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Vaison Danses : un Béjart Ballet Lausanne en pleine forme

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Vaison-la-Romaine. 11-VII-2023. Festival Vaison Danses.
7 danses grecques. Chorégraphie : Maurice Béjart ; Musique : Mikis Theodorakis ; Solo : Oscar Eduardo Chacón
Avec : Hideo Kishimoto, Angelo Perfido, Oana Cojocaru, Masayoshi Onuki , Solène Burel, Paolo Randon, Hideo Kishimoto, Angelo Perfido, Dorian Browne, Antoine Le Moal, Cyprien Bouvier, Alessandro Cavallo, Mari Ohashi, Solène Burel, Valerija Frank, Bianca Stoicheciu, Min Kyung Lee ; Béjart Ballet Lausanne

Alors on danse… ! Chorégraphie : Gil Roman ; Musique : John Zorn, Citypercussion, Bob Dylan. Avec : Jasmine Cammarota, Solène Burel, Jasmine Cammarota, Min Kyung Lee, Mari Ohashi, Clara Boitet, Antoine Le Moal, Vito Pansini, Masayoshi Onuki,
Hideo Kishimoto, Federico Matetich ,Elisabet Ros, Valerija Frank, Dorian Browne, Alessandro Cavallo, Masayoshi Onuki, Solène Burel, Julien Favreau, Bianca Stoicheciu, Floriane Bigeon, Angelo Perfido Kwinten Guilliams, Cyprien Bouvier ; Béjart Ballet Lausanne

Boléro. Chorégraphie : Maurice Béjart ; Musique : Maurice Ravel. Avec : La Mélodie, Elisabet Ros ; Le Rythme : Federico Matetich, Angelo Perfido, Fabrice Gallarrague, Edoardo Boriani, Cyprien Bouvier, et Masayoshi Onuki, Kwinten Guilliams, Hideo Kishimoto, Daniel Aguado Ramsay, Vito Pansini, Konosuke Takeoka, Antoine Le Moal, Dorian Browne, Denovane Victoire, Andrea Luzi, Oscar Eduardo Chacón, Liam Morris, Alessandro Cavallo et 13 jeunes danseurs du Pôle National Supérieur de Danse Rosella Hightower

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Le a enchanté à Vaison-la-Romaine pour l'ouverture du festival Vaison Danse, dans un théâtre antique comble, face à un public heureux de retrouver une compagnie populaire à la hauteur de sa réputation.

et Vaison-la-Romaine, c'est une longue et disparate histoire. Au grand Théâtre Antique (3000 places et un dénivelé côté public impressionnant), le chorégraphe et sa compagnie lausannoise sont venus quatre fois. La première, c'était en 1996, et Béjart y avait donné sa légendaire Messe pour le Temps présent créée en 1967 à Avignon, reniée puis remontée juste avant Vaison. Puis, la compagnie revint en 1999, 2005 et 2008, premier été après le décès du chorégraphe.

Ce retour 15 ans après a, de ce fait, une saveur particulière, pour la compagnie comme pour le public. D'autant plus que les 40 danseurs, arrivés du Festival de Carcassonne, ont un solide menu à offrir aux spectateurs.

En entrée, on profite d'une reprise des 7 Danses Grecques crées il y a tout juste quarante ans et qui n'ont pas pris une ride (on les reverra à l'Opéra de Paris en janvier 2024). Typiquement béjartiennes, ces danses dressent en 40 minutes un excellent panorama de ce que savait faire Béjart : une vision dans son style propre de ces folklores qu'il aimait tant et qu'il aura servi sans jamais les trahir, mais juste les relire. Béjart avait à cœur de revenir aux « traditions », « de comprendre les racines d'un peuple, d'un groupement ethnique, culturel et réduire au minimum les citations folkloriques évidentes » écrivait-il. Béjart dit qu'il emprunte peu, mais il cite (notamment le sirtaki) afin de remettre en perspective ce qui est, et ce qu'il en fait. Le résultat est une construction merveilleuse sur la musique finalement très traditionnelle de Mikis Theodorakis, avec une suite d'ensembles masculins, féminins, mixtes, semée des interventions si intenses du soliste, le Colombien , Le tout en pantalon blanc et torse nu pour les hommes, et justaucorp noir ou blanc pour les filles. Une tenue de travail autant qu'un style, typiquement béjartien.

Les costumes, justement, sont moins neutres et parfois dérangeants dans la nouvelle création de , Alors, on danse… ! L'an dernier, dans la foulée du Covid, l'actuel directeur de la compagnie et fils spirituel de Béjart avait opté pour une fête joyeuse. une fête dédiée à la danse, mais aussi à , que le chorégraphe a bien connu, eux qui sont de la même génération et se sont croisés maintes fois sur les scènes du monde entier. La nature feu follet de l'a-t-elle inspiré par-delà sa mort ? Assurément. , plus sombre que Béjart, offre cette fois-ci une suite lumineuse de solos, duos , trios, pas de quatre, ensembles virtuoses, souvent très drôles, qui mettent en avant les traits de caractère de ses danseurs qu'il connait si bien, associés à celle du danseur français. On y retrouve certaines filiations béjartiennes (pieds flex, bras qui moulinent, petites courses, équilibres décalées..) et des apports à la Roman.


Les costumes, parfois trop typés années 70 savent néanmoins jouer sur les motifs, sur l'humour, et sur les mariages de couleurs, selon les configurations des duos. La musique enjouée, fruit d'un montage de pièces de John Zorn et Ligeti, de percussions signées Thierry Hochstätter et JB Meier (les musiciens prisés de Béjart) finit aussi sur une fameuse chanson de Bob Dylan, Forever Young qui sied bien à . On ne peut s'empêcher de voir dans cette œuvre une lecture solaire de la vie, antithèse du Presbytère, ballet sombre que Béjart avait écrit en hommage à Jorge Donn, Freddy Mercury et Mozart, autres artistes partis trop tôt.

Celle qui dure, c'est , la Mélodie qui dompte la fameuse table rouge du Boléro. La doyenne de la compagnie (on se permet d'écrire qu'elle a 54 ans, car sa performance en est d'autant plus admirable) détient aussi la longévité absolue d'interprétations du Boléro : elle a étrenné ce rôle il y a déjà 26 ans. Autant dire qu'elle en connaît tous les pièges, les joies et les subtilités qu'elle enseigne d'ailleurs à ceux qui sont programmés pour ce rôle (et tout récemment aux danseurs de l'Opéra de Paris). Son interprétation est ici moins spectaculaire que très intériorisée. Elle ferme souvent les yeux, change très progressivement les enchaînements de bras, ne joue pas sur la force mais sur la poésie du geste. En en parlant avec elle, nous avons découvert les raisons de ces choix : son mari étant récemment décédé, elle a décidé de vivre ce deuil en tissant avec Boléro un lien spirituel entre le terrestre et l'au-delà. Elle a vu, dans cette « Mélodie » associée aux 40 danseurs du « Rythme », une manière de faire corps, et d'emmener ces garçons à se connecter ensemble, dans une célébration de la vie et de la mort, avec une sagesse plutôt qu'une exultation. Et c'est beau, très beau.

Crédits photographiques : 7 Danses grecques © BBL – Gregory Batardon ; Alors, on danse..! ©BBL- Gregory Batardon ; Boléro ©BBL- FrancoisPaolini

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7 danses grecques. Chorégraphie : Maurice Béjart ; Musique : Mikis Theodorakis ; Solo : Oscar Eduardo Chacón
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