Bazar Circus, un concert dessiné enthousiasmant par l’ONDIF
Dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, le concept du concert dessiné fait encore une fois merveille.
Décidément, l'Orchestre national d'Île-de-France sait y faire en termes de spectacles pour enfant, avec deux ou trois productions par an, et des choix de formules différentes : conte participatif, album « animé », conte musical… Ici, le point de départ est un livre-disque, en l'occurrence l'excellent Bazar Circus de Carl Norac chez Didier Jeunesse (clef d'or ResMusica à sa sortie en 2013). L'histoire durait alors une grosse demi-heure et était accompagnée d'enregistrements historiques libres de droit ; le passage au format concert permet une amplification à tous égards : plus d'œuvres musicales, plus de temps (près d'une heure), et surtout une attention du public jamais en défaut grâce aux dessins en direct.
Juliette Barbanègre n'est pas l'illustratrice du livre, mais son dessin s'accorde très bien au texte de Carl Norac, avec ses traits à l'encre noire et ses simples rehauts d'aquarelle jaune et bleue, qui lui permettent de croquer avec rapidité les personnages et les situations, et de renforcer efficacement le côté burlesque mais aussi l'émotion. Il est fascinant de voir sur le grand écran en fond de scène se construire en direct ces scènes dessinées qui font contrepoint à l'histoire dite avec toute la verve et l'animation dont il est capable par Dominique Pinon. Comme galvanisé par la scène, celui-ci se lève, s'anime, s'accompagne de grands gestes, et fait profiter le public d'une déclamation bien plus énergique et galvanisante que pour le disque. Il est bien aidé en cela par la musique, joyeuse, valsante, parfois émouvante, qui s'accorde parfaitement bien avec l'histoire.
Ce mélange de tubes (Le Vol du bourdon de Rimsky-Korsakov, La Danse du sabre de Khatchatourian, la Valse n°2 de Chostakovitch…) et d'œuvres moins souvent données (le reste de la suite Gayaneh de Khatchatourian, la Suite de jazz n° 1 de Chostakovitch…) est interprété avec beaucoup de justesse par les 50 musiciens de l'Orchestre national d'Île-de-France. Aussi bien dans les solos (premier violon, trombone, bois) que dans les tutti, la réalisation est impeccable. Le jeune chef américano-canadien Kyrian Friedenberg ne se contente pas d'assurer la cohésion avec le comédien. Il soigne les nuances et veille à ne pas laisser retomber l'énergie, faisant de la musique plus qu'un simple accompagnement.
Le temps passe vite et le public, petits et grands, sort de ce Bazar circus réjoui et ragaillardi.
