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Superbe clavecin bien tempéré par Andreas Staier

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Le Clavier bien tempéré, livre II, BWV 870-893. Andreas Staier, clavecin Sidey et Bal (2004), copie de Albrecht Hass (1734). 2 CD Harmonia Mundi. Enregistrés en juin et juillet 2020 au Teldex Studio à Berlin (Allemagne). Texte de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 140:09

 
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Il fallait bien, à 66 ans, et avec la figure de maître du clavecin qui est désormais la sienne, qu' affronte au disque cet Himalaya que représente Le Clavier bien tempéré de Bach et en laisse sa vision personnelle.

Commencer par le Livre II, celui de Leipzig 1744 n'est pas significatif en soi, et on est heureux de savoir que le Livre I (Köthen 1722) est à paraitre bientôt. On sait que chacun des deux livres présente pour chacun des douze demi-tons de la gamme chromatique et un prélude, et une fugue, en mode majeur et mineur. Bach balaie ainsi toutes les couleurs de la gamme chromatique et répartit l'inventivité de son talent créateur immense sur tous les procédés contrapuntiques possibles.

La vision de Staier a ceci d'excitant qu'elle rajoute à cette architecture impressionnante une grande variété de caractères. C'est-à-dire qu'en jouant des registrations, des ornementations, des articulations (et aussi, disons-le, de la prise de son…), de profondeur et/ou de virtuosité, elle propose des « ambiances » différentes à chaque pièce, faisant de l'ensemble un éventail kaléidoscopique frais, imagé et plein de poésie. Par exemple, et sans aucun ordre, on peut entendre résonner une fanfare cuivrée dans le célèbre Prélude en ré majeur (BWV 874), et même un orage dans la Fugue en mi bémol majeur (BWV 876). La Fugue en mi majeur (BWV 878) frappe par sa monumentalité austère, après la réflexion libre et dégagée de son Prélude. Celui en fa dièse mineur (BWV 883) danse avec une légèreté de libellule et celui en sol majeur (BWV 884) s'emballe avec la fougue des grands commencements. Peut-être le trait est un peu forcé dans le premier Prélude en do majeur (BWV 870), où la main gauche s'embrouille dans un pseudo-chaos alors que la main droite semble en faire émerger la lumière de la mélodie, mais globalement, c'est la mesure, le bon chic et le bon genre qui prévalent dans cette tentative d'introduire un peu de fantaisie.

parvient effectivement à compenser le caractère intimidant de cette œuvre immense, étonnamment cérébrale et construite, par une inventivité d'images et une imagination très riches. La cathédrale sonore s'enrichit d'une météo de l'âme, faite de mouvements d'air ascendants et descendants, et de splendides couleurs projetées. Ce Livre II est incontestablement une très belle réussite, et il nous tarde de découvrir le Livre I.

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Le Clavier bien tempéré, livre II, BWV 870-893. Andreas Staier, clavecin Sidey et Bal (2004), copie de Albrecht Hass (1734). 2 CD Harmonia Mundi. Enregistrés en juin et juillet 2020 au Teldex Studio à Berlin (Allemagne). Texte de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 140:09

 
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