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Louis Langrée : Triomphe de la musique française

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César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré. Ernest Chausson (1855-1899) : Symphonie en si bémol majeur op. 20. Orchestre Philharmonique de Liège, direction : Louis Langrée. 1 CD Accord 476 8069, enregistrement XI 2004, Salle Philharmonique de Liège. Livret bilingue (français et anglais) Durée 71, 34 min.

 
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Dans un marché frileux, qu'on dirait partagé entre les projets qui ne se font pas et la promotion par le marketing de fausses valeurs au look savamment étudié, il est réjouissant de constater que certains ont encore des projets discographiques utiles et enregistrent des disques qui ont une véritable chance de se faire une place parmi l'avalanche des nouveautés.

L'utilité de ce disque est d'abord de proposer enfin le couplage logique, mais inédit à notre connaissance, de deux symphonies sœurs et phares du répertoire français, créées à trois ans seulement d'intervalle, et dont l'influence de la première sur la seconde, en matière d'instrumentation, de structure, de couleurs notamment, est indéniable, était d'ailleurs un élève de Franck. Autre utilité de ce disque : renouveler la discographie finalement assez mince eu égard à sa notoriété de la Symphonie en ré de , quelque peu écrasée par les légendaires versions de Charles Munch à Boston (RCA), de Pierre Monteux à Chicago (RCA), et plus près de nous, de Léonard Bernstein avec l'Orchestre National de France (DG – Universal).

A la tête d'un orchestre qui joue dans son arbre généalogique ( est natif de Liège), se montre pleinement l'égal de ses grands anciens, par la grâce d'une direction tout en souplesse, en frémissement et en nervosité. Les attaques sont tranchantes et précises, l'allure est rapide mais souple, le souffle est puissant, les transitions sont conduites avec naturel, et le tissu orchestral est d'une rare transparence. Chaque mouvement de cette symphonie est à recommander : le premier, dont l'allegro, après un lento douloureux et inquiétant est mené avec une énergie farouche, le mouvement central, magnifique de mysticisme et de poésie, et le difficile final, attaqué à toute allure, d'une tension phénoménale, qui ne se relâche que dans le pianissimo de la fin. L'orchestre est d'une beauté superlative, avec des cordes lumineuses et chaleureuses, une harmonie franche et typée, des cuivres à la sonorité très fine, et un timbalier dynamique. Direction inspirée, orchestre en pleine gloire, tout concourt à faire de cette interprétation LA grande version moderne du chef-d'œuvre franckiste.

Paradoxalement, alors qu'elle est moins célèbre et nettement moins souvent jouée au concert que celle de Franck, la Symphonie en si bémol de Chausson bénéficie d'une discographie récente plus abondante, avec quelques versions notables depuis l'avènement du compact comme Armin Jordan avec Bâle (Apex), Yann Pascal Tortelier avec le BBC Philharmonic (Warner Classics) ou Charles Dutoit avec l'Orchestre Symphonique de Montréal (Decca). Toutes ces belles interprétations sont coiffées au poteau par cet enregistrement tant en matière de beauté orchestrale que d'inspiration du chef. Exemplaire de légèreté et de finesse, de clarté et d'individualisation des timbres et de discipline des pupitres, l'Orchestre Philharmonique de Liège est actuellement l'un des meilleurs au monde en matière d'interprétation de la musique française, et cette virtuosité de l'orchestre permet à d'imprimer un élan irrésistible à la partition, dans le premier mouvement surtout, animé d'une vitalité débordante et joyeuse. Grand mérite encore : le chef alsacien réussit à donner à l'exubérant final une cohérence et une logique que cette pièce qui peut sembler un peu décousue par endroit n'a pas toujours sous des baguettes moins inspirées.

Ce premier disque symphonique de est une réussite exemplaire, il contribue à enrichir la riche discographie récente de l'OPL : Jongen (Musique en Wallonie), Poulenc (RCA), Lalo (Cyprès), Schumann (Naïve), et concertos de Liszt (lire la chronique de notre collaborateur Laurent Duroselle), de Ravel et de Schulhoff avec Claire-Marie Le Guay chez Accord. Un disque à posséder par tout amoureux de la musique symphonique française.

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César Franck (1822-1890) : Symphonie en ré. Ernest Chausson (1855-1899) : Symphonie en si bémol majeur op. 20. Orchestre Philharmonique de Liège, direction : Louis Langrée. 1 CD Accord 476 8069, enregistrement XI 2004, Salle Philharmonique de Liège. Livret bilingue (français et anglais) Durée 71, 34 min.

 
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