Joyeux Coups de Roulis par les Frivolités Parisiennes à l’Athénée
Créée en 1928 avec rien moins que Raimu dans le rôle principal, l'ultime opérette d'André Messager est reprise pour dix jours au Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet, joyeusement portée par les Frivolités Parisiennes.

Après un soir à Compiègne puis un autre à Tourcoing, les Coups de Roulis tanguent pour dix jours à Paris au Théâtre de l'Athénée, parfaitement servis par une équipe scénique et musicale visiblement heureuse à l'ouvrage. Dernière pièce du compositeur André Messager, alors âgé de 75 ans, l'œuvre sur un livret d'Albert Willemetz inspirée du roman éponyme de Maurice Larrouy offre la cocasse situation d'un Haut-Commissaire, embarqué dans une galère nommée Le Montesquieu, puisqu'il décide tout simplement de prouver le jour de Noël comment faire des économies dans la Marine.
De cette situation, dans laquelle il arrive accompagné de sa fille, jeune secrétaire de vingt ans qui aura du mal à choisir qui du joli lieutenant ou du capitaine deux fois plus vieux sera le meilleur amant, ressort un grand nombre de gags, bien appuyés par la mise en scène de Sol Espeche, dans les décors d'Oria Puppo et les costumes de Sabine Schlemmer. S'ajoutent les vidéos d'Alexis Lardilleux, car c'est par une présentation en forme de générique de sitcom sur grand écran, façon La Croisière s'amuse, que débute l'opérette. Volontairement caricaturaux, les intervenants font alors les beaux, montrent muscles et apparats, avec en plein milieu une drolatique coupure, dans laquelle la chanteuse égyptienne sur le retour, Sola Myrrhis, se prête à quelques interventions publicitaires pour vendre les Cigares du Port d'Alexandrie et des Cahiers Caire Fontaine, sous les rires sonores du public hilare.

Côté chant, le fait que le rôle principal du Commissaire Puy Pradal ait été créé par Raimu fait comprendre que l'on est dans la pure opérette. Il n'y a pas besoin ici de grands ténors ni de barytons belcantistes. Pour autant, la musique de Messager expose une facilité d'écriture dont la maturité permet de beaux airs, notamment chez le lieutenant Kermao lyrique de Christophe Gay (En amour il n'est pas de grade !) ou encore avec la Sola Myrrhis d'Irina De Baghy. Avec son accent québécois à couper à la hache, le Pinson de Guillaume Beaudoin amuse à chaque scène, surtout face au plus sérieux (et bien en voix) commandant Gerville de Philippe Brocard. Très importants, les deux Pradal trouvent aussi des chanteurs engagés, la fille avec la Béatrice romantique de Clarisse Dalles (Les hommes sont bien tous les mêmes !), le père avec le Puy Pradal gentiment ridicule de Jean-Baptiste Dumora.
Du reste de la distribution s'affichent encore les marins Muriac de Célian D'Auvigny ou l'Amiral chevrotant, interminable pour appeler le « haaaauuuuuuuuutttttt Commissaire », de Maxime Le Gall, en plus d'un Chœur des Frivolités Parisiennes lui aussi dynamique. L'Orchestre et sa vingtaine de musiciens profitent en fosse de la direction toujours dansante et énergique d'Alexandra Cravero, pour faire tanguer un bateau finalement rentré à bon port, après plus de deux heures de joyeux coups de roulis !









