Martin Squelette à Bastille, une comédie musicale par et pour les jeunes
L'Opéra national de Paris programmait l'œuvre d'Isabelle Aboulker à l'amphithéâtre Bastille, dans le cadre de son partenariat avec le CREA d'Aulnay-sous-Bois, avec une proposition mise en scène et réunissant près de 40 jeunes chanteurs-acteurs.

Le texte de Christian Eymery et la musique d'Isabelle Aboulker pour Martin squelette s'appuient sur le classique de la littérature jeunesse Les disparus de Saint-Agil (1935) de Pierre Véry, dans une nécessaire adaptation de l'assez long roman, actualisé et féminisé.
Les 38 jeunes et moins jeunes adolescents sont tour à tour acteurs, choristes, chanteurs solistes, et même danseurs. Avec les costumes, la mise en scène, les lumières, la scénographie bien travaillée, la sonorisation discrète des solistes, on est en plein dans le domaine de la comédie musicale, et c'est touchant et parfois fascinant de voir ces jeunes enchaîner et assurer sans temps morts les différentes scènes. Plusieurs d'entre eux montrent de véritables talents de comédiens, et tous sont à la hauteur de l'événement. Si la lisibilité et l'intelligibilité de l'intrigue se perdent quelque peu dans le foisonnement scénique qui est proposé par Pascal Neyron, surtout pour qui n'a pas en tête de manière assez précise le texte original, quelques bonnes idées apportent une touche originale bienvenue : le rôle muet du garçon qui personnifie le squelette éponyme (lui bien présent sur scène dans sa fonction de témoin et de lanterne), le collège des enseignants et surveillants qui affichent, sur un mode différent de celui du roman mais de manière encore plus éloquente, leurs travers et leurs défauts d'adultes, ou encore l'omniprésence du thème de la guerre qui apporte une touche de gravité tout droit venue du roman.

La musique d'Isabelle Aboulker est efficace et bien variée : tantôt entraînante, tantôt ménageant de belles pauses dans l'action, elle n'est pas sans oser de légers décalages, par exemple quand les élèves entonnent un Dies irae lors de la découverte d'un cadavre. On alterne entre chœur (à une ou plusieurs voix) et parties solistes, et toujours la direction discrète et attentive de Sandrine Baudey permet de garder la cohésion entre les chanteurs-acteurs et les neuf musiciens professionnels, disposés en fond de scène. Le travail de préparation a semble-t-il été conséquent, et le résultat livré par ces jeunes interprètes est d'une qualité remarquable.















