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La GöteborgsOperans Danskompani de retour à Paris

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Paris. Grande Halle de La Villette. Dans le cadre de Chaillot Nomade. 7-VI-23. GöteborgsOperans Danskompani.
Kites. Chorégraphie : Damien Jalet. Assistant à la chorégraphie : Aimilios Arapoglou. Compositeur : Mark Pritchard. Son : Oliver Johnson. Enregistrements à la harpe éolienne : Ralf Kleemann. Texte : Théo Casciani. Scénographie : Jim Hodges et Carlos Marques da Cruz. Costumes : Jean-Paul Lespagnard. Lumières : Fabiana Piccioli. Vidéo : Sander Loonen. Assistant vidéo : Jessy Laurent

To Kingdom Come. Chorégraphie : Imre van Opstal et Marne van Opstal. Costumes : Imre van Opstal et Marne van Opstal. Scénographie : Imre van Opstal, Marne van Opstal et Tom Visser. Musique et son : Amos Ben Tal. Musique : RY X (Ry Cuming). Dramaturgie : Xanthe van Opstal. Lumières : Tom Visser

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La compagnie contemporaine suédoise vient pour la quatrième fois à Paris et prouve à nouveau la qualité de ses chorégraphes invités et l'hyper physicalité de ses danseurs multiformes.

La compagnie de l'Opéra de Göteborg a du souffle et de la chance : elle arrive à créer sans cesse des œuvres nouvelles, écrites spécialement pour elle. Et l'on comprend pourquoi des chorégraphes de choix font le voyage à Göteborg, la deuxième ville de Suède : ils ont dans les mains trente-huit pépites venues du monde entier, de jeunes et moins jeunes danseurs bourrés d'énergie, de genres, de looks, et de qualités différentes. Du coup, la liste des chorégraphes venus travailler pour la troupe est vertigineuse : Sidi Larbi Cherkaoui, Roy Assaf, Alexander Ekman, Sharon Eyal, Hofesh Schechter, Ohad Naharin, Crystal Pite, Yohann Bourgeois…. Tous sont venus, et la liste des villes visitées en tournée est longue comme les cinq continents.

Pour cette quatrième venue à Paris, en l'occurrence à la Grande Halle de La Villette dans le cadre de la programmation hors-les-murs de Chaillot, les Suédois ont fait appel pour la seconde fois au franco-belge , complice de longue date de Sidi Larbi Cherkaoui Après Skid, pièce restée dans les annales où Jalet les faisaient danser sur un incroyable plan incliné à 34°, le voici, avec Kites, qui récidive dans une moindre mesure avec deux plus petites pentes de skate-park, où les danseurs courent, montent vers le sommet de ces collines blanches et redescendent sur une note chorégraphique toujours différente : en rotation, à rebours, en levant les bras, en tournant à droite ou à gauche. Tous sont vêtus d'une tenue blanche façon cosmonaute et évoluent sur la musique répétitive parfois assourdissante de , mais qui a le mérite de devenir hypnotique. Les danseurs deviennent peu à peu des hommes-volants et l'on comprend bien alors le titre de l'œuvre (Kite = cerf-volant). A rythme régulier, les danseurs restent au sol, et multiplient les chutes à la verticale dans des vrilles superbes, tels des confettis qui tournoient lentement du ciel. Chacun à leur manière, puis à l'unisson. L'effet est vraiment superbe. Ils repartent ensuite et tournoient avec leurs bras, tels des hélices, rythmant leurs mouvements avec leur souffle. Le dernier tableau met en route des ventilateurs qui gonflent les chemises des danseurs et créent sur eux des sortes d'airbag d'un bel effet. Les quinze danseurs sont au final soumis à rude épreuve par dans cette pièce vivifiante de 37 minutes, et l'on retrouve avec joie les leitmotivs de son œuvre, toujours soucieuse de créer un univers visuel en interaction avec la scénographie (de l'Américain Jim Hodges) et les costumes (signés du belge Jean-Paul Lespagnard).


On pourra regretter que la seconde pièce To Kingdom Come – plus longue, car elle dure 58 minutes et aurait pu être programmée toute seule – signée Imre et (deux frères et sœurs hollandais ayant dansé au NDT puis à la Batsheva) commence comme la précédente : par une voix disant un poème en anglais, et par une fille dans l'ombre qui peu à peu apparait au spectateur. Ici, l'ambiance est différente. Se révèle alors l'outil de travail des douze danseurs : un immense plat rempli de sable, où les artistes vont bouger, sauter, plonger, le contourner, s'y réjouir, s'en désoler. Un symbole de la vie avec ses joies et ses violences, un rapport à la terre illustré par des costumes issus du monde paysan et le tout, s'expose dans ce cercle de vie étonnant. Ponctué brusquement par l'irruption d'un « toit » en toile qui se lève peu à peu, et donne à voir une couleur rouge sang certainement symbolique, mais son caractère imposant et sûrement coûteux tranche inutilement avec la simplicité bienvenue du dispositif sablonneux.

Les ensembles s'enchaînent, et ce sont les duos et le trio de filles qui dominent par leur originalité et leur pouvoir émotionnels. Les duos amoureux, de rejets ou d'attachements donnent à voir une danse d'une très belle physicalité, avec une prise de risque évidente en dansant dans du sable, ce qui n'est pas de tout repos pour les chevilles. Ce même sable, parfois insuffisamment exploité en terme visuel, permet néanmoins un travail de glissades, de chutes et de liens à deux évidemment différent d'une chorégraphie sur un sol dur. Il en résulte souvent une impression d'une danse de survivance, comme si un monde s'était écroulé et qu'un autre était à reconstruire, à l'image sans doute de notre actualité.

Crédits photographiques : To Kingdom come © Lennart Sjîberg ; Kites © DR

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Kites. Chorégraphie : Damien Jalet. Assistant à la chorégraphie : Aimilios Arapoglou. Compositeur : Mark Pritchard. Son : Oliver Johnson. Enregistrements à la harpe éolienne : Ralf Kleemann. Texte : Théo Casciani. Scénographie : Jim Hodges et Carlos Marques da Cruz. Costumes : Jean-Paul Lespagnard. Lumières : Fabiana Piccioli. Vidéo : Sander Loonen. Assistant vidéo : Jessy Laurent

To Kingdom Come. Chorégraphie : Imre van Opstal et Marne van Opstal. Costumes : Imre van Opstal et Marne van Opstal. Scénographie : Imre van Opstal, Marne van Opstal et Tom Visser. Musique et son : Amos Ben Tal. Musique : RY X (Ry Cuming). Dramaturgie : Xanthe van Opstal. Lumières : Tom Visser

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