+ ; direction : Laurent Cuniot. 1 CD Merci pour les sons. Enregistré les 6 et 11 janvier 2021 à la Maison de la Musique de Nanterre (Une) ; les 21, 22 et 23 décembre 2020 à la Maison de la Musique de Nanterre (Efji) ; le 13 juin 2015 à la Maison de la Musique de Nanterre par l’Ircam-Centre Pompidou (Reverse Flows). Texte français/anglais. Durée : 60:19

 
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