A Chaillot, Lara Barsacq déshabille Ida Rubinstein dans Ida don’t cry me love
Plus de détails
Paris. Théâtre national de Chaillot. 30-III-2023. Lara Barsacq : Ida don’t cry me love. Conception : Lara Barsacq. Conseils artistiques : Gaël Santisteva. Scénographie et costumes: Sofie Durnez. Assistant accessoires : Ben Berkmoes. Lumières : Kurt Lefevre. Extraits musicaux : Nicolaï Tcherepnine, Claude Debussy, Maurice Ravel, Snow Beard, Tim Coenen, Lara Barsacq, Gaël Santisteva. Régie générale : Emma Laroche. Régie son : Benoît Pelé. Avec Lara Barsacq, Marta Capaccioli et Elisa Yvelin ou Marion Sage
Avec Ida don't cry me love, Lara Barsacq continue son exploration de la figure d'Ida Rubinstein, danseuse de la première moitié du XXᵉ siècle, pleinement nourrie de toutes les avant-gardes de l'entre-deux-guerres et à la présence mystique et provocatrice.
Lara Barsacq, accompagnée de Marta Capaccioli et Marion Sage, invite à la (re)découverte d'une figure oubliée de la danse, contemporaine d'Isadora Duncan, et qui partage avec elle nombre de préoccupations esthétiques et philosophiques. Le plateau est vide, seule une toile de fond délicatement brodée marque de sa présence un souci d'élégance comme inspiré de l'œuvre de Joana Vasconcelos. Un écran, une couverture, quelques pierres précieuses, une percussion : les accessoires se font rares et ponctuent à propos une déambulation dansée et parlée sur la vie d'Ida Rubinstein.
Les mouvements empruntent aux gestes hellénistes, retour aux sources déjà prôné par Duncan. La danse des sept voiles inventée par Ida fait écho à celle de Loïe Fuller. Les corps évoluent en dessinant des lignes spirituelles que renforce un jeu de gemmologie distillé tout au long de la représentation. Des pierres précieuses sont posées sur les corps nus des interprètes, comme des forces magiques venant assister la pièce. Le travail de Lara Barsacq fait d'ailleurs la part belle à l'expression du surréalisme affiché des amis d'Ida, en l'invoquant comme une source d'irrationalité propre à l'époque.
En contrepoint des moments dansés, de nombreuses prises de parole émaillent cette heure joyeuse et profonde. Ida Rubinstein appelait de ses vœux un art total fait de textes et de danses. En évoquant la vie de la danseuse tout autant que celles des interprètes sur scène, Lara Barsacq s'inspire de ce vœu tout en le travestissant dans un spectacle qui relève plus de la performance pieuse que d'une écriture homogène et trop rigoureuse sans doute pour évoquer la figure d'Ida Rubinstein.
Le défi est relevé bien que le rythme de l'ensemble pût être plus resserré. Sans procéder à une étude archéologique de la vie d'Ida, Lara Barsacq offre un moment de sororité affirmée placé sous la bonne étoile d'une figure féministe et engagée à une époque hostile et qui éclaire le plateau de sa présence étincelante, à l'image des corps tantôt recouverts de paillettes ou de peinture dorée.
Crédits photographiques : © Stanislav Dobak
Plus de détails
Paris. Théâtre national de Chaillot. 30-III-2023. Lara Barsacq : Ida don’t cry me love. Conception : Lara Barsacq. Conseils artistiques : Gaël Santisteva. Scénographie et costumes: Sofie Durnez. Assistant accessoires : Ben Berkmoes. Lumières : Kurt Lefevre. Extraits musicaux : Nicolaï Tcherepnine, Claude Debussy, Maurice Ravel, Snow Beard, Tim Coenen, Lara Barsacq, Gaël Santisteva. Régie générale : Emma Laroche. Régie son : Benoît Pelé. Avec Lara Barsacq, Marta Capaccioli et Elisa Yvelin ou Marion Sage