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L’Opéra de Paris présente ses coulisses

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Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris. Laetitia Cénac (texte) et Laure Fissore (illustrations). Editions de La Martinière. 32€. Septembre 2023

 
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En mêlant les genres, ce beau livre illustré aux éditions de La Martinière présente les différents métiers qui permettent le fonctionnement d’une grande maison lyrique.

La couverture avec le logo de l’Opéra de Paris ne trompera personne : ce qui est annoncé comme un reportage s’apparente plus à une présentation corporate ou à un reportage institutionnel avec un prologue en forme d’interview du directeur Alexander Neef et un épilogue laissé à José Martinez, le directeur de la danse. Des coulisses très policées donc, pour un reportage qui ne fait pas de vagues. Mais qu’importe finalement, le mérite de ce livre étant de diriger la lumière sur les métiers des coulisses. Et ils sont nombreux à s’activer pour faire tourner cette grosse machine : plus de 1500 personnes pour plus de 350 représentations à l’année. Ici chacun ou chacune est présenté(e) nommément, d’où un aspect reportage sur le vif qui pourra toutefois paraître daté quand les personnes laisseront leur place. Des changements qui sont bien entendu plus visibles côté têtes d’affiche et qui se font déjà sentir : Gustavo Dudamel, est bien présent même si sa démission au mois de mai 2023 est mentionnée, de même pour Aurélie Dupont qui dispose d’une page entière.

Dans les premières pages, nous apprenons que l’immersion « enchantée » de l’autrice Laetitia Cénac (reporter à Madame Figaro) a débuté début février 2022 avec trois spectacles : Don Giovanni, Manon et La Khovantchina et s’est terminée par les trois soirées en hommage à Patrick Dupond un an plus tard. Les spectacles de la saison sont ainsi le prétexte pour suivre le rôle des différents intervenants : le directeur ou la directrice de scène, la régie (« un couteau suisse »), les habilleuses, les maquilleuses, les inspecteurs qui officient au contrôle, le directeur du planning, le chef du service lumière, la directrice de casting… tous sont interrogés et parlent de leur métier, partageant leurs expériences et donnant des anecdotes. Nous suivons les répétitions, naviguons dans différents lieux : le foyer des musiciens, le magasin des instruments de musique…ou assistons à la fameuse descente annuelle du grand lustre de Garnier.

Quelques stars ont été conviées : Benjamin Bernheim se présente en double page (« Être ténor, c’est être un descendeur de ski alpin, ça va très vite !« ), tout comme Julie Fuchs (« Je n’ai pas envie d’être dans une cage de verre à faire mes aigus. J’aime transpirer à l’opéra »). Les metteurs en scène Robert Carsen et Guillaume Gallienne sont eux aussi convoqués, également des artistes du chœur, des danseurs et des étoiles : Hugo Marchand (« un danseur est un passeur ») et Sae Eun Park (« ce qui m’attire à l’Opéra de Paris, c’est le style français »). Des sujets plus intimes sont abordés comme les blessures et la maternité, tandis que la transmission s’illustre par l’école de danse et l’Académie.

Le ballet comme « produit d’exportation » est assumé. Le service d’administration de la danse qui organise les tournées gère la pression qui est énorme quand on externalise l’Opéra de Paris : « Dans ce service, nous sommes les petites gouttes d’huile pour faciliter les rouages« . Et il en faut quand naissent angoisses et tensions. L’intitulé « Service public » d’un chapitre laisse perplexe quand les grèves touchant encore le spectacle de Noël Casse-noisette cette saison brisent le rêve et la magie. Trente personnes au service DRH et de « la vigueur dans les relations sociales », est-il précisé… Par ailleurs, sur le sujet de la sélection, le directeur général, interviewé lui aussi, l’affirme : « la diversité de la société doit se retrouver sur scène ».

Les chapitres consacrés à la machinerie des plateaux sur les deux sites, ainsi qu’aux « métiers de l’illusion » avec les ateliers qui s’activent au Palais Garnier et aux ateliers Berthier, est le plus intéressant, donnant la parole à des intervenants qu’on n’a généralement pas l’habitude d’entendre : costumière, perruquier, machiniste, peintre… Ils nous entrainent dans la réserve d’accessoires de Garnier, le « sous-marin », ou dans le bâtiment des toiles dans le quartier des Batignolles.

Les principales dates de l’Opéra de Paris, un glossaire et le descriptif des productions mentionnés terminent l’ouvrage.

Mais ce qui sert de fil conducteur à ce vaste panorama et l’illustre de la plus jolie façon, ce sont les dessins de Laure Fissore (Prix 2009 du carnet de voyage de Libération). L’illustratrice qui a participé pas à pas au reportage croque à coup de crayon ou de pinceau les personnes, les costumes, la scène et les lieux traversés avec beaucoup de grâce. Ses aquarelles aux couleurs lumineuses ravissent l’œil d’un bout à l’autre et apportent un vent de fraîcheur bienvenu à cette parution qui malgré le soin pour paraitre spontanée n’en reste pas moins très officielle.

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Dans les coulisses de l’Opéra national de Paris. Laetitia Cénac (texte) et Laure Fissore (illustrations). Editions de La Martinière. 32€. Septembre 2023

 
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